Débutées le 30 octobre dernier, les consultations intergouvernementales entre le Niger et l’Allemagne, ont pris fin, le vendredi 1er novembre dernier, au Ministère des Affaires Etrangères. A l’issue des travaux, un aide-mémoire a été signé par les deux parties. C’est la Secrétaire générale du Ministère en charge des Affaires et de la Coopération, Mme Amina Djibo Diallo et le Chef de la Délégation allemande et Directeur de la Division Afrique de l’Ouest du Ministère Fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement, M. Ronald Meyer, qui ont apposé leurs signatures sur le document. Ces assises qui ont regroupé des experts allemands et des membres et responsables de l’Administration nigérienne, s’inscrivent dans le cadre de la préparation des prochaines négociations intergouvernementales, entre les deux pays, prévues se tenir courant 2020 en Allemagne.
Dans son intervention, le chef de la délégation allemande M. Ronald Meyer a indiqué que les deux pays entretiennent des relations depuis de longue date. Selon lui, cette signature permettra de mieux cerner les réformes et les stratégies en cours. « Ces consultations nous ont permis de faire une sorte de revue de notre coopération et ont donné la possibilité, aux deux parties, d’échanger sur l’état de lieux, les défis et les perspectives de cette longue coopération, entre l’Allemagne et le Niger », a soutenu M. Meyer. Quant à la SG du Ministère nigérien des Affaires étrangères, elle a émis le vœu que les engagements de cette coopération pour les années à venir, donneront la parfaite illustration de l’inspiration du gouvernement allemand, celle de développer encore plus, ces relations durables. Mme Amina Djibo Diallo a cependant reconnu que beaucoup de défis restent encore à surmonter. «Nous nous rendons compte du fait qu’il a y eu beaucoup d’acquis et de réussites, de leçons apprises mais aussi de défis, desquels on tire la nécessité de dire qu’il faut renforcer les relations de cette coopération à tous les niveaux », a-t-elle estimé.
Mme Diallo a ajouté que les deux parties ont aussi évoqué la question du défi sécuritaire et de la migration, des problèmes de la jeunesse. « Là aussi il y a des avancées indéniables. Cette jeunesse démunie, se bat comme elle le peut pour arriver à capter tous les moyens nécessaires à l’épanouissement et à la construction d’une vie décente », a-t-elle dit.
La signature de cet aide-mémoire, en plus de renforcer les liens séculaires de coopération entre les deux pays, démontre que la coopération allemande contribue significativement dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des populations nigériennes.
Les cadres institutionnels d’une coopération féconde
Selon un document fourni par l’Ambassade Allemande au Niger, intitulé : ‘‘50 ans de coopération entre l’Allemagne et le Niger’’, la coopération bilatérale étatique constitue le fondement de la coopération allemande. En Allemagne, le domaine de la coopération au développement est du ressort du Ministère Fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ) qui, en coordination avec le Ministère des Affaires Etrangères, donne les lignes directrices politiques. Pour l’exécution technique et financière des accords, la coopération allemande s’appuie sur l’expertise de certaines institutions de droit public qui se complètent mutuellement. La même source révèle que la coopération technique est chargée, à travers la GIZ et l’Institut fédéral de géosciences et des matières premières BGR, du développement des capacités. La coopération financière, à travers la banque de développement KfW est chargée de la mise en valeur du potentiel économique du pays partenaire par des investissements.
La coopération au développement au Niger comprend aussi les
acteurs de la société civile et les organisations non gouvernementales dans les domaines humanitaire et social. En outre, d’autres ministères fédéraux, le Service civil pour la paix ZFD (GIZ, EIRENE) et bien d’autres acteurs, financent des programmes et projets au Niger.
Ainsi l’Allemagne, dans le cadre de la coopération multilatérale, contribue, entre autres, essentiellement aux programmes du Fonds Européen de Développement de l’Union Européenne, à la mission civile EUCAP Sahel Niger, aux programmes de diverses organisations des Nations Unies, aux programmes du Fonds monétaire international, de la Banque Mondiale, de l’Union Africaine à travers le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) et aux programmes de la Banque Africaine de Développement. La feuille de route de la coopération allemande bilatérale au Niger est déterminée par plusieurs facteurs, notamment la concordance avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) post-2015 des Nations Unies, ainsi que le respect des principes de réguliers forums de haut niveau sur l’efficacité de l’aide qui se sont tenus à Rome en 2003, à Paris en 2005, à Accra en 2008 et à Busan en 2011.
D’autres facteurs déterminants du partenariat au développement sont les stratégies nationales de développement du Niger, comme celles définies dans le Plan de Développement Economique et Social (PDES) en cours, l´Initiative 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens), ainsi que dans la Stratégie de Développement Durable et de Croissance Inclusive – Niger 2035 (SDDCI) en cours d’élaboration. En raison des facteurs susmentionnés, la coopération allemande est axée sur deux pôles prioritaires (‘’Décentralisation et Bonne Gouvernance’’ et ‘’Sécurité Alimentaire et Agriculture Productive’’), et deux programmes hors pôles prioritaires (‘’Santé Reproductive’’ et ‘’Éducation Primaire’’). S’y ajoutent des programmes régionaux, des projets d’aide transitoire et des projets bénéficiant d’autres financements publics. L’appui à l’Autorité du Bassin du Niger, dont le secrétariat exécutif est basé à Niamey, contribue à la réalisation des priorités de développement du Niger. En concertation avec les autres partenaires techniques et financiers (PTF), la coopération allemande s’engage principalement dans les régions de Tillabéry, de Tahoua et d’Agadez. Le document indique que les projets et programmes à implémenter sont décidés conjointement entre les gouvernements des deux pays dans un processus de consultations préparatoires et de négociations concluantes dans une phase trisannuelle. Ils sont formalisés par la signature d’un accord. Cette démarche caractérise l’approche particulière de l’Allemagne, garantissant un partenariat efficace sur un pied d’égalité.
Mahamadou Diallo(onep)