L’achat des vêtements pour la fête de l’Aid El Fitr fait partie des préoccupations majeures des derniers jours du mois béni de Ramadan. Depuis quelques jours, les différents marchés de la capitale Niamey sont noirs de monde (majoritairement des femmes et des jeunes). Au grand Marché de Niamey, lieu d’achat par excellence pour la population, les commerçants retrouvent le sourire, ces derniers temps, après une période de rareté de clients due à la pandémie du COVID-19. Aujourd’hui, c’est le sourire aux lèvres pour les vendeurs de prêt-à-porter qui se frottent les mains en profitant à leur guise de la demande qui reste visiblement forte. Oui, la demande des habits de fête est très forte tant dans les marchés comme dans les boutiques de prêt-à-porter.
En date du mercredi 20 mai 2020 correspondant au lendemain de la nuit du ‘’lailatoul qadr’’ ou nuit du destin, l’accès au sein du grand marché relève d’un parcours de combattant. Une belle occasion pour les commerçants. Pour Moussa, le chiffre d’affaire des commerçants dépend toujours des nombres de clients enregistrés. ‘’ On voulait toujours voir ce marché plein de gens qui vont venir faire des achats. En cette occasion justement, les fidèles musulmans se dotent des meilleurs vêtements pour la fête afin de visiter les proches sous une belle apparence. Ce qui se traduit chez nous par une hausse de nos chiffres d’affaires, ces temps-ci. J’arrive à me faire plus de 600.000f cfa par jour, depuis le début de cette semaine’’, a indiqué M. Moussa qui vend des habits pour les enfants et les femmes.
Les vendeurs des ‘’bazins’’ ont à leur niveau multiplié les offres. Dans certaines boutiques, on en trouve de, toute qualité à savoir, des ‘’Djezner’’, ‘’bazin facebook’’, ‘’zayba couleur’’, « Lomassa », « VIP », etc. et les prix tournent autour de 10.000 et 20000 FCFA le mètre. Selon M. Coulibali Ibrahim, collaborateur d’un établissement d’Import-export et de vente de ‘’bazins’’, cette année, la demande de prêt-à-porter a augmenté. « Dans les années antérieures, nous vendons très peu les prêt-à-porter dans notre boutique. Les clients préfèrent acheter les non-cousus pour aller coudre sur mesure. Mais cette année pour la plupart des cas, surtout pour les hommes et les enfants, les gens ont opté pour le prêt-à-porter, c’est-à-dire des bazins bien cousus en divers modèles et tailles. Certainement, c’est parce qu’ils n’ont pas eu d’argent en avance et ils ont peur d’être déçus par les tailleurs à travers les faux RDV », estime M. Coulibali Ibrahim.
Cependant, certains commerçants se plaignent de la crise sanitaire qui se vit dans le monde. Pour M. Issoufou, vendeur de costumes et de vêtements de haute qualité au grand marché de Niamey, le contexte sanitaire a eu un impact négatif sur le marché cette année. « Tout ce beau monde que vous voyez dans ce marché se plaint de la cherté de nos articles. Les gens trouvent les habits prêt-à-porter trop chers. Ils viennent en grand nombre mais vraiment l’achat reste à désirer. Tu proposes un prix, on te parle de corona. A cela s’ajoute la fermeture des portes qui font face à la voix expresse. Cette situation crée de l’embouteillage et de l’encombrement au niveau de certaines portes. Sinon, les quelques clients que j’arrive à convaincre de visiter ma boutique sont satisfaits. Les prix sont très abordables. Les prix des costumes varient entre 25.000 et 80.000FCFA selon la qualité», a expliqué M. Issoufou, vendeur de costumes.
Aux alentours du grand marché, c’est la même ambiance. Des vendeurs de prêt-à-porter pour les enfants profitent de la traite comme ils le disent. De même, dans les boutiques de prêt-à-porter, l’ambiance bat son plein. A Tandja Shoop, sis au quartier poudrière (sur la grande voie qui mène vers Wadata, à côté d’Ekanf Electric), les clients faisaient la queue et s’arrachent les nouveaux arrivages. « Au début, vraiment vous avons eu peur. Nous les propriétaires des boutiques de prêt-à-porter, c’est la nuit qu’on trouve la clientèle. Avec le couvre-feu, c’était un peu difficile. Mais maintenant, vraiment ça va. Depuis la semaine dernière, on ne fait que vendre. Chaque jour, j’étale sur les rayons des nouveaux arrivages. Et mes clients sont très satisfaits. Le grand nombre de mes clients, ce sont les jeunes garçons qui aiment suivre la tendance. Je n’amène que des habits de classe’’, a dit le propriétaire de Tandja Shop.
Avec le jeûne et pour éviter les bousculades dans les marchés, Hawa Seidou a préféré faire le ‘’shoping’’ dans une boutique de prêt-à-porter. Elle a quitté Niamey 2000 avec ses 4 enfants (1 fille et 3 garçons) pour l’achat d’habits de fête, afin de faire plaisir à ses enfants. «Au début, j’étais partie au grand marché mais là-bas c’est un peu compliqué. Même là où parquer ton véhicule, c’est un problème. C’est pour les garçons que je n’ai pas encore trouvé. Les habits sont chers vraiment. Les commerçants doivent revoir leurs prix. Tu touches un pantalon ‘’jeans’’, on te parle de 7000 voire 12000 FCFA, et les teeshirts ne sont pas vendus à moins de 3000 F, les chemises à 5000 FCFA au plus. En cette période de fin de ramadan, nous avons des dépenses ostentatoires à faire. Et les commerçants doivent comprendre que nous n’avons pas que l’achat d’habits de fête», a-t-elle expliqué.
Dans les marchés, comme dans les boutiques de prêt-à-porter des différents quartiers, les clients arrivent à se doter d’habits de fête en fonction de leurs moyens.
Par Abdoul-Aziz Ibrahim Souley(onep)