Depuis plus d’une décennie, le gouvernement nigérien procède, chaque année à l’occasion du mois de Ramadan, à un désarmement tarifaire sur certains produits de grande consommation comme le riz, le sucre, le lait, les farines et les huiles alimentaires. Une initiative qui vise à limiter la flambée des prix et permettre ainsi aux populations de se procurer ces produits de base à des prix raisonnables.
L’intention est bonne et même louable dans un pays laïc mais où 98% de la population, dit-on, est de confession musulmane. Mais, les bonnes intentions ne suffisent pas lorsqu’on a en face des acteurs pas tout à fait sérieux et honnêtes. En effet, à travers ce désarmement tarifaire, l’Etat ‘’perd’’ chaque année plus d’une dizaine de milliards de FCFA de taxes et impôts qu’il aurait dû prélever sur les importations des produits de grande consommation sus cités.
Malheureusement, les populations pour lesquelles l’Etat consent ces sacrifices ne profitent pas. E tpour cause, même si les gros importateurs disent éviter d’augmenter les prix, sur le marché, c’est une autre histoire, une autre réalité. A environ une semaine seulement du début de Ramadan, les prix ont commencé déjà à grimper. Les hausses les plus irrationnelles sont observées sur les légumes. A titre illustratif, le panier de tomates qui était jusqu’alors vendu entre 4000 et 5000 FCFA, a déjà atteint la barre de 8.500 FCFA. Même le sucre qui fait partie des produits pourtant objet de désarmement tarifaire augmente de prix passant de 900 ou 1000 FCFA le paquet d’1 kg à 1.200 FCFA dans certains commerces.
Et ce n’est que le début. Les choses ne feront que se compliquer pour les consommateurs, en particulier les ménages pauvres qui achètent presque tout en détail.
C’est pourquoi, dans ce contexte de libéralisation totale où le contrôle des prix peut s’apparenter à une entrave aux activités commerciales, le gouvernement doit réfléchir à une autre méthode pour aider les ménages vulnérables pendant cette période. Sinon, le désarmement tarifaire profite beaucoup plus aux commerçants véreux et autres importateurs indélicats qui profitent de ces mesures pour faire le plein de leurs entrepôts pour ensuite revendre les produits détaxés après le Ramadan. Une double perte : l’Etat s’abstient de prélever des taxes mais les populations achètent les produits plus chers. Les professions de foi des commerçants lors des rencontres avec le ministre de tutelle ne changent en rien la réalité des choses sur les marchés.
La vente directe du riz et du sucre par l’Office des produits vivriers du Niger (OPVN) est une alternative certes déjà en œuvre, mais qui mérite d’être amplifiée.
Siradji Sanda(onep)