La question des droits de l’homme en cette période au Niger nécessite une attention particulière pour la protection des libertés fondamentales. Les nouvelles autorités militaires doivent veiller à ce que les droits humains de tous les Nigériens soient respectés. Dans l’entretien qui suit, l’éminent défenseur nigérien des droits humains, M. Garba Illou Almoctar, consultant en vie associative et gestion des projets, président du mouvement abolitionniste de la peine de mort au Niger, membre réélu du comité de pilotage de la Coalition mondiale contre la peine de mort et de la Coordination Internationale pour l’Education à la Non-violence et à la paix auprès de l’UNESCO, apprécie la situation actuelle du Niger.
Monsieur le président, depuis plus de deux mois le Niger est dirigé par les forces de défense et de sécurité regroupées au sein du CNSP. Quelle appréciation faites-vous de cette nouvelle ère que vit le Niger depuis le 26 juillet au sujet du respect des droits de l’homme?
Tout d’abord, je vous remercie de m’avoir offert l’opportunité de m’exprimer dans les colonnes de votre journal. Mes premières impressions sont simplement positives du fait qu’après quelques jours du coup d’état, le Niger s’est retrouvé comme le pays le plus important et populaire encore une fois de plus aux yeux de la communauté internationale. Au-delà, les Organisations de la Société Civile ont retrouvé toutes leurs valeurs, jadis considérées comme un élément d’opposition à l’exercice de la gouvernance et au pouvoir d’Etat selon des courants d’air et classes politiques ayant mal compris ou qui d’ailleurs ignorent le rôle de la société civile en termes de groupe de pression devant critiquer l’action gouvernementale dans le strict respect de la loi.
Depuis l’avènement des militaires, qui ont une bonne notion sur l’armée et la démocratie, aucune liberté en droits humains n’est censurée. Les manifestations sur les voies publiques règlementées ont repris, les déclarations et l’accès aux médias publics sont autorisés. Je peux vous dire que, l’armée au pouvoir continue de respecter les droits fondamentaux du peuple nigérien jusqu’à la date actuelle sans aucun souci. Permettez-moi également d’apprécier à cette occasion la question du droit international et communautaire dont les agissements de la CEDEAO et l’UEMOA depuis le lendemain du coup d’Etat malgré que l’Assemblée générale des Nations-Unies du 15 janvier 1998 a adopté à l’unanimité que : « La culture de la paix est un ensemble de valeurs, attitudes, comportements et modes de vie qui rejette la violence et prévient les conflits en s’attaquant à leurs racines par le dialogue et la négociation entre les individus, les groupes et les Etats ». Elle a réaffirmée que la naissance des Nations Unies en 1945 fut inspirée par le désir de « préserver les générations futures du fléau de la guerre », et son engagement en faveur de la non-violence manifesté en 1977 et proclamant l’année 2000 comme « année de la culture de paix et de la décennie internationale pour une culture de non-violence et de paix de 2001-2010 ».
Il convient aussi de rappeler que selon les dispositions des 8 piliers de la Culture de la paix, de l’UNESCO, dont particulièrement les points 6 et 8 respectivement : « faire avancer les notions de tolérance, de compréhension et de solidarité en promouvant un dialogue entre les civilisations » ; et « promouvoir la paix internationale et la sécurité par des actions telles que le désarmement, la résolution pacifique des conflits ».
Aujourd’hui, le Niger fait face à des menaces de la CEDEAO, de l’UEMOA et de la France ; quelles pistes d’orientation en guise de mémorandum votre organisation peut-elle proposer au gouvernement ?
Le Niger est un Etat souverain, mais menacé par le terrorisme, les famines et les catastrophes naturelles où s’ajoutent manifestement la CEDEAO, l’UEMOA, de certains esprits et Chefs d’Etats égarés en violation des principes de non-ingérence prônés entre les nations et les peuples. Ainsi, face aux défis et les urgences actuelles d’un peuple longtemps meurtri dans sa chair et dans son amour propre, nous souhaitons que les nouvelles autorités puissent rapidement s’attaquer sur des indicateurs potentiels en guise de mémorandum à savoir : l’instauration du climat social et des valeurs culturelles intrinsèques à notre pays légués par nos dignes aïeux fils de la nation ; la promotion d’une justice sociale et le respect des droits humains à travers une structure nationale crédible ; la promotion et la réalisation des Droits Economique Sociaux Culturels ; la maitrise de la situation sécuritaire, alimentaire et du cadre micro et macroéconomique ; (la gouvernance, la disponibilité et la gestion des denrées alimentaires plus disponibles à accessibles aux consommateurs nigériens en toute urgence).
