Le 1er octobre prochain, les élèves des écoles primaires vont reprendre le chemin de l’école. Cette rentrée scolaire 2018-2019 s’annonce sous des auspices des réformes initiées par les Autorités de la 7ème République. Le ministre de l’Enseignement primaire, de l’Alphabétisation, de la Promotion des langues nationales et de l’Education Civique, M. Douada Mamadou Marthé, a apporté des précisions sur ces réformes.
Monsieur le ministre, la rentrée scolaire 2018-2019 c’est dans quelques jours. Peut-on savoir les dispositions prises, sur le plan national, par votre Ministère pour une bonne rentrée scolaire?
Des dispositions sont prises, d’abord par l’envoi des fournitures scolaires au niveau de toutes les régions. Nous avons aussi procédé aux affectations inter-régionales des enseignants. Nous avons également pris d’autres décisions pour que des nouvelles inspections soient créées, c’est une centaine d’inspections qui ont été créées, dans le cadre du transfert des compétences et de la décentralisation, où il a été prévu une inspection par commune, en respectant les dispositions qui exigent un minimum de trente (30) écoles et entre 50 à 60 enseignants, pour créer une inspection. Ainsi, c’est pour dire que nous sommes à pied d’œuvre pour que la rentrée scolaire se fasse sans difficultés. Dans ce cadre, j’ai rencontré, ici à Niamey tous les Directeurs régionaux de l’éducation, auxquels j’ai confié un certain nombre de tâches à exécuter avant la rentrée. Nous avons aussi envoyé des missions mixtes, composées des agents du Ministère de l’Enseignement primaire, des associations actives dans le secteur de l’Education, des syndicats, dans toutes les régions du Niger. J’ai aussi personnellement rencontré tout ce beau monde pour lui dire comment la rentrée va se faire. Je puis vous assurer qu’actuellement tous les maires ont la liste exacte des écoles qui sont sous leurs responsabilités. Tous les inspecteurs ont aussi la même liste, ils ont aussi la liste de tous les enseignants contractuels, qu’ils ont trouvés. Donc la première des choses, il faut un contact imminent et immédiat entre les maires et les inspecteurs pour mettre en place un cadre harmonieux de travail. Ainsi, j’ai demandé et je le réitère ici à l’endroit de tous les inspecteurs de l’éducation qu’ils prennent attache avec les maires pour se comprendre et pour voir comment leurs relations, leur travail et particulièrement comment cette rentrée scolaire se feront avec beaucoup plus d’harmonie.
En janvier dernier, le gouvernement a adopté en Conseil des ministres le décret portant adoption du Plan de transfert de compétences et des ressources de l’Etat aux communes et aux régions pour la période 2018-2021, dans certains secteurs prioritaires dont celui de l’Education. Qu’est ce qui justifie cette décision et où en sommes-nous par rapport à son application ?
Le transfert de compétences et des ressources de l’Etat aux communes et aux régions est l’expression d’une volonté politique forte des Autorités de la République dans le cadre de la décentralisation et c’est pour nous une excellente chose qui permettra de partager nos responsabilités avec les communes, qui sont, en réalité, les structures les plus proches de l’école. Si par exemple, au niveau d’une commune, si tant est que c’est le Ministère qui va constater la présence ou l’absence d’un enseignant ou de celles d’un élève ou encore s’il s’agit de la construction d’une école ou d’une classe, nous ne pouvons que faire des hypothèses de travail. Parfois nos structures qui vont sur le terrain n’ont pas la maîtrise totale de tous ces aspects. Or, un maire, en tant qu’élu local, a toutes les compétences pour mieux connaître et maîtriser ces questions. C’est donc une sorte de partage des responsabilités entre les maires et l’administration, de façon qu’il y ait un bon fonctionnement et suivi de notre système éducatif. Nous avons près de 19.000 écoles au Niger, à partir de cet instant, il nous faut donc une administration de proximité pour que notre système éducatif redémarre. Par rapport à l’aspect du Plan de transfert de compétences et des ressources de l’Etat aux communes et aux régions, la question qui va immédiatement se poser est celle de la signature des contrats. Tous les enseignants contractuels qui sont dans notre système éducatif, à partir du 1er octobre 2018, vont signer des nouveaux contrats. Contrats qui les rattachent à la Mairie. Donc nous leur demandons urgemment de prendre attache avec les maires pour qu’ils signent ces nouveaux contrats, non pas sur le champ, car le processus peut prendre deux à trois mois. A cet effet, un planning sera fait entre les inspecteurs et les maires, c’est un dispositif interne, pour programmer et savoir pour telle école ce sera à telle date, etc. donc des nouveaux contrats seront signés en 4 exemplaires. Un pour l’enseignant, un destiné à l’inspection, un pour la Mairie et enfin un pour le