L’entreprenariat féminin fait partie des domaines où le Niger excelle, avec souvent des citations à l’international. Bien organisées très tôt en groupes et groupements et bien encadrées grâce à divers programmes publics et privés, les femmes entrepreneures sont aujourd’hui rejointes par de jeunes filles et jeunes femmes qui voient grand. Ecolières, étudiantes et diplômées, les nouvelles entrepreneures mettent en commun leurs capacités intellectuelles et les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour innover avec les produits, atteindre plus de clients et améliorer leurs revenus.
Tous les indicateurs montrent que le Niger est dans une dynamique entrepreneuriale, portée par des milliers de femmes et de jeunes, surtout des filles. Ces dernières, très nombreuses, commencent à entreprendre de plus en plus jeunes. «L’entrepreneuriat des jeunes filles qui commencent très tôt à investir, est un atout essentiel pour le Niger et la sous-région car, ces filles prennent conscience et changent de mentalité par rapport à la place de la femme et par rapport à leur avenir. Elles visent leur indépendance économique et veulent contribuer au développement du pays», explique Mlle Aboubacar Ado Mariama, étudiante en Master 2 de Diplomatie et Relation Internationale et promotrice de l’entreprise Riamishh Service Livraison, spécialisée dans les courses pour autrui et la livraison.
Pour Mlle Layhana Hamadou Moussa, spécialiste de la fabrication artisanale de savon et promotrice de Laddyssan Cosmetics, l’entrepreneuriat des plus jeunes est en voie de devenir un code de conduite dans la société. Elle donne pour preuve l’organisation fréquente d’expositions dans les écoles des villes et qui permettent de contempler le génie créateur des petites et jeunes filles et leur volonté prononcée d’entreprendre. «D’ici quelques années, je pense que la jeune fille nigérienne va prendre la relève», prédit-elle, satisfaite de la prise de conscience de sa génération, majoritairement des étudiantes, du rôle qu’elle doit jouer dans la vie économique du Niger. «Notre modèle d’entreprenariat, commercer et étudier, je pense que c’est un grand atout pour le Niger et la sous-région, surtout dans le contexte de rareté de l’emploi. Il faut un grand sacrifice pour pouvoir mener les deux. Mais quand on arrive, il n’y a pas plus formidable», poursuit-elle.
Le développement des nouvelles technologies de l’information et la démocratisation de l’accès à l‘internet a joué un rôle de premier plan dans le développement de l’entrepreneuriat chez la jeune fille au Niger. Le fleurissement de groupes de vente sur les réseaux sociaux et tout le marketing gratuit qui l’accompagne, donne des idées à ces filles instruites et leur permet de mener une vie d’entrepreneure sans pour autant abandonner les études. Car, les entrepreneures modèles qu’elles chérissent sont toutes des femmes nigériennes instruites. L’autre apport de cette démocratisation des NTIC est la possibilité, pour cette génération hyper-connectée, de s’inspirer du travail d’autres personnes qui interviennent dans le même domaine de prédilection choisi par l’entrepreneure.
C’est ce qui permet à Mlle Aboubacar Ado Mariama et son entreprise de faire des livraisons de «domicile à domicile, de boutique à domicile, d’agence de transport à domicile et de faire les livraisons d’autres commerçantes». Et à Mlle Layhana Hamadou Moussa de poursuivre tranquillement son rêve de jeune en faisant la promotion de ses produits en ligne, sur les réseaux sociaux. La connectivité donne un aperçu de l’ampleur que prend l’entrepreneuriat chez les jeunes filles qui peuvent par ailleurs compter sur l’expérience de leurs ainées. «Partout, presque toutes les filles veulent entreprendre. Elles veulent se lancer et elles visent loin», déclare la promotrice de Riamishh Service Livraison qui prédit également de perspectives heureuses pour la jeune fille et pour l’économie du Niger.
«L’entreprenariat, c’est un terrain avec beaucoup d’embuches. Si on n’est pas assez préparée, on tombe facilement et le relèvement sera difficile. Ça va être compliqué», affirme Mlle Layhana Hamadou qui est entrepreneure depuis 2019, ajoutant presque aussitôt «quand une femme a la volonté de faire quelque chose, elle y arrive», en hommage à la persévérance et à l’endurance de la femme nigérienne dans son ensemble. Selon elle, la préparation est fondamentale pour réussir. Elle plaide donc en faveur d’un accompagnement plus organisé de la jeune fille qui voudrait entreprendre. La préparation, dit-elle, est la base «pour booster d’avantage l’entreprenariat des jeunes au Niger et faciliter leur transition vers l’industrialisation».
Avec seulement un an d’expérience active et six (6) collaborateurs, Mlle Aboubacar Ado Mariama pense aussi, comme son ainée, que les jeunes filles entrepreneures peuvent facilement s’orienter et faire un pas de plus vers l’industrialisation si elles accèdent aux moyens et soutiens nécessaires. Et le soutien, précise-t-elle, passe nécessairement par la consommation des produits locaux qui sont le plus souvent de qualité supérieure par rapport aux produits importés. «Certes c’est difficile, mais ça ne voudrait pas dire qu’on doit abandonner. Ça voudrait juste dire qu’on a souvent besoin de soutien et d’appui financier, de collaboration aussi, car les collaborations manquent pour pouvoir booster le secteur de l’entrepreneuriat», insiste-t-elle.
La génération des jeunes entrepreneures voit donc loin, plus loin que leurs ainées et comptent saisir les opportunités qui s’offrent à elles même s’il faut, se plaisent-elles à dire, forcer le destin. Pour elles, l’industrialisation, c’est-à dire l’adaptation des initiatives porteuses, est primordiale pour produire plus et vendre les produits nigériens à l’extérieur. «Qu’on accompagne ces jeunes filles sur le terrain de l’entrepreneuriat. Après la préparation, qu’on leur donne les moyens d’y arriver», soupire Mlle Layhana Hamadou, promotrice de Laddyssan Cosmetics.
Souleymane Yahaya(onep)