Il y a également la gestion rationnelle et équitable des ressources naturelles ; la santé (plateaux techniques médicaux modernes et référentiel) ; l’éducation et le système éducatif répondant aux besoins du peuple souverain ; l’emploi et l’entreprenariat des jeunes ; les statistiques nationales ; les infrastructures sociales de base (logement, l’habitat, l’eau, hygiène et assainissement, la protection de l’environnement face aux méfaits du changement climatiques) ; le droit à l’énergie (l’électricité, le gaz et autres substances nécessaires au développement des foyers) ; les industries de développement (banques d’investissement, valorisation des entreprises nationales et le commerce import-export, le secteur du transport, les routes, l’urbanisation et la construction des grandes villes) ; le droit à la vie et les conditions de détention en milieu carcéral et tout lieu de privation de liberté par exemple une « Agence Nationale pour les alternatives d’Insertion et de réinsertion (ANAIRE et une CNDH), un décret de mise en application des Travaux d’intérêt Général (TIG) qui contribueront sans nul doute à lutter contre le surpeuplement des maisons d’arrêts et harmoniser les lieux de détention.
Il est aussi nécessaire de prendre des mesures urgentes idoines pour adopter le nouveau code pénal et le code de procédures pénales qui ont tenu compte des nouvelles aspirations du peuple nigérien. La valorisation de l’agriculture et l’élevage qui ont toujours été le socle d’enrayement des famines et des crises alimentaires jadis connues par notre peuple etc… . Il faut aussi lutter contre la vie chère et la morosité économique qui gangrènent le quotidien des Nigériens. En effet, nos opérateurs économique doivent adopter un comportement patriote. Enfin la refonte de la charte des partis politiques en faveur de l’émergence d’un Niger nouveau.
Face aux défis et enjeux actuels quel conseil prodiguerez-vous au peuple nigérien pour le développement du pays ?
Sincèrement, j’invite le peuple nigérien à l’Union sacrée, gage de la cohésion sociale, la culture de la paix et de la non-violence. Nous devons cultiver la non-violence, les vertus du mieux vivre ensemble. On doit soutenir et collaborer avec la force publique à lutter contre l’insécurité et la corruption en promouvant les sanctions et lutter contre l’impunité, pour garantir la promotion de la justice sociale, le développement durable en luttant contre la pauvreté. On doit également éviter la justice populaire et respecter tous les droits auxquels le Niger a souscrit auprès des organes et traités des Nations Unions particulièrement à son dernier Examen Périodique Universel (EPU) 2021.
Monsieur le président, avez-vous un message au gouvernement pour la consolidation du respect des droits humains au Niger ?
J’incite le gouvernement de SE. Lamine Zeine Ali Mahaman à accompagner les organisations de la société civile longtemps perçues comme des adversaires de l’Etat par certains courants politiques malgré leur contribution irrévocable au développement du pays comme en témoignent les actes posés à l’occasion de la situation actuelle. Il faut revoir le nouveau décret sur la protection des défenseurs des droits humains afin d’impliquer le besoin des bénéficiaires et de réviser certaines ordonnances afin de prendre en compte la réalité actuelle et l’émergence du mouvement associatif nigérien. Le Niger est aujourd’hui, le pays le plus populaire au monde à la gestion optimisée de l’environnement diplomatique internationale. Et nous saluons le CNSP qui a créé la Commission de Lutte contre la Délinquance Economique, Financière et Fiscale (COLDEFF). Ceci permettra sans nul doute de protéger les biens publics qui sont sacrés et inviolables et lutter contre les détournements des biens publics. Nous félicitons les Chefs d’Etat de nos pays pour la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) à travers laquelle, les trois pays voisins qui ont déjà exprimé leur volonté de s’unir sur la base d’orientation solidaire, civilisationnelle, culturelle pour le développement significatif et le rayonnement de notre chère Afrique.
S.S Zakaria & Salima H. Mounkaila (ONEP)