Les rues et les ruelles de la ville de Konni sont bordées de boutiques animées. Le centre commercial grouille de monde du matin au soir. Les façades colorées des magasins, avec des panneaux accrocheurs, attirent les passants qui viennent chercher des produits et des articles divers venant du Nigeria tels que les boissons gazeuses, les pagnes, les voiles suisses, les hidjabs, les sacs, les détergents, les savons et bien d’autres produits et articles locaux. Chaque quartier a sa spécialité en termes de vente. Les zones commerciales se côtoient, reflétant la diversité et la richesse des offres.
Les habitants de Konni, principalement engagés dans des activités commerciales, possèdent un savoir-faire reconnu dans ce domaine. Les commerçants sont non seulement des vendeurs, mais aussi des conseillers avisés, offrant un service personnalisé qui distingue la ville des autres centres urbains du Niger. Les relations entre clients et vendeurs sont souvent empreintes de familiarité et de confiance, contribuant à un sentiment de communauté renforcée par les échanges quotidiens. Le commerce devient ainsi un vecteur de lien social et de solidarité.
Les infrastructures de la ville sont conçues pour faciliter les échanges commerciaux. Des marchés en plein air aux galeries marchandes couvertes, chaque espace est aménagé pour optimiser la circulation des biens et des personnes. Les bâtiments commerciaux modernes cohabitent harmonieusement avec des structures plus anciennes, créant une distinction esthétique qui souligne le dynamisme économique de la ville de Konni, tout en préservant son patrimoine historique.
L’économie de la ville est marquée par un incessant va-et-vient de visiteurs et d’acheteurs. Ce qui stimule également les secteurs connexes comme la restauration, l’hôtellerie et les services. Le marché d’Illela et celui de Sokoto, au Nigeria voisin, attirent des visiteurs de toute la région, renforçant la position de la ville de Konni comme un centre névralgique du commerce. Cette ville prospère aussi grâce à l’esprit entrepreneurial de ses habitants et à leur engagement envers l’excellence commerciale.
Les habitants de la ville, dont la majorité est impliquée dans le secteur commercial, se distinguent par une expertise remarquable dans leurs domaines respectifs. Leur savoir-faire est le fruit d’une tradition de transmission des connaissances, souvent de génération en génération. Les commerçants ne se contentent pas de vendre des produits ou des services, ils jouent également le rôle de conseillers avisés, offrant des recommandations basées sur une compréhension approfondie des besoins et des préférences de leurs clients. Cette approche personnalisée est un gage de qualité qui valorise les produits locaux et contribue à une expérience client inégalée.
La relation entre les commerçants et leurs clients est empreinte de chaleur et de familiarité exemplaire. Les interactions quotidiennes, souvent marquées par un sourire et une attention sincère, favorisent un climat de confiance et de loyauté. Les clients reviennent régulièrement non seulement pour les produits qu’ils recherchent, mais aussi pour le contact humain qu’ils apprécient. Les commerçants, conscients de cette dynamique, s’efforcent de créer des liens durables avec la clientèle, ce qui renforce le sentiment d’appartenance à une communauté.
Les marchés et boutiques, en tant que lieux de rencontre, facilitent les interactions entre les habitants, consolidant des relations qui vont au-delà des transactions commerciales. Ces échanges réguliers contribuent à une atmosphère de solidarité et d’entraide dans laquelle les gens se soutiennent mutuellement.
Un héritage perpétué par les jeunes actifs dans le secteur du transport urbain
Les jeunes s’adonnent plus aux activités génératrices de revenus allant de moto-taxis, communément appelée ‘’Kabou Kabou’’, aux petits commerces en passant par l’entrepreneuriat. Les femmes s’investissent aussi dans des initiatives locales, soutiennent des causes communautaires et participent à des projets qui visent à améliorer la qualité de vie. Cette implication active des jeunes et des femmes fait du commerce un pilier fondamental de la vie urbaine, contribuant à un environnement où le commerce et la solidarité se nourrissent mutuellement, créant ainsi un tissu social riche et harmonieux.
