Plus de la moitié de la population nigériennes est constituée des enfants et le taux de scolarisation reste très bas, en particulier chez les enfants handicapés selon l’ONG Handicap International. En effet, seulement 3,7% d’enfants handicapés vont à l’école en 2022, selon la chargée de la promotion de la femme à la Fédération Nigérienne des Personnes Handicapées (FNPH), Mme Kadidja Moumouni. Pour rehausser ce taux de scolarisation de ces enfants afin de garantir leur épanouissement, leurs droits et leur protection, les pouvoirs publics ont créé, avec l’appui des Organisations Non Gouvernementales, des écoles et internats pour les enfants en situation de handicap afin de permettre l’inclusion de ces derniers au sein de la société.
C’est le cas de l’école pour sourds Hassane Banâ Bâ créée par l’Association des Sourds du Niger (ASN) en 1981 et qui accueille et éduque les enfants atteints de handicap auditif à Niamey. Il existe également deux écoles en régions principalement à Maradi et Zinder.
Selon le directeur par intérim de l’école, M. Mamane Saadou, c’est au total 181 élèves qui y sont inscrits cette année dont 65 filles. L’école est composée de 7 classes pour le primaire doté de 7 enseignants et un bâtiment pour les études secondaires dénommé ‘’collège inclusif’’. Pour cette année, l’école compte 28 élèves pour la classe de CM2 dont 8 filles. Cette école spécialisée enseigne uniquement la langue des signes. Cependant, l’école est confrontée à quelques difficultés liées à l’enseignement et à l’apprentissage des enfants car, les enseignants manquent de formations rigoureuses et régulières. En effet, l’école organise de petites formations deux fois par mois à l’endroit des enseignants (CAPED) mais, ces dernières sont insuffisantes.
Aussi, l’apprentissage de chaque enfant est unique et les enfants ont chacun un handicap différent et certains d’entre eux présentent un multi-handicap. « Dans une salle de classe, on peut avoir un enfant muet, un enfant malentendant, un sourd-muet, un enfant présentant en dehors de son handicap, des problèmes physiques ou visuels », souligne-t-il. À cette situation difficile s’ajoutent une insuffisance d’enseignants, une insuffisance des financements pour les formations, tant du gouvernement que des partenaires, une insuffisance des salles de classe vue l’effectif des enseignants, le manque de manuels spécialisés pour l’apprentissage de la langue des signes et l’insuffisance de la vulgarisation du langage muet.
Enfin, M. Mamane Saadou a lancé un appel à l’endroit des autorités et des partenaires pour promouvoir l’éducation et l’inclusion des enfants handicapés. « L’État doit promouvoir la langue des signes et assurer sa vulgarisation sur l’ensemble du territoire national. Le système éducatif nigérien doit également intégrer et initier la formation en langue des signes et en braille dans toutes les écoles et assurer la prise en charge des enfants après l’école primaire. Quant aux partenaires, nous demandons des financements pour renforcer les capacités des enseignants afin que ces derniers soient bien formés », a-t-il dit. Un handicap ne devrait pas être source de jugement ou de mépris de l’autre. Chaque enfant mérite de jouir de tous ses droits et de s’épanouir au sein de la société. Comme le soutient l’association Kemil & ses amis, «C’est dans la différence que se cultive l’intelligence».
Une population à forte dominance jeune
La population du Niger est estimée à 26.062.585 habitants au 1er juillet 2023 selon les projections démographiques 2012-2024 de l’Institut National de la Statistique (INS). Les jeunes de moins de 18 ans constituent la plus grande part de la population, soit 58,2%. Parmi ces jeunes, 80% des enfants ont subi une discipline violente, seulement 6 enfants sur 10 ont un certificat de naissance et 28% des filles sont mariées avant 15 ans et 76% avant 18 ans selon l’UNICEF.
L’enfance est la période de la vie humaine qui va de la naissance à l’adolescence. Pendant cette période, chaque enfant traverse une phase de développement humain, physique et mentale. Jouer, rire, courir, voir, goûter, crier ou même pleurer, font partie de toutes les caractéristiques qui font d’un enfant, un être épanoui. Chaque enfant a droit à une éducation, à la chaleur d’un foyer et à un amour inconditionnel.
Massaouda Abdou Ibrahim (ONEP)