Né vers 1962 à Dalweye dans le département de Tillabéry, Salou Oudou vit aujourd’hui à Balleyara avec une famille composée de 15 progénitures dont neuf (9) garçons et six (6) filles. Fils de cultivateur, Salou Oudou capitalise une riche expérience aussi bien dans le domaine de l’agriculture pluviale qu’au niveau des cultures de contre saison. Le département de Balleyara étant une zone où la nappe phréatique est peu profonde, Salou s’adonne depuis belle lurette dans cette zone de dallol aux cultures de contre saison. D’année en année, Salou se pose mille et une questions sur comment faire en sorte pour que les producteurs s’adaptent au changement climatique dont les conséquences affectent sévèrement les conditions de vie des populations nigériennes de manière générale et particulièrement la communauté de la commune rurale de Tagazar. Le sourire aux lèvres et toujours courtois, Salou s’intègre facilement dans cette ville carrefour (Balleyara) qui est d’ailleurs devenue le second terroir de ce producteur des temps modernes. Déterminé et engagé pour la promotion des cultures de contre saison dans un pays sahélien où les campagnes pluviales sont mauvaises une année sur deux, Salou expérimente sur un site de démonstration des cultures à double usage, la production du mil pendant la saison sèche. Vêtu de sa tenue de travail et d’un air euphorique qui le caractérise, Salou n’hésite pas à nous conduire dans son champ. L’homme aux lunettes monte aussitôt sur sa moto avec un sachet de glace pour le rafraichissement des agents qui travaillent dans son jardin et éventuellement pour les étrangers que nous sommes. On emprunte la route de Niamey. Après le poste de Police, on bifurque à gauche jusqu’au champ de Salou. C’est un jardin de 3 ha appartenant à un de ses amis qu’il exploite il y a déjà quelques années. Finalement, c’est un site de démonstration des cultures à double usage qui est situé à quelques encablures de la ville de Balleyara. Dans ce jardin qui est en passe de devenir la propriété de Salou, c’est une panoplie de produits maraichers qui est cultivée. Mais attention ! Pas n’importe quelles variétés de semences. Parce que Salou Oudou dit Maïga s’adapte à l’évolution du temps. ‘’ Nous sommes dans un pays sahélien où les effets du changement climatique doivent nous amener aussi à changer nos habitudes de production. Il est certes difficile de se débarrasser de la culture de certains produits ancrés dans les habitudes culturelles, mais nous devons voir en fonction des zones de production les variétés qui conviennent’’, nous confie Salou. Ayant compris les problèmes de l’agriculture nigérienne, Salou Oudou déploie son énergie dans les cultures de contre saison. ‘’ Je suis convaincu que la solution de notre autosuffisance alimentaire se trouve dans l’exploitation à grande échelle des sites dédiés aux cultures irriguées’’, a affirmé Maïga. Sur ce site de démonstration des cultures à double usage, Salou expérimente pour la première fois la variété du mil Satki en saison sèche. Cette variété de mil développée et vulgarisée par l’ICRISAT Sadoré. Mais, il n’y a pas que le mil dans ce jardin qui est un laboratoire de culture de contre saison. On peut aussi relever les variétés de haricot ; IT 98; TN78 ; le maïs PK Kolo ; l’oignon; le gombo ; l’ail ; le poivron ; le moringa; la tomate ; le manioc. Comme arbres fruitiers, on découvre dans le jardin de Salou des goyaviers ; des manguiers; des citronniers etc. S’agissant principalement du mil satki que Salou est en train de cultiver en saison sèche, c’est une variété dont le cycle de production est de 60 jours pour un rendement de 2,5 à 3 tonnes à l’hectare. Cette variété a un double avantage : la rapidité et son apport en vitamine surtout pour les enfants malnutris et les vieillards. Salou n’a pas de temps de repis parce qu’il travaille dans son jardin pendant toute saison. Toutes les saisons sont favorables à la production pour M. Salou. Selon lui, c’est le travail qui conditionne la liberté de l’homme. Grâce à cette activité, Salou réalise un chiffre d’affaires de 600.000 à 700.000FCFA par production. Tous les besoins de sa famille sont satisfaits à travers cette activité. Ce producteur qui a le réflexe d’un agronome a reçu plusieurs formations des services spécialisés tels que l’ICRISAT. FAO ; l’INCC ; ANPIP ; le Programme de Production Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) ; REGIS-ER etc. Par ailleurs, dans le cadre de la fête tournante de Tillabéri Tchandalo, la chambre régionale d’agriculture a organisé un concours sur la production dans la région de Tillabéry. Salou est classé premier à ce concours grâce à cette première expérience qu’il a mise au point à savoir la culture du mil Satki pendant la saison sèche. Le souhait le plus ardent de ce producteur est de faire en sorte que la culture de cette variété de mil en saison sèche fasse tâche d’huile sur l’ensemble du territoire nigérien. Les investissements d’irrigation et autres équipements dans ce jardin ont été réalisés sur fonds propres de Salou Oudou. Ce dernier appelle les producteurs nigériens de se lever pour apporter leur contribution dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, car dit-il, c’est en travaillant qu’on peut espérer avoir le soutien de l’Etat et de ses partenaires. En ce qui concerne l’Etat, Salou estime que celui-ci doit dans le cadre de l’initiative 3N soutenir et encourager les producteurs pour booster la production agricole. Le Niger ne saurait se développer si l’agriculture et surtout le volet cultures irriguées ne bénéficie pas d’investissements conséquents.
Par Hassane Daouda, (Envoyé Spécial)