Ils sont présents dans toutes les activités génératrices de revenus, notamment le transport de passagers à l’aide des engins à deux roues ‘’Kabou-Kabou’’ ou avec des tricycles. Cet engagement des jeunes, nous a confié M. Ismaël Yacouba, président communal de la jeunesse de Konni, est profondément ancré dans leur désir d’indépendance financière et d’accomplissement personnel. Grâce à ces activités, les jeunes aspirent à créer et contrôler leurs propres opportunités économiques. Ils voient dans l’entrepreneuriat ou les activités indépendantes un moyen de s’affranchir des contraintes des emplois classiques, tout en ayant la possibilité de définir leurs propres conditions de travail et de réaliser leurs ambitions personnelles. Pour les accompagner, le bureau communal de la jeunesse a financé sur fonds propres la formation de cinquante (50) jeunes de la ville de Konni en informatique afin de les encourager à embrasser les nouvelles technologies pour non seulement surmonter les défis actuels mais aussi saisir les nouvelles opportunités qui se présentent à eux. Cependant, déplore le président communal de la Jeunesse de Konni, l’impôt imposé à ces jeunes impacte négativement leurs activités, ce qui les amène souvent à abandonner.
Les jeunes qui se lancent dans le métier de chauffeur de moto taxi représentent une part croissante de l’industrie du transport dans la ville de Konni où les taxis sont quasiment inexistants. Ce secteur, souvent appelé «moto-taxi», offre une alternative rapide et flexible aux habitants du fait de l’impraticabilité des voies pour se rendre d’un quartier à un autre. Ces jeunes professionnels, souvent adultes ou étudiants, sont attirés par la possibilité de travailler de manière autonome, de gérer leur propre emploi du temps et de bénéficier d’une rémunération qui peut être plus lucrative en fonction de leur capacité à attirer des clients et à maximiser leurs trajets. Aussi, la majorité de ces jeunes opérateurs choisissent cette activité pour sa flexibilité et sa rapidité, mais ils font également face à des défis considérables. De plus, ils ont une connaissance approfondie des itinéraires urbains, une bonne maîtrise de la conduite en milieu dense et une capacité à réagir rapidement aux imprévus.
Pour mieux optimiser leur activité, ces jeunes exploitent les nouvelles technologies de l’information et de la communication comme le téléphone portable. Après les courses, ils demandent toujours aux clients de prendre leurs numéros de téléphone. En cas de besoin, le client peut juste les appeler et en un rien de temps ils se présentent devant vous pour vous proposer leurs services. Leur savoir-faire et le respect des clients permettent de mettre en relation chauffeurs et clients de manière efficace.
Cependant, la sécurité reste une préoccupation majeure, tant pour les conducteurs que pour les passagers. Pour pallier ces problèmes et défendre leurs intérêts, ces jeunes conducteurs de moto-taxis se sont bien organisés en syndicat, avec comme président Issia Mahamidou, assisté d’un bureau. « Nous sommes environ 3000 jeunes qui pratiquent cette activité, certains sont des pères de famille, d’autres ont deux femmes et des enfants qu’ils nourrissent à travers cette activité », confie le président. Pour mieux aider ses membres à mener à bien leurs activités, le syndicat a demandé et obtenu auprès de l’autorité municipale des plaques spécialement attribuées aux chauffeurs des moto taxis. Ces plaques permettent aux clients de savoir que c’est une moto taxi déjà enregistrée, donc ils peuvent emprunter sans aucune crainte. Et même en cas de problème il suffit de communiquer le numéro de la plaque aux membres du Syndicat et le problème sera résolu car, ils connaissent tous les chauffeurs ainsi que leur emplacement.
Les femmes, très actives dans l’entreprenariat à Konni
Les femmes sont aussi actives dans le domaine entrepreneurial. C’est l’exemple de Mme Aïchatou Malan Barmou, responsable du Foyer Martaba de Konni et présidente régionale de la Fédération des Femmes Artisanes.
En effet, Mme Aïchatou Malan Barmou mène plusieurs activités. Elle fait ses propres créations et est formatrice en transformation agro-alimentaires (riz, mil, maïs, blé, niébé, l’oignon, farine de l’oignon, confiture de l’oignon). Elle possède un savoir – faire avéré dans le domaine de la transformation du moringa. Elle fait la farine de moringa séchée à l’ombre, le savon à base de moringa, la pommade à base de moringa. Elle produit également de la farine de manioc communément appelée ‘’Garin rogo’’ qu’elle faisait au début manuellement. Mais avec l’aide d’une femme (la coordinatrice de Adex) qui a mis une machine à la disposition du centre, la transformation du manioc se fait à l’aide de la machine. « La volonté y est, nos femmes sont intelligentes mais les moyens font défaut pour les mettre dans de bonnes conditions d’apprentissage, sinon nous pouvons tout produire. Si tu veux apprendre à quelqu’un, il faut le sensibiliser, lui montrer l’importance de ce travail. Il faut surtout lui faire comprendre qu’à travers l’activité, il peut subvenir à ses besoins, prendre sa famille en charge et aider même d’autres personnes », explique Mme Aïchatou Malan Barmou.
