Depuis plusieurs années, l’administration scolaire de certains établissements exige le port de la tenue scolaire par les élèves. Cette exigence s’impose parfois de la maternelle à la terminale ainsi que dans les écoles professionnelles publiques comme privées. A la veille de la rentrée, les parents d’élèves se mobilisent pour répondre à cette demande des administrateurs scolaires.
Ceux à qui cela profite le plus, après les vendeurs de tissu, ce sont les couturiers qui mettent les bouchées doubles pour satisfaire la demande de la clientèle à quelques jours de la rentrée scolaire. Ce sont des journées très surchargées pour les couturiers qui profitent de cette période pour se faire le maximum de revenus.
Boubacar, un couturier âgé d’une quarantaine d’années et ayant son atelier à Yantala, et son personnel, sont au four et au moulin pour satisfaire leur clientèle. Il explique qu’à l’approche de la rentrée scolaire, il privilégie plus ses clients habituels par rapport aux nouveaux clients ; « normalement, à un mois de la rentrée scolaire, nous nous attelons à la confection de la tenue scolaire, ce qui fait qu’on ne prend pas d’autres coutures, nous nous mettons à pied d’œuvre pour que tous reçoivent leurs uniformes avant la date indiquée par les établissements », a-t-il dit avant d’ajouter qu’«il faut bien qu’on arrive à les livrer à temps car en prenant le tissu à coudre, nous donnons notre parole et il faut la respecter ». A l’atelier de Boubacar, le prix de la confection d’un complet varie en fonction de la taille de l’enfant ; pour les petites filles et petits garçons, le complet est cousu à 3000 FCFA alors que pour les autres, la couture se fait à 5000 voire 6000 F. Ce père de famille reconnait qu’après les périodes de fêtes, la rentrée est le moment où il arrive à se remplir les poches.
« J’arrive à gagner beaucoup car la demande est plus forte. Dans une seule famille, il peut y avoir 5 à 6 enfants qui vont à l’école et pour chaque enfant, il faut coudre au moins deux complets ; une seule de mes clientes peut m’apporter 10 complets ou plus à coudre», s’est-il réjoui. Dans son atelier, il est aidé par 4 personnes.
Dans un autre atelier au quartier nouveau marché, l’ambiance est à peu près la même. Dans cet atelier où sont alignées plusieurs machines à coudre, le ronron des machines se fait entendre et attire l’attention de loin. Contrairement à Bouba, pour ‘’Always’’, propriétaire de l’atelier, tous les clients sont les bienvenus ; il réceptionne les coutures par ordre d’arrivée ; que l’on soit un client habituel ou un nouveau client, le traitement est le même. Ainsi, à la veille de cette rentrée scolaire, c’est une véritable période de grâce qui s’offre à lui. «Nous cousons un pantalon à 2000 F, une jupe à 2000 F et une chemise à 2500 F ; ce qui fait un total de 4000 à 4500 FCFA par complet», confie Always. De 9h à 23h, le personnel de cet atelier, composé d’une dizaine de personnes, est à pied d’œuvre. « Ici, le travail se fait à la chaine, pendant que certains font les coupes, d’autres sont attelés à la couture», a-t-il indiqué.
Le port de la tenue scolaire est considéré par certains comme un moyen d’éviter les conflits interscolaires. Il permet certes aux scolaires de se sentir égaux. Cependant, selon des parents, l’achat des tenues est une dépense qui vient gonfler davantage les dépenses des ménages à la veille de la rentrée. En effet, il faut non seulement acheter les tissus, mais aussi les coudre. « Le tissu pour un pantalon ou une jupe coûte entre 1250 et 2000 FCFA et celui d’une chemise entre 750 et 1000 FCFA et c’est selon la qualité du tissu ; une situation qui n’est pas du tout facile pour bon nombre de familles, en particulier celles dont le revenu est faible», a expliqué Mme Hamsatou, mère de 4 enfants.
Par Aminatou Seydou Harouna(onep)