A l’initiative du gouvernement nigérien, la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix a organisé hier matin à Niamey, un forum international sur la paix et la stabilisation dans le Sahel central et le bassin du Lac Tchad. Ce forum qui regroupe des chercheurs, des universitaires ; des experts militaires et civils venus de divers horizons, vise à échanger et partager les expériences sur la problématique de la lutte contre le terrorisme d’une part et à mener une réflexion profonde sur les stratégies efficaces à mettre en œuvre pour stabiliser les zones de conflit et lutter contre le terrorisme insurrectionnel dans le Sahel central et le bassin du lac Tchad d’autre part. C’est le Premier ministre, Chef du gouvernement, Brigi Rafini qui a présidé l’ouverture des travaux en présence du représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et chef de la mission intégrée multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), M. Mahamat Saleh Annadif ; du Secrétaire Permanent du G 5 Sahel, M. Maman Sambo Sidikou ; de la coordonnatrice du système des Nations Unies au Niger, Mme Louise Aubin ainsi que de plusieurs invités.
Les récentes exactions des terroristes sur des populations civiles au Niger constituent la preuve suffisante que la lutte contre le terrorisme est un défi majeur pour les Etats sahéliens. C’est pourquoi le forum de Niamey se propose de dégager l’ensemble de défis qui se posent dans les zones de conflit. Selon le président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix, le Général de Brigade Mahamadou Abou Tarka, le premier défi est bien évidemment la sécurité. Il faut alors lutter efficacement contre l’insécurité dans le Sahel central et le bassin du Tchad. C’est justement à ce niveau précis que les Forces armées et les forces de sécurité intérieures sont convoquées. Le second défi, c’est que dans les zones de conflit, l’économie est complètement désorganisée en raison des opérations que mènent les terroristes. Il faut de ce fait apporter aux populations vivant dans ces zones un appui à travers des projets de développement en dépit de l’insécurité.
Le concept de stabilisation dont il est ici question est de faire en sorte que ces zones de conflit ne tombent pas dans l’urgence humanitaire. Pour y arriver, les acteurs du développement et les forces de défense et de sécurité doivent travailler ensemble dans ces zones si on veut poser les jalons d’un futur développement, a expliqué le Général de Brigade Mahamadou Abou Tarka. Il devait par ailleurs expliquer la genèse de la crise dans la région du Sahel et au bassin du Lac Tchad. «La crise que nous vivons dans notre région est d’abord et avant tout, une crise politique qui tire son origine dans deux problématiques : pour le Sahel central, c’est la problématique de l’unité nationale. L’épicentre de la crise se trouve dans le Nord du Mali, fragilisé par des décennies de rébellion liées à la question touarègue qui a éludé toutes les tentatives de règlements par le gouvernement du Mali. Pour le bassin du Lac Tchad, l’épicentre de la crise se trouve au Nord Est du Nigeria, dans l’Etat du Bornou», a-t-il souligné.
Auparavant, le représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et chef de la MINUSMA a souligné que le mal qui ronge le Sahel et le bassin du Lac Tchad a été bien diagnostiqué dans la note conceptuelle. «Je partage d’autant plus ce diagnostic que je suis de ceux qui ont toujours estimé que le terrorisme ou l’extrémisme violent sous toutes ses formes qui sévit au Sahel et dans le bassin du Lac Tchad est comparable à un virus. Ce virus, une fois qu’il est dans le corps, il faut voir sa solution, son remède dans le moyen et long terme. En effet, le terrorisme et le virus sont invisibles. Ils ne connaissent pas de frontières. Comme le virus, les terroristes changent de mode opératoire. Chaque fois que nous changeons de tactique, ils savent s’adapter. Ils ont un point commun qu’ils soient d’Al-Qaïda ; l’Etat Islamique ; Boko Haram, ils obéissent à une même logique à savoir la violence aveugle, la déstructuration des Etats, l’exacerbation des haines intercommunautaires et intra-communautaires. La réponse à ce mal doit être perçue sous l’angle régional. C’est en cela que la création du G 5 Sahel est pertinente», a relevé M. Mahamat Saleh Annadif.
Quant au secrétaire permanent du G 5 Sahel, M. Maman Sambo Sidikou et la coordinatrice du système des Nations Unies Mme Louise Aubin, ils ont souligné la nécessité d’accompagner les Etats sahéliens dans la lutte contre le terrorisme. Les récentes attaques terroristes contre des populations civiles dans les régions de Tillaberi et Tahoua montrent l’urgence d’agir, de revoir les stratégies dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel central et le bassin du Lac Tchad.
Hassane Daouda(onep)