De 2014 à 2023, cette brave dame a formé 707 jeunes filles et femmes, en plus des élèves du centre, tant dans le domaine de la transformation agroalimentaire que ceux du stylisme (couture, broderie faite à la main, le tricotage traditionnel et moderne) et des cosmétiques (savons antiseptique contre les boutons, les savons fait à base d’huile de coco et huile de neem, le savon fait à base d’huile de coco et huile d’olive, savon fait à base du lait de chamelle). Elle conçoit également différentes pommades (pour le traitement des cheveux, pour le traitement de douleur musculaire, pommade pour la peau) en passant par la cuisine. Mme Aïchatou Malan Barmou a commencé avec la couture, mais avec l’ouverture de son centre, elle a inséré certaines formations. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes défavorisés, notamment les orphelins et les personnes en situation de handicap profitent de la formation au niveau dudit centre.
Le groupement féminin ‘’Mu taru mu Taïmaki Juna’’
Le groupement ‘’Mu taru mu Taïmaki Juna’’ est l’exemple type de l’engagement des femmes dans des activités génératrices de revenus. Ce groupement féminin de 20 femmes créé en 2017 par Mme Mariama Mahamidou, se concentre sur l’autonomisation économique des femmes du quartier Kaoura Konni, à travers des programmes d’accompagnement et de soutien. ‘’Mu taru mu Taïmaki Juna’’ propose des services permettant aux femmes d’acquérir des compétences essentielles et d’accéder à des ressources financières pour créer ou développer des activités génératrices de revenus. Tout a commencé par une cotisation hebdomadaire de 50 Fcfa par femme. Le jour où la caisse a été ouverte elles ont compté une somme de plus de 300 000 Fcfa. Avec cette somme, elles ont décidé d’acheter du mil pour 100 000 Fcfa, du niébé pour 20 000 Fcfa et le maïs avec le reste de l’argent pour lancer leurs activités. Ainsi, elles ont commencé par la transformation de quelques tasses de maïs en farine qu’elles vendaient au début aux femmes du quartier. Petit à petit elles ont élargi leur commerce en distribuant la même farine aux boutiquiers pour la vente. Avec le temps, les habitants des villages environnants se sont intéressés et se rendent au quartier Kaoura pour s’en procurer.
« Au début, nous faisons la farine pour 20 tasses de maïs, à un moment nous sommes allées à un sac par semaine et aujourd’hui nous sommes à plus de trois sacs par semaine. Nous en tirons bien profit car, en plus du bénéfice nous avons aussi du son pour le bétail », explique la présidente du groupement ‘’Mu taru mu Taïmaki Juna’’. Pour que ces femmes profitent bien de cette activité, elles se sont scindées en deux groupes et le travail se fait à tour de rôle. Et après chaque transformation, on enlève la part de celles qui ont fait le travail, c’est déjà une avancée puisqu’elles arrivent à nourrir leurs enfants. « Chaque semaine nous faisons le compte, on verse une partie dans la caisse et l’autre partie on la partage entre nous », confie Mme Mariama Mahamidou. Compte tenu des avancées enregistrées, la cotisation hebdomadaire est passée à 100 Fcfa, puis à 250 Fcfa.
Ces femmes possèdent également une autre caisse dans laquelle elles versent 50Fcfa chaque semaine. En cas d’accouchement, chaque femme bénéficie d’un appui de 120 000 Fcfa de la part de l’Association. En cas de maladie, la prise en charge de 90 % des frais de consultation et des produits est assurée par l’Association. Quand il s’agit d’un problème du manque de sang, toutes les autres femmes se mobilisent pour venir en aide à leur sœur en donnant leur sang. « Nous avons aussi une troisième caisse dans laquelle nous versons 10 Fcfa. Cette caisse est destinée aux œuvres de bienfaisance. Avec cet argent nous achetons de temps en temps des produits ou articles pour faire des dons à la morgue de Konni. Nous achetons aussi des bouilloires que nous amenons au niveau des différentes mosquées », a fait savoir Mme Mariama Mahamidou. Ceci a fait que beaucoup de femmes se sont intéressées aux activités du groupement mais dans le souci d’une bonne gestion et avec l’appui de la présidente de ‘’Mu taru mu Taïmaki Juna’’, deux autres groupements féminins ont vu le jour, à savoir : ‘’Adaltchi’’ et ‘’Ayi da Mu’’ pour offrir davantage d’opportunités aux femmes du quartier Kaoura qui peuvent créer leurs propres activités génératrices de revenus et être autonome économiquement.
Aïchatou H. Wakasso (ONEP)