Les jours du marché ont une particularité dans les zones rurales. Très tôt le matin, c’est une véritable ambiance qui se crée dans les marché. Et pour cause, l’arrivée des marchands, les principaux acteurs du marché. Parmi ces acteurs, il y a beaucoup de femmes vendeuses de bottes de feuilles de palmier doum et des produits tissés à base de feuilles de palmier, notamment des paniers, des chapeaux, des éventails, des cordes, des nattes, etc. En effet, ce jour dimanche 24 avril 2022, à 6 H exactement, un groupe de femmes venues du village de M’Bama, transportant des feuilles de palmier doum et divers produits vient d’arriver au Marché de Balleyara. A leur tête, Moumey Makhamay, une dame âgée de 50 ans. Visiblement, elles sont pressées d’aller s’installer dans le marché. Malgré le poids de son âge, Moumey, à l’image de ses sœurs, a sur sa tête un lot bien ‘’emballé’’ de chapeaux et des éventails confectionnés à base des feuilles de ‘’hyphaene thebaica’’. Elles vendent les articles, achètent des feuilles de palmier avec le capital et épargnent le bénéfice.
Selon Moumey Makhamay, le marché de Balleyara constitue une référence pour les commerçants de la filière de commercialisation des feuilles de ‘’hyphaene thebaica’’. Le jour du marché est une occasion d’or pour les acteurs de ladite filière à cause de la disponibilité de la matière. « Nous avons quitté chez nous à 4H du matin pour nous rendre au marché très tôt. Le trajet entre mon village et ce marché est devenu une routine pour nous. Je ne rate aucun jour du marché. J’achète encore les feuilles de palmier doum pour pouvoir confectionner d’autres chapeaux durant la semaine. Comme nous avons d’autres tâches ménagères, je demande à mes deux enfants de me donner un coup de mains. Chacun peut confectionner deux à trois chapeaux par jour. Ce qui fait que chaque jour du marché on a un lot à écouler » a affirmé Moumey Makhamay.
La filière ou le ‘’circuit’’ de la commercialisation des feuilles de ‘’hyphaene thebaica’’ est très bien organisée. Et les femmes se retrouvent et tirent leur épingle du jeu à tous les niveaux. « Ces feuilles de palmier doum ont une grande importance économique, socioculturelle et écologique dans notre société. Nous sommes très actives dans ce secteur. Nous utilisons ces feuilles pour fabriquer de nombreux objets artisanaux, telles que des cordes, des nattes, etc. » a témoigné Balkicha Ahmad, une confectionneuse de nattes.
Depuis près de 20 ans, Fourera Seyni vit exclusivement de la vente de feuilles de palmier doum. « J’ai les bonnes feuilles de palmier doum. C’est la variété de la zone de Belindé, le Boboye, etc. Le palmier est disponible partout dans la brousse. Quelle qu’en soit la quantité que j’amène au marché, je vais l’écouler sans aucune difficulté. Je ne confectionne pas des articles, mais je revends les feuilles aux femmes confectionneuses. Et vraiment on gagne beaucoup d’argent dans la vente de ce produit. C’est avec l’argent que je gagne dans cette activité que je couvre tous mes besoins, notamment l’achat des vivres, d’habits de fête pour les enfants, etc. J’achète les bandes de feuilles pour en faire des bottes que je revends à 5000F CFA. Celles qui s’approvisionnent ici utilisent ces feuilles pour la confection de divers articles. Le jour du marché, je vends 400 bottes de bandes de feuilles » a-t-elle dit.
Les nattes nouvellement confectionnées sont exposées dans plusieurs compartiments du marché. La vente de ces nattes Djattou Hamma en a fait son métier, elle les achète auprès des fabricants et les revende encore. « J’achète les nattes à 300F CFA pour les revendre à 350F CFA ou 400F CFA. On ne gagne pas assez. On fait juste pour ne pas rester à ne rien faire. Mes clients viennent principalement de Niamey. Chaque jour du marché, j’arrive à vendre un lot de 30 voire 40 nattes. Et sur chaque unité, j’ai au minimum 50F CFA. Mais il y a des jours où on n’arrive même pas à vendre une seule unité » a expliqué Djattou Hamma.
Souleymane Adamou est un jeune âgé de 20 ans, natif de Simiri. Il assure le transport des feuilles de palmier doum sur sa charrette depuis plus d’un an. « Je transporte les feuilles de palmier doum sur ma charrette. Je prends la botte à 50F CFA. Et chaque jour, je transporte les produits despalmiers doum à destination de plusieurs villages environnants. Je préfère transporter les feuilles de palmier car c’est un produit qui pèse pas lourd. Et vraiment on gagne petit à petit » précise le jeune Souleymane.
Nous n’avons pas vu le processus de confection, mais on peut sans risque de se tromper dire que les techniques restent toujours artisanales. La présence de ces feuilles sur le marché donne une idée de la manière dont les femmes exploitent le ’’hyphaene thebaica’’ à Balleyara.
Par Abdoul-Aziz Ibrahim(onep), Envoyé Spécial