Au Niger, les personnes atteintes de handicap visuel sont confrontées à des difficultés pour poursuivre le cycle normal dans plusieurs écoles du Niger. Même doté d’une intelligence avérée, le non-voyant n’a pas les mêmes chances d’étudier que les autres enfants de son âge à cause de son infirmité. Dans plusieurs écoles, les infrastructures ne sont pas adaptées aux conditions des handicapés. Cet état de fait amène la plupart d’entre eux à abandonner l’école pour souvent s’adonner à la mendicité. Fort heureusement, certaines structures tentent de faire l’impossible pour cette catégorie de personnes avec le peu de moyens dont elles disposent. C’est le cas de l’école « Soli Abdourahmane » de Niamey qui accueille depuis 44 ans les enfants aveugles et malvoyants de toutes les régions du Niger. Cette école, située à Niamey au quartier Yantala haut, à côté de l’ex cinéma HD, offre une chance d’apprentissage, mais aussi de réussite à ses élèves, pour la plupart rejetés par le système classique.
L’Ecole Soli Abdourahamane, initialement appelée «Ecole Nyyaa des jeunes aveugles», a ouvert ses portes le 16 février 1979 à Niamey à l’initiative de l’Association Nigérienne pour la Promotion des Aveugles (ANPA) devenue Union Nationale des Aveugles du Niger (UNAN) le 20 septembre 1988. Selon le Président de l’Union Nationale des Aveugles du Niger M. Abdou Nouhou, cette école pour jeunes aveugles porte ce nom en l’honneur de son fondateur qui fût lui- même non-voyant. C’est un établissement de cycle de base I accueillant uniquement des enfants déficients visuels (non-voyants et malvoyants) donc c’est un établissement de type spécial. Elle a pour objectif d’assurer l’instruction publique, l’éducation et la formation professionnelle des jeunes non-voyants. Avec sous sa gestion, cette année, 105 élèves majoritairement des filles, cette école fonctionne en Internat et Externat. Elle endosse la lourde responsabilité d’être garante de l’éducation, la socialisation, la santé et le bien-être des enfants vivant avec ce handicap.
Selon les explications de M. Abdou Nouhou, les enfants sont scolarisés dans l’enceinte même du centre qui leur fournit tout l’enseignement de base de la maternelle au CM2. « Dans cette école on enseigne aux enfants le braille, le coran, et l’informatique afin que les enfants écrivent sur un ordinateur comme les enfants ‘’normaux’’» a-t-il précisé. Au niveau primaire, a-t-il ajouté, les élèves reçoivent un enseignement spécialisé à 100% braille, technique de mobilité et d’orientation activités de la vie courante. S’agissant du niveau secondaire, tous les élèves handicapés du premier et second cycle fréquentent les collèges et lycées ordinaires et les Université.
Le Président de l’Union Nationale des Aveugles du Niger, M. Abdou Nouhou a noté fièrement que de cet institut sont sortis des artisans et des spécialistes dans divers domaines. Et d’autres jeunes aveugles qui, après leurs études universitaires, sont devenus des juristes, des enseignants, des sociologues, des psychologues, des informaticiens, des kinésithérapeutes etc. Ces résultats démontrent l’efficacité de l’éducation spéciale, a-t-il relevé.
Plusieurs difficultés font que cette école peine à continuer ses activités
Selon le Président M. Abdou Nouhou, la quasi-totalité des enfants de cette école proviennent de familles démunies ; elle a donc besoin de fonds de fonctionnement relativement important, a-t-il relevé. Au rang de ces difficultés, M. Abdou Nouhou a confié que les contraintes sont multiples et multiformes. Il y a d’abord le problème de mentalités de certains parents, pour recueillir les enfants, a-t-il dit. Des sensibilisations sont faites à l’endroit des parents afin de pouvoir récupérer leurs enfants. « Jusqu’à présent, il y a des parents qui pensent que quand on est aveugle on doit juste donner un bâton à la personne et lui apprendre à mendier » a-t-il déploré. Aussi, « certains parents se déchargent de leur responsabilité une fois que l’école accepte l’enfant. Bon débarras, se disent-ils. Ils ignorent que cette attitude peut jouer contre le bien être, l’épanouissement et les études de l’enfant».
Pour cela, a-t-il souligné, pour que les enfants ne se sentent pas abandonnés par leurs parents, l’école demande parfois à certains parents qui ont les moyens, de venir récupérer leurs enfants pour les weekends, congés et vacances. S’agissant, de la prise en charge, M. Abdou Nouhou a indiqué que l’école dépense en moyenne 200.000 FCFA par mois dans l’achat de condiment seulement, alors que la subvention que l’Etat donne est de 500.000 FCFA par trimestre. Il a, par ailleurs précisé que l’Etat met à la disposition de l’Ecole des enseignants, paye les frais d’électricité et d’eau. « L’Etat nous soutient certes mais ce n’est pas suffisant, nous lançons un appel pour des appuis en vivres ; ce n’est pas facile pour nous de supporter les vivres, les frais médicaux et autres», ajoute –t-il. M. Abdou Nouhou reconnait les efforts de l’Etat nigérien. Il reconnait de même les efforts fournis par les partenaires de l’Etat, ceux de l’école, les fondations, les ongs et les bonnes volontés, à qui, il témoigne d’ailleurs sa profonde gratitude.
M Abdou Nouhou souhaite toutefois que la population et les parents des enfants handicapés soient continuellement sensibilisés sur la prise en charge des enfants handicapés et que l’Etat et ses partenaires redoublent d’efforts pour empêcher à ces enfants de se retrouver dans la rue. Il s’est enfin réjoui, car grâce à l’introduction d’un quota en faveur des personnes handicapées, l’intégration professionnelle est devenue une réalité au Niger avec le recrutement de toutes les personnes handicapées qui ont un diplôme. Cette école s’est toujours évertuée à faire bouger les mentalités pour faire admettre le droit à l’éducation des personnes en situation de handicap. Dans ce combat, elle a été épaulée par des enseignants spécialisés, et des hommes et femmes déterminés à servir cette cause.
Aminatou Seydou Harouna (ONEP)