
Seuls quelques rares grossistes en ont et pas en tout temps
Le 14 octobre 2024, le Chef de l’État, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, a signé une ordonnance déterminant le régime fiscal dérogatoire applicable aux activités d’importation, de production et de commercialisation du ciment gris CEM II 32.5 au Niger. Ainsi, au terme de cette ordonnance, le prix de la tonne de ciment est désormais de: 55 000 F CFA à Niamey ; 56 000 F CFA à Dosso ; 51 000 F CFA à Tahoua ; 57 000 F CFA à Maradi ; 58 000 F CFA à Zinder ; 59 000 F CFA à Diffa, Agadez et à Tillabéri.
Mais, dans la ville de Niamey, depuis l’entrée en vigueur de la mesure sur la réduction du prix de la tonne du ciment 32.5, ce produit fortement recherché par la population se fait rare. Chez les détaillants comme chez les grossistes, les magasins sont vides. En quelques endroits on trouve du ciment 42.5 moins sollicité. Cette situation s’explique par le refus et ou l’arrêt par certains grossistes de la commercialisation du ciment 32.5. L’argument avancé par ces derniers est la cherté du coût du transport de la tonne des usines MCC de Malbaza et MANGO ciment de Badaguichiri aux points de vente qui ne leur permet pas de revendre la tonne à 55.000 FCFA. D’après les constats et les plaintes des populations, chez quelques vendeurs où l’on peut trouver ce produit, la tonne se revend clandestinement à 60.000 FCFA, voire 65.000 FCFA, frais de livraison inclus.
Pour les revendeurs de ciment, en l’occurrence les grossistes, les raisons de cette rareté du ciment 32.5 sont toutes autres. Premièrement, selon M. Bello, un grossiste situé au quartier Abidjan, la décision de réduire les prix est une bonne chose, si seulement l’usine arrivait à livrer la marchandise dans les temps. D’après ses explications, quand ils achètent à l’usine cinq cents tonnes de ciment, le produit doit être livré par les camions de l’usine à hauteur de 8.000 francs FCFA la tonne, mais malheureusement, fustige-t-il, le ciment n’est pas livré dans les délais, car il faut une à deux semaines pour qu’il reçoive un camion.
Ainsi, l’alternative qui s’offre à eux pour l’acheminement de leur produit est de faire recours à d’autres transporteurs qui, d’ailleurs, dénonce-t-il, prennent la somme de 14.000 ou 15.000 FCFA par tonne. C’est pour cela, dit-il, que la plupart des grossistes ont cessé de commander du ciment, car ils roulent à perte. D’où la ruée des clients lorsque les camions arrivent. La conséquence, comme il l’a indiqué, est la réticence des grossistes à investir, parce qu’ils n’arrivent pas à dégager de bénéfices et le prix de 8.000 francs CFA fixé par tonne n’est pas appliqué par les transporteurs.
Pour M. Bello, l’État doit prendre des dispositions pour que l’usine puisse livrer la marchandise, car c’est la meilleure manière pour eux d’avoir la tonne à 53.000 francs jusqu’à Niamey, donc d’avoir une marge de bénéfices.
Selon un autre grossiste du quartier Boukoki qui a requis l’anonymat, leur souhait est que l’État appelle leurs leaders pour que des décisions consensuelles soient prises. Il reproche au ministère d’avoir pris des décisions sans leur participation. Il dénonce également la mesure du ministère en charge du commerce qui consiste à prendre les documents du camion à l’entrée de la ville, car ils n’ont aucun droit d’ouvrir le camion sans que les agents du ministère ne soient là. Ces agents, dit-il, sont insuffisants pour toute la ville de Niamey et viennent des fois 5 à 6 h après l’arrivée du camion. Pour ces commerçants, les choses doivent être revues surtout concernant le transport.
La fixation du prix du transport de la tonne, un accord non respecté
Selon le Secrétaire général du Syndicat Démocratique des Routiers du Niger (SDRN), M. Almou Yacouba, il est important de faire la nuance entre les syndicats et les propriétaires des camions. Pour lui, l’erreur s’est produite lorsque les syndicats sont partis représenter les propriétaires et ont pris des décisions en leur nom sans les concerter au préalable. C’est donc cette démarche maladroite, soutient-il, qui a créé l’incompréhension entre les propriétaires de camions et les syndicats.
Pour trouver une solution au problème de cette pénurie, il propose à l’État du Niger de retourner à la table des négociations avec les véritables concernés, ceux-là qui ont les capacités de transporter le ciment afin d’aboutir à un protocole d’accord viable qui pourrait avoir un impact, parce que, dans les faits, la tonne n’est pas transportée à huit mille francs et les commerçants sont réduits à négocier avec les propriétaires des camions.
Hamissou Yahaya (ONEP)