A l’issue de sa réunion extraordinaire tenue à l’effet d’examiner la situation qui prévaut suite à la fermeture des frontières terrestres et à la suspension du courant électrique par le Nigeria sur instruction de son Président à la suite des évènements du 26 juillet 2023, le Collectif pour la Défense du Droit à l’Energie (CODDAE), a rendu publique hier matin à son siège une déclaration. Une sortie médiatique à travers laquelle les membres du CODDAE ont condamné la suspension de la fourniture de l’électricité par le Nigeria et demandé au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et au Gouvernement de transition de réfléchir à des solutions durables.
Dans cette déclaration, le Président du BEN/CODDAE, M. Moustapha Kadi Oumani a rappelé que depuis quatre (4) semaines des coupures d’électricité interviennent injustement dans toutes les régions du Niger. « Cette situation souligne deux aspects, tout aussi graves l’un comme l’autre sur un aspect purement commercial, il s’agit d’une rupture de contrat aussi illégale qu’immature pour un Etat moderne et symptomatique d’un Etat frère qui oublie les fondements de la tradition africaine et la parole donnée de ses devanciers », a-t-il affirmé.
Pour M. Moustapha Kadi Oumani, la suspension du courant électrique par le Nigeria est un acte totalement incompréhensible. « Ces sanctions insensées et assassines sont en violation flagrante du droit international. Elles restent illégales et humilient leurs auteurs car, démontrent leur égo surdimensionné, leur mépris et leur arrogance vis-à-vis des Nigériens. Ces sanctions auraient pu être risibles en reconnaissant que le problème actuel découle de plusieurs années de mauvaise gestion technique et financière de la Nigelec », a-t-il relevé.
Par la suite, le Président du BEN/CODDAE a ajouté que face à cette situation pour le moins irréaliste, la communauté internationale doit retenir que l’avenir du Niger appartient à son peuple. « Ces coupures d’électricité du Nigeria sont les conséquences logiques de la non réalisation du barrage de Kandadji sur le fleuve Niger qui serait doté d’une centrale électrique de 130 mégawatts, voire plus. Cette crise énergétique doit conduire les Nigériens à ne plus considérer l’électricité comme un simple produit de consommation mais comme un vecteur prioritaire dans l’amélioration des conditions de vie et de travail » dit-il.
Par ailleurs, le CODDAE a relevé que dans certains pays voisins, ce genre de situation se pose très rarement et dans un délai relativement court du fait de l’existence d’une organisation fiable du réseau électrique. Pour pallier le manque d’électricité, certains consommateurs se ruent sur des moyens de production à faible ou moyenne puissance dont des groupes électrogènes, des panneaux photovoltaïques, mais quels qu’ils soient, ce sont des produits très onéreux pour la majorité des Nigériens. « Il y a donc urgence à créer les conditions opérationnelles pour assurer la continuité et la régularité de la fourniture d’électricité en attendant l’aboutissement des projets Kandadji en construction, la centrale thermique à charbon de Salkadamna et les futurs chantiers d’énergies renouvelables, sans oublier le secteur de l’éolien qui a des conditions favorables au Niger » a estimé le Président du BEN/CODDAE.
Aussi, pour le CODDAE, cette crise énergétique provoquée par la CEDEAO, en violation de ses propres textes, est injuste car, le droit à l’énergie est prescrit dans les Principes Directeurs des consommateurs adoptés par les Nations Unies. « C’est pourquoi, le CODDAE demande au CNSP et au Gouvernement de transition de convoquer une grande réunion pour se pencher sur la question de la fourniture d’énergie électrique. En matière d’énergie électrique, la solution technique demande beaucoup de temps et de moyens», a-t-il indiqué.
Yacine Hassane (ONEP)