Après un mois d’adoration d’Allah, de dévotion, et de purification pour les fidèles musulmans, les populations nigériennes s’apprêtent à célébrer la fête de Ramadan connue sous l’appellation de l’Aïd El Fitr. C’est une occasion de présentations de bons vœux, et de visites des proches parents, amis et connaissances, ainsi que de partage des fameux plats de la fête. L’Aïd El Fitr est également l’occasion de montrer sa solidarité vis-à-vis de ses voisins, et ses parents, de partager la joie à travers le traditionnel ‘’barka da sallah ou kayessi’’. Pour cette fête, les pintades, les poulets, le poisson, le dindon, les ailes ou cuisses de pintade et/ou de poulet, qui constituent la base des mets de fête sont fortement demandés sur les marchés et au niveau des grandes alimentations de la place.
Comme d’habitude, c’est la ‘’débrouillardise’’ chez les chefs de familles à l’approche de la fête. Ainsi, chaque année, quelques jours avant la fête, on remarque une flambée subite des prix de divers produits de consommation hormis les habits de fête. En ce qui concerne la volaille, c’est la pintade qui fait figure de ‘’reine du moment’’; car fortement recherchée et prisée par les personnes nanties en pareille circonstance. En somme, c’est déjà un véritable casse-tête pour les pères de familles.
Du côté des commerçants, chacun cherche coûte que coûte à écouler ses marchandises, tout en cherchant à empocher le plus d’argent possible et donc à réaliser un très bon chiffre d’affaire. Une occasion pour certains vendeurs véreux, loin de toute quête de bénédiction du mois béni, de gonfler les prix de leurs produits pour compliquer davantage la tâche aux pères de familles. Avec la morosité économique ambiante, les difficultés du moment ne font que se multiplier pour les petites bourses.
Dans tous les marchés de la ville de Niamey, et même aux alentours, apparaissent des points de vente des produits de toute sorte. De la volaille au poisson en passant par les condiments frais. Mais, l’engouement est morose comparativement aux années précédentes.
M. Noma Alzouma est le délégué des vendeurs de poisson au marché Dar Es Salam. Il exerce cette activité depuis des années. «J’ai plus de trente ans d’expérience dans ce domaine». Dès que le carême dépasse les 15 jours, il n’y a plus question de marché, il faut peut-être l’avant-veille ou la veille de la fête. En ce jours mardi 11 avril 2023, le marché est morose, il n’y a pas assez de clientèle. Le prix du poisson n’a pas augmenté, malgré tout, les gens ne viennent pas. «Ici nous vendons le poisson ‘’capitaine, carpe et silure’’. Le kilo de capitaine est à 3250 F voire 3500 FCFA, le kilo de carpe et silure à 2500 FCF», dit-il. Comparativement à l’année précédente, cette année il n’y a pas de clientèle selon ce commerce qui précise que cette année, la grande quantité de poisson leur provient de Diffa, et la plupart des gens envoient leur argent là-bas pour qu’on leur en achète. C’est la raison pour laquelle ils n’arrivent pas à avoir des clients. Le poisson leur provient également du Mali et du Nigéria. «Le problème que nous rencontrons actuellement est surtout lié à la clientèle ; les gens ne viennent pas pour en acheter. Les frigos sont bourrés de poissons, mais il n’y a pas de client», déplore M. Noma Alzouma.
M. Maman Sani est un vendeur de volailles au marché Dar Es Salam de Niamey. C’est une activité qu’il exerce depuis exactement dix ans. A cette date du 11 avril, les gens n’ont pas encore commencé à venir acheter. «Actuellement, la volaille est toujours disponible, mais pas comme les années précédentes. Cette année, il y a deux problèmes. En premier lieu, tout le monde sait que les gens n’ont pas d’argent, et il y a l’insécurité dans la zone pourvoyeuse de volaille», dit-il. Pour ce qui est du prix de la volaille, ce vendeur note qu’à la date du 11 avril, la pintade est vendue entre 4000 F et 4500F CFA, et le poulet de 2000F à 3000F CFA. «Mais tout peut changer à tout moment. Ça peut descendre tout comme ça peut monter surtout l’avant-veille et la veille de la fête», a fait savoir Maman Sani.
M. Sani, un boucher au petit marché partage le même point de vue que les autres vendeurs. Selon lui, pour le moment les gens n’ont pas commencé à faire l’achat pour la fête. «La viande rouge est fortement consommée les jours de fête. Il ya des gens qui achètent 5 kg voire 10 kg ou plus. Le prix du kilo est toujours intact, 2500 F le kg de viande de bœuf ; et 3000 FCFA pour celui du mouton», précise-t-il.
M. Saidou quant à lui est un vendeur de condiment au petit marché. Il souligne déjà la hausse des prix de certains légumes comme l’oignon. En effet, le sac de 100 kg qui était à 14.000 F CFA est actuellement à 22.000 FCFA, le seau à 2000 F tandis que la tasse (Tia) coûte 1000 F voire 1250 F CFA. Quant au carton de la tomate fraiche, il coûte actuellement à 18.000F CFA, le seau est à 3500F CFA et la tia à 2000 F CFA. Le grand sac du piment frais est à 40.000 F CFA et le sac moyen à 25.000 F CFA. Le prix du poivron est toujours intact. «A vrai dire, les gens n’ont pas encore commencé à faire l’achat pour la fête», souligne-t-il.
Farida Ibrahim Assoumane(onep)