Dosso abrite depuis hier un atelier de formation des avocats stagiaires et jeunes avocats sur les procédures judiciaires devant la cour de justice de la CEDEAO et la cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Organisé par l’association TIMIDRIA avec le concours financier du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, cet atelier de trois jours vise à contribuer à la formation des jeunes avocats sur les questions de l’esclavage et les pratiques analogues à l’esclavage devant les juridictions régionales et internationales pour qu’ils les intègrent dans leurs stratégies de défense. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le secrétaire général de TIMIDRIA, en présence de M. Ismaïl Kane représentant le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme.
L’association TIMIDRIA a pour objectif principal la lutte contre toutes les formes d’esclavage et de discrimination au Niger. La présente formation permettra aux jeunes avocats d’acquérir le réflexe d’inclure dans leurs stratégies de défense la saisine des juridictions régionales ou internationales lorsque des cas d’esclavage et de discrimination n’ont pas eu des réponses judiciaires adéquates au Niger.
Même si le Niger fait partie des pays ayant ratifié le Protocole portant Statut de la Cour africaine de justice et des droits, il n’a pas encore signé la Déclaration prévue à l’article 34 (6) du Protocole relatif à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des peuples portant création d’une Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples. C’est cette déclaration qui permettrait aux citoyens nigériens, personnes physiques et personnes morales de la saisir. Mais la signature de ladite déclaration est un acte politique qui peut intervenir à tout moment au Niger, d’où l’intérêt de former les jeunes avocats sur les procédures et les compétences de cette cour.
Dans le discours qu’il a prononcé à l’ouverture des travaux le secrétaire général de l’association TIMIDRIA, M. Ali Bouzou a indiqué que cette formation est la dernière à être planifiée dans le programme que TIMIDRIA a avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme et cela est une opportunité pour l’association de tirer profit des enseignements qui seront dispensés.
Après avoir rappelé les différentes formations qui ont eu lieu grâce à l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme, M. Ali Bouzou a relevé que l’esclavage est une question trop complexe au Niger et qu’au niveau des juridictions et même au niveau des plaidoiries, il n’y a pas d’avocat qui peut la prendre en charge. Pire, a-t-il souligné, rares sont ceux qui maîtrisent la question de l’esclavage. C’est pourquoi, a-t-il affirmé, il est important que les avocats qui vont sortir dans quelques années aient une connaissance du phénomène de l’esclavage en vue d’être capables d’assister les victimes devant les cours. A titre d’exemple, de 2003 à aujourd’hui, TIMIDRIA a déposé 101 plaintes sur l’esclavage dont 56 poursuites. Et sur ces 56 poursuites il y a eu seulement 6 condamnations. Le secrétaire général de TIMIDRIA a remercié le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme pour l’appui constant qu’il ne cesse d’apporter à l’association tout en souhaitant que ce partenariat se poursuive.
Mahamane Amadou ANP-ONEP/Dosso