Abdoul-Aziz est un jeune promoteur d’une PME dénommée Eco Pot Environnement. Il s’est lancé dans cette « passion verte » à la suite des expériences acquises dans ledit domaine, notamment une formation sur l’agriculture hors sol, la formation sur les différentes méthodes et techniques de développement en agro-pastoralisme en général: la prévention des maladies ravageuses des animaux ; la production des engrais biologiques (composte) ; la revalorisation des terres agricoles; le développement en élevage biologique, etc. Ce jeune ‘’entrepreneur vert’’ est titulaire d’un Master 2 en Sciences de l’environnement, d’une licence en gestion et maitrise de l’eau et stagiaire à la Direction générale des Eaux et Forets de Niamey. Dans cet entretien, il nous explique l’importance des espaces verts dans la vie de l’homme, de la santé de la plante et encourage la promotion des espaces verts.
Monsieur Abdoul-Aziz pourquoi le choix du nom ‘’Eco pot environnement’’ ?
Eco Pot veut dire des pots écologiques, puisque je recycle les bidons en plastique, je les transforme en pot pour mettre du compost; c’est des pots qui sont écologiques. Environnement, c’est l’action de reboisement, la protection de l’environnement qu’on fait en donnant des conseils sur des pratiques culturales qui ne nuisent pas à l’environnement. Ainsi nous faisons de l’aménagement à l’intérieur et à l’extérieur des maisons, dans les places publiques. Nous aidons aussi les jardiniers et agriculteurs à travers des conseils. Nous faisons du gazon tapis, des pépinières de potagers, du recyclage en transformant les déchets inertes et organiques. A travers cette activité, c’est aussi des emplois temporaires qui sont créés pour nos jeunes. Par exemple on peint entre autres les pots et les pneus. Nous expérimentons toutes les variétés de semence qui nous viennent pour essayer de voir le comportement de la graine vis-à-vis de notre climat pour voir si elle s’adapte ou pas; nous faisons aussi le reboisement et nous encourageons la population à aimer la verdure en lui offrant des plants pour qu’elle puisse planter chez elle. Pour les clients qui sont loin de la capitale nous leur proposons un modèle ou encore nous leur expliquons comment faire fonctionner le modèle qu’ils disposent.
Peut-on savoir ce qui vous a motivé à vous engager dans cette initiative verte?
J’ai été motivé par une conférence qu’a animée un économiste sénégalais en mission au Niger et les conseils des proches et d’autres visiteurs ayant vu ce que je faisais dans le domicile familial. Ces visiteurs m’ont proposé de participer au Salon de l’Agriculture, de l’Hydraulique, de l’Environnement et de l’Elevage (SAHEL Niger) ne serait-ce que pour faire découvrir au public ce que je fais. J’ai commencé cette activité depuis 2015 mais il a fallu 2018 pour que la population commence à s’intéresser ou à chercher à savoir ce que je faisais. C’est aussi au cours de cette année que j’ai participé au Sahel. Ce fut une bonne surprise car beaucoup de visiteurs ont noué contact avec moi. Pour revenir à l’économiste, il a nous incité à nous lancer avec ce que nous avons comme idée de projet, à ne pas être attentistes comme beaucoup d’autres jeunes Africains.
Parlez nous des semences que vous utilisez?
Il s’agit entre autres des semences de culture potagères telles que le chou, la carotte, le radis, les aromates, la citronnelle mais aussi le quinquélibat et le Morinaga. Notre initiative consiste à faire la promotion des plantes locales notamment, les plantes dont les feuilles ou les fruits comme le Morinaga et les menthes, nous servent dans différents usages. Notre démarche vise à développer la culture urbaine mais aussi à participer à l’embellissement de notre ville en rendant nos espaces verts. Toutefois, la population pense qu’il faut être aisé pour planter, ou s’entourer de la verdure; ce qui n’est pas toujours vrai car cela est possible sans trop dépenser. C’est ce que nous tentons d’expliquer à la population car c’est elle qui en tirera profit.
Quels conseils donnerez-vous aux fleuristes qui utilisent des eaux usées pour alimenter leurs plantes?
Cette pratique est néfastes à la fois pour la santé de la plante que pour l’environnement. C’est une pratique de propagation des maladies car en utilisant de l’eau usée, le fleuriste pense économiser alors qu’en réalité il introduit consciemment ou inconsciemment à ses plantes des germes contenus dans cette eau usée. Les plantes arrosées de cette façon sont susceptibles de développer des maladies partout où elles seront plantées c’est-à-dire dans les concessions ou les jardins. Du reste, les eaux des égouts peuvent aussi contenir des métaux. Ces derniers ont des conséquences sur notre environnement comme la contamination des nappes phréatiques. La consommation des fruits ou feuilles de ces plantes peut être la cause de certaines maladies comme le cancer.
Selon vous comment aider nos agriculteurs pour qu’ils puissent valoriser les terres cultivables?
Autrefois, la valorisation des terres agricoles se faisait avec la jachère mais aujourd’hui avec la poussée démographique qui a engendré le morcellement des champs, cette méthode devient de en plus difficile à observer. Toutefois, on peut conseiller à l’agriculteur de faire du compost au cours de la saison sèche, de le répandre et de semer dès qu’il pleut. Ceci peut lui permettre d’avoir un bon rendement. Pour celui qui veut pratiquer la technique agropastorale, il lui suffit de laisser les animaux pâturer dans son champs pendant 8 à 9 mois ; les urines et la défécation de ces animaux enrichira le sol. Ce mélange se transformera en matières organiques facilement assimilables par les plantes. Même en saison pluvieuse cette opération est faisable en élevant les animaux dans un enclos. Puis on procède souvent au mélange de leur défécation avec n’importe qu’elle feuille de plante. Cela permettra de faire de compost afin de rehausser la productivité.
Mamane Abdoulaye(onep)