La mise en production du projet intégré d’amont et d’aval de la phase II du champ pétrolifère d’Agadem constitue sans nul doute un tournant décisif pour le Niger par rapport à l’exploitation du pétrole. En effet, notre pays va bientôt rentrer dans le cercle des pays exportateurs du pétrole brut. Les grandes installations pétrolifères nécessaires à l’acheminement du pétrole brut à partir de la station initiale de Koulélé jusqu’au port de Sémé au Bénin sont quasi-achevées. Dans cet entretien réalisé à la veille du lancement officiel de la production du brut, le directeur de l’exploration et de la production des hydrocarbures, M. Maidagi Oumarou, revient sur la particularité d’un certain nombre de sites visités, ainsi que la manière dont ils concourent à la réalisation de l’objectif final.
Monsieur le directeur, du 29 au 31 octobre 2023, vous aviez fait visiter à la presse un certain nombre d’installations pétrolifères du bloc Agadem ; quelle est la particularité de l’ensemble des sites visités et comment participent-ils à la production régulière du pétrole brut ?
Effectivement dans le cadre de la phase du bloc d’Agadem, un certain nombre de travaux ont été réalisés notamment le forage de plusieurs centaines de puits pétroliers et de nombreuses installations de surface construites parmi lesquelles on peut citer les CPF (Central Process Facilities) qui sont les centrales préliminaires de traitement du brut. C’est au niveau de ces centrales CPF qu’on peut séparer, également traiter, le brut en le dissociant de l’eau et du gaz. Les CPF sont les installations les plus importantes dans la mesure où elles permettent de traiter le pétrole brut avant de le faire passer au niveau du pipeline de commercialisation. Nous avons au total, sur la phase II, deux CPF en l’occurrence le CPF de Gouméri et celui de Koulélé qui doivent servir pour la phase export. Nous avons également visité les différentes installations de traitement qu’on appelle Field Process Facilities (FPF). Au total, nous avons trois (3) FPF notamment le FPF de Sokor ; de Faringa et celui de Dougoule. A ce niveau, le traitement du brut se fait de facon biphasique. En effet, le pétrole brut est séparé en deux phases : le liquide et le gaz. Après la séparation, le liquide est envoyé directement à la centrale préliminaire de traitement comme le CPF de Koulélé ou celui de Gouméri. Par contre, le gaz, lui est utilisé pour faire fonctionner les différentes installations de surface et les équipements que nous avons visités. Nous avons aussi la centrale de déshydration qui, en elle-même est unique. Je vais parler de la centrale de déshydration de Dibeilla qui est une mini-CPF et dispose de toutes les installations qu’on peut avoir au niveau des CPF. A la seule différence d’un CPF, c’est que lorsque le pétrole brut est traité de façon triphasique, il est envoyé directement au niveau de la centrale de traitement préliminaire CPF au lieu de l’envoyer dans un pipeline de commercialisation. En dehors de cela, nous avons aussi visité les OGM qui sont des collecteurs d’huile. Au niveau de ces OGM, l’huile venant des différents puits est centralisée à travers le circuit de pipeline pour pouvoir être acheminé, soit vers les stations de traitement préliminaire communément appelées FPF ou soit vers les stations de traitement appelées CPF ou bien les stations de déshydratation. Nous avons aussi visité quelques puits notamment un puits de Koulélé CN1 où nous avions d’ailleurs visité les différentes installations faites tout autour pour sa mise en production. De façon générale, nous avons trois groupes pétroliers qui ont fait l’objet du développement de la phase II. Au total, il faut dire que dans le champ d’Agadem, nous avons cinq (5) groupes pétroliers en l’occurrence le groupe pétrolier de Koulélé ; N’gadip ; Aboloyokou ; FGD et Dibeilla. Parmi ces cinq groupes pétroliers, ce sont Koulélé ; FGD et Dibeilla qui ont fait l’objet de développement pour la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem.
Dans le cadre de la mise en production du pétrole brut, beaucoup de citoyens nigériens s’inquiètent par rapport au respect de l’environnement. Quelles sont les dispositions qui ont été prises pour rassurer aussi bien les populations locales que l’ensemble des Nigériens quant au respect strict de l’aspect environnemental ?
Cette question est pertinente. En effet, l’Etat a pris justement toutes les mesures nécessaires pour que toutes les opérations liées à l’exploitation du pétrole se déroulent dans les normes. Pour y arriver, il existe au Ministère du Pétrole, des Mines et de l’Energie, une direction qui se charge spécifiquement de cette question environnementale. A ce niveau, tous les aspects environnementaux sont traités en respectant les normes, de telle façon que les générations présentes et futures puissent profiter d’un environnement sain.
Lors de la visite terrain, nous avons constaté qu’il y a des stations où les travaux ne sont pas terminés. Quand est-ce que vous espérez la finition des travaux pour que ces stations participent à la centralisation du pétrole brut au niveau du CPF Koulélé ?
Comme je vous l’avez dit, cette phase concerne trois grands groupes pétroliers notamment Koulélé Dibeilla et FGD. En premier lieu, ce sont les deux groupes pétroliers à savoir : Koulélé et Dibeilla sont mis en production. On peut dire que le groupe pétrolier FGD est mis en production dans la mesure où il y a une partie de ses puits qui est connectée et mise en production. Il ne reste que quelques petits racolages à faire au niveau du groupe pétrolier FGD. C’est surtout au niveau de Gololo BS et à Goudoule FPF où les travaux ne sont pas achevés. Cependant, les travaux au niveau de ces installations seront finalisés dans les plus brefs délais. Cela n’empêche pas à certains puits de ce groupe pétrolier d’être en activité. Sinon, à la centrale FPF de Sokor qui fait partie du groupe pétrolier de FGD, 20 puits sont déjà en production. Il y a aussi la centrale de traitement préliminaire CFP de Gouméri qui fait aussi partie du groupe pétrolier de FGD. C’est une centrale qui existe bien avant. Il y a eu des travaux d’extension de la centrale afin qu’elle puisse participer et contribuer à la mise en production de la phase II dans une perspective d’acheminer le pétrole brut sans difficulté au niveau de la centre préliminaire de CPF de Koulélé.
A la station Fana W-1, ce sont des panneaux solaires qui sont utilisés pour produire de l’électricité. Expliquez-nous cette singularité de cette station par rapport aux autres ?
Effectivement, nous sommes dans un contexte de globalisation où le mix énergétique est extrêmement important. Le Niger ne saurait rester en marge. Lorsque vous prenez les différents sites pétroliers, vous allez trouver des endroits où les gisements regorgent de ressources gazières, tandis que sur d’autres, on ne trouve que de l’huile. Il y a des contraintes auxquelles il faut apporter des réponses appropriées. C’est ainsi que nous avons envisagé l’usage de certaines formes d’énergie comme le solaire pour pouvoir pallier aux problèmes sur place. Sur les sites, il y a des générateurs qui fonctionnent par gasoil et les panneaux solaires qui doivent aider pour la couverture énergétique des installations sur les sites.
Sur les différentes centrales visitées, on remarque des installations impressionnantes ; est-ce que ces installations répondent aux normes technologiques internationales ?
Pour votre information, je dirai que la majorité de ces installations sont des marques américaines ou allemandes. Lorsque vous prenez les panneaux électriques, ils nous proviennent d’Allemagne à travers la société SIEMENS. Les générateurs installés sur la centrale CPF de Koulélé sont américains. C’est dire que nous avons une technologie de taille. Et nous pensons que ces générateurs doivent tenir jusqu’à la fin de ce projet.
Réalisé par Hassane Daouda (ONEP), Envoyé Spécial