Ministère. Dans tous les cas même en situation normale c’est cette procédure qui est appliquée. Cependant, il y a le cas des enseignants titulaires, ces derniers ne signent pas de contrats. Ils sont concernés par un acte du préfet du département où se trouve la commune, qui, par décision désigne que tels et tels enseignants sont mis à la disposition de telle commune. Par exemple, le préfet de Kollo, peut dire, les 20 enseignants qui figurent sur cet acte ou sur la décision exerça à N’Dounga sont mis à la disposition de la commune de N’Dounga. Seul lui peut le faire maintenant, il revient au maire, à partir de cet instant, de procéder à l’affectation de ces enseignants titulaires. La même chose pour les agents contractuels, tous les actes administratifs que les préfets ont signés avant, que ce soit les affectations, les nominations des directeurs, tout cela devient caduque. Donc il faut maintenant que le maire prenne un acte, même si c’est pour confirmer un enseignant à son poste. Il faut un nouvel acte, par exemple, pour dire qu’un tel enseignant qui était à N’Dounga est encore confirmé à N’Dounga et changer de commune s’il est affecté ailleurs. Quoi qu’il en soit, même pour un directeur il faut ce nouvel acte. Donc même pour les titulaires il faut des nouveaux actes. Ainsi, aussi bien pour les enseignants contractuels que pour les titulaires il faut des nouveaux actes pour les nommer ou pour les affecter. C’est donc désormais les maires qui font les affectations ou les confirmations, c’est aussi eux qui nomment les directeurs d’écoles même si c’est pour confirmer et c’est eux aussi qui vont créer les écoles. Le décret 2000-457/PRN/MEP du 8 décembre 2000, stipule les conditions de la création d’une école. Après la création de l’école, le maire nous fait, avec l’inspecteur le compte rendu. Les maires, les inspecteurs et les directeurs font donc le recrutement, les affectations, la construction de classes, les transports et la gestion des fournitures. Mais le maire n’a le pouvoir d’affectation qu’au niveau de sa commune, donc il ne peut pas affecter un enseignant d’une commune à une autre. Par contre, le préfet lui, peut mettre des enseignants à disposition d’une commune à une autre. Le Gouverneur peut lui, à son tour, mettre à disposition des enseignants d’un département à un autre, c’est que le préfet et le maire ne peuvent pas faire.
Monsieur le ministre, pensez-vous que nos communes et nos régions ont les moyens pour réussir ce transfert de compétences, surtout quand on sait que certaines communes ne sont pas viables ?
Ce n’est pas une question de viabilité seulement. Car en fait, la commune n’a pas en tant que telle la responsabilité, par exemple, de faire un financement pour l’instant de grande envergure. Il y a des compétences précises qui leur sont reconnues et définies. Il y a des textes qui explicitent ce que le maire doit faire. Par exemple, la construction, l’équipement et l’entretien des infrastructures scolaires; l’acquisition et la gestion de fournitures, l’élaboration de la carte scolaire ainsi que le recrutement et la gestion de contractuels. En vérité, on restera dans le même schéma que nous avons actuellement, à la seule différence qu’il y a des points précis où les maires doivent agir. Par exemple, concernant la construction des classes. Ce n’est pas qu’ils vont construire ces classes mais c’est à eux de faire la passation des marchés, or à l’état actuel des choses, c’est le Gouverneur qui signe les marchés au niveau local ou régional. Donc au lieu que le Gouverneur signe le contrat de la construction d’une classe, c’est maintenant au maire de le faire. Et le paiement ne se fera pas par le budget de la commune, mais par l’agent spécial donc le responsable financier au niveau du département. Donc on ne donnera pas les biens de l’Etat aux communes, en tant que tel mais plutôt on donnera la responsabilité d’attribution des marchés aux maires et les paiements se feront par les responsables financiers départementaux. Concernant les salaires des enseignants titulaires et des contractuels, à l’état actuel des choses, les états de paiement sont signés par les inspecteurs et les préfets. A partir de décembre 2018 ou janvier 2019, certes les inspecteurs garderont leur signature, au lieu que les préfets signent c’est aux maires d’apposer leurs signature sur ces états de paiement et ce paiement se fera toujours au niveau des départements. Si on continuait de payer par billetage, il y aura à termes des problèmes. C’est donc pour qu’il n’y ait pas de confusion que nous allons demander à tous les enseignants du Niger, titulaires comme contractuels, d’ouvrir un compte. Ainsi, automatiquement, de la même manière que moi fonctionnaire je suis payé à travers mon compte bancaire, l’enseignant, contractuel ou titulaire, quelle que soit sa localité, le sera aussi par l’entremise d’une banque…
…Et dans les localités où les banques n’existent pas ?
