Abdouramane en plein ...
Décrocher un emploi est devenu très difficile ces dernières années. Pour faire face à cette situation et éviter de sombrer dans certains vices, de nombreux jeunes se lancent dans des activités génératrices de revenus. C’est le cas à Niamey, où certains se tournent vers des métiers comme la mécanique automobile pour assurer leur quotidien.
Dans le quartier Château 9 de Niamey, se trouve le garage « confiance en Dieu » d’Abdourahamane, un atelier de mécanique automobile où sont surtout réparées les voitures de transport en commun, dont les taxis. Trouvé au milieu de plusieurs taxis, manœuvrant une clé à pipe, Abdourahamane, explique que cela fait plusieurs années qu’il a embrassé le métier de la mécanique. Auparavant, il avait essayé la couture avant de se tourner vers la mécanique. « Cela fait 20 ans que j’exerce ce métier. Je l’ai commencé à l’âge de 12 ans, aujourd’hui j’en ai 32. Avant de me lancer dans cette activité, j’ai fait la couture. Mon père étant tailleur, je partais avec lui dans son atelier pour apprendre. Quand il a compris que cela n’était pas ma vocation, il m’a amené dans un garage où j’ai appris à réparer les voitures. Avec ce que je gagnais, j’ai réussi à épargner de l’argent pour ouvrir mon propre garage », a-t-il confié.
Ce travail de mécanicien permet à Abdourahamane de gagner dignement sa vie. Grâce à cette activité, il a pu réaliser beaucoup de projets sans avoir à tendre la main. Abdourahamane peut prendre en charge 4 à 5 voitures par jour, ce qui peut lui procurer un gain de 30 000 FCFA et plus, sans compter les petites réparations qu’il effectue. « Je me sens bien, je suis indépendant et je peux gagner une bonne somme d’argent par jour pour ma famille et moi. Ce travail me permet de gagner dignement ma vie. Je n’ai certes pas réalisé de très grands projets, mais Alhamdulilah, j’ai pu réaliser mes projets en m’offrant le nécessaire ainsi qu’à ma famille. Aujourd’hui, c’est grâce à ce travail que j’ai pu payer mon propre véhicule et j’assiste financièrement mes proches », a-t-il dit avec une grande fierté.

Les prix des différentes réparations réalisées dans le garage d’Abdourahamane varient de
6 000 FCFA à plus. Il faut par ailleurs préciser que cela ne concerne que les grandes réparations. « Pour les petites réparations, les prix varient de 2 000 FCFA à 3 000 FCFA. Ce sont des réparations qui ne prennent pas de temps, du coup, on en prend plusieurs par jour », a-t-il ajouté.
Dans cet espace, plusieurs jeunes viennent chaque jour travailler afin de gagner de quoi subvenir à leurs besoins et ceux de leurs proches. Ces jeunes ont décidé de prendre leur destin en main en travaillant dur pour leur autonomisation financière et participer à l’essor économique de leur pays. C’est l’exemple de Zeidou Soumana Issa, un jeune âgé de 26 ans qui travaille depuis 8 ans dans le garage d’Abdourahamane. « Je suis âgé de 26 ans. J’ai fréquenté l’école jusqu’en classe de CM2, niveau à partir duquel j’ai malheureusement dû quitter les bancs. J’ai choisi finalement la mécanique pour gagner ma vie, contrairement à mes autres frères qui préfèrent rester à la maison ou dans les fadas, ou encore s’adonner à des pratiques qui ne feront pas honneur à mes parents », a expliqué Zeidou. En effet, Zeidou Soumana a commencé à travailler dans ce garage à l’âge de 18 ans. N’ayant pas eu de chance avec les études, ce dernier a préféré apprendre un métier qui va lui permettre d’assister financièrement ses parents. Aujourd’hui, Zeidou a acquis des compétences lui permettant, à lui seul, de prendre en charge la réparation d’une voiture.

Ses doigts sont noircis par les différents travaux réalisés quotidiennement. Zeidou a confié qu’avec ses prestations journalières, il peut avoir 5 000 voire 8 000 FCFA de gain. « Je fais ce travail pour éviter de tendre la main. Grâce à cela, je gagne suffisamment bien ma vie, je m’occupe de mes parents et je suis considéré dans ma famille », a-t-il dit avec fierté. La mécanique est une excellente activité génératrice de revenus qui répond au besoin constant de réparation et d’entretien aussi bien dans le secteur automobile qu’industriel. Elle offre également des opportunités d’entrepreneuriat pour des revenus élevés, devenant un pilier de l’économie locale. Zeidou n’est pas le seul à venir travailler dans ce garage. Il y a plusieurs autres jeunes qui, pour ne pas sombrer dans l’oisiveté, le banditisme, viennent apprendre la mécanique dans ce garage.
Fayçal, un autre jeune âgé de seulement 15 ans, a fait, quant lui, de la réparation des motos son métier. Il a confié avec enthousiasme qu’il lui arrive de rentrer avec 5 000 FCFA à la maison, une somme qu’il gagne en faisant de petites réparations. Le jeune Fayçal avait le choix soit de suivre la voie de la délinquance, soit emprunter celle de l’autonomisation. Il a lui-même choisi ce métier très prometteur afin de faire la fierté de ses parents.
Aujourd’hui, trouver un emploi est devenu un problème. Malgré cela, ces jeunes se lancent dans des activités génératrices de revenus pour leur autonomie financière. L’État doit aider ces jeunes à pérenniser leurs activités afin de développer l’économie du pays. Il convient ici de souligner que le secteur informel est crucial pour l’économie du pays, représentant plus de 60 % du PIB et la quasi-totalité des emplois (98,5 %) selon le site stat-niger.org. Au Niger, en 2020, la composante de l’informel de l’activité économique représenterait 57 % du PIB (INS 2020). Selon l’Enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel (ERI-ESI, 2017), le chiffre d’affaires global dégagé par l’ensemble des unités de production informelles au Niger s’élèverait à
3 784 milliards en 2017 et la valeur de la production annuelle est estimée à 2 383 milliards.
Rahila Tagou (ONEP)