A ce niveau c’est des mutuelles qui s’en chargent. Par exemple, à un certain moment nombreux sont les contractuels qui étaient à Asusu, maintenant nous sommes en train de négocier avec Al-Izza et Nita qui sont des agences de transfert d’argent, et qui sont beaucoup plus déconcentrées et implantées un peu partout sur notre vaste territoire, pour que ces enseignants puissent, à travers ces mutuelles et ces structures, accéder à leurs salaires et pécules et que la répartition se fasse sans accroc. Surtout qu’il y a la question de la gestion de temps scolaire. Certains enseignants, pour chercher leurs salaires prennent jusqu’à 15 jours. Souvent ils arrivent à l’endroit où ils doivent percevoir les salaires et on leur dit qu’il n’y pas de disponibilité financière. Ce qui prolonge la durée d’attente. C’est aussi pour éviter ces genres de désagrément que nous avons pris des mesures, pour qu’au même moment que le paiement des fonctionnaires se fait dans les banques, qu’aussi ces enseignants, contractuels et titulaires soient payés par ces
mutuelles et ces agences de transfert d’argent.
L’année scolaire 2017-2018 a été caractérisée notamment par un important redéploiement des enseignants contractuels hors de Niamey. Redéploiement qui continue d’ailleurs et qui fait beaucoup parler de lui. Où en est-on sur cette question ?
Ces redéploiements entrent dans le cadre d’une gestion rationnelle du personnel. On s’est retrouvé, dans les centres villes avec beaucoup d’enseignants, certaines classes enregistrent des surplus d’enseignants alors que dans certaines localités vous avez des écoles qui n’ont pas suffisamment de maîtres. A Niamey par exemple, nous avons enregistré 3.800 enseignants en surnombre. Des régions comme Tillabéry, Tahoua et Dosso avaient un besoin. Nous avons aussi constaté qu’à Niamey il y avait plus de femmes en surnombre et surtout elles ne tenaient pas de classes. Nous avons donc décidé de les redéployer, en attendent que nous réfléchissions et trouvions une solution. Nous avons donc affecté environ un millier de ces contractuels hommes comme femmes. Ils ont été principalement redéployés à Dosso, Tillabéry et Tahoua. Au cours de ces vacances, nous avons fait le point. Pour essayer de rapprocher les épouses de leurs maris et de leurs enfants. Nous avons donc essayé de faire une réorganisation au niveau de Niamey. Ainsi, 126 secteurs pédagogiques ont été créés qui seront dirigés par des Conseillers pédagogiques et des inspecteurs faisant fonction. A ces secteurs pédagogiques nous allons envoyer 2 à 3 anciens enseignants ayant des numéros matricules tournant entre 50 à 60.000, car on pense qu’ils sont les plus expérimentés. Nous allons leur apporter une formation en encadrement et c’est eux qui vont servir d’encadreurs des nouveaux enseignants qui seraient sur le terrain, particulièrement à Niamey. Avec ce processus, nous allons créer un besoin à Niamey. Si nous arrivons à créer un besoin de 200 voire 300 postes, nous allons ramener certaines femmes mariées à Niamey. Les autres, nous allons là aussi fait le point pour essayer de ramener certaines dans la périphérie de Niamey. Au niveau de cette périphérie, nous avons créé l’inspection de Liboré, N’Dounga, Bitinkodji, Kollo, Karma et Hamdallaye. Nous avons affecté quelques 400 enseignants à affecter au niveau de cette périphérie et cela juste pour faire venir les femmes mariées redéployées à Tahoua, Dosso et Tillabéry. C’est pour dire, qu’en tous cas, nous sommes en train de prendre toutes les mesures nécessaires pour ramener ces femmes auprès de leurs enfants et de leurs époux.
Réalisée par par Mahamadou Diallo