
Notre société est-elle en train d’évoluer vers l’effondrement de certaines de ses valeurs cardinales ? Hélas, sans vouloir l’affirmer, nous pouvons le craindre ! Jadis, le culte voué aux valeurs de solidarité et d’humanisme a permis à nos ancêtres et, même dans un passé proche, à nos parents, de surmonter des dures épreuves de la vie. Quand un malheur touchait une personne, une famille ou un village, aussitôt la dynamique de la solidarité et de l’humanisme se mettait en branle pour apporter secours, aide et compassion aux personnes affectées.
Mais que constate-t-on de nos jours ? Ça saute à l’œil que l’indifférence et l’insensibilité ont pris le pas sur ces valeurs cardinales de notre société. Ce qui se traduit par une somme de comportements préjudiciables au triomphe des règles et des principes moraux qui veulent que l’être humain soit toujours traité avec plus d’humanisme.
Cette faillite des valeurs d’humanisme et de solidarité s’affiche quotidiennement à nos yeux à travers certaines scènes tragiques au cours desquelles ce qui doit inspirer la pitié, l’assistance et la compassion se limite à éveiller la curiosité des passants. Prenons par exemple le cas des accidents de la circulation. Le problème, ce n’est pas tant la fréquence des accidents dans les rues de Niamey, mais la façon dont les témoins de ces scènes assistent aux sinistres. Ainsi il est fréquent de voir une personne accidentée gisant dans son sang en bon milieu de la chaussée, et tout autour d’elle, une nuée de curieux mus par le seul souci de voir pour ‘’ne pas se le faire raconter’’.
Souvent, c’est avec une réelle délectation que certains passants assistent à ces scènes cruelles, sans jamais songer à porter la moindre assistance aux blessés. Certains témoins au ‘’cœur sec’’, tels des paparazzis, se précipitent pour déployer leur téléphone portable et se mettre à filmer la scène du sinistre, au mépris du devoir qui leur incombe de respecter l’intégrité morale et le droit à l’image des victimes. Pour les plus audacieux, c’est l’occasion idéale de jouer aux ‘’croque-mort’’ en prenant des images en mode selfie, histoire de prouver qu’ils étaient bien là quand tout se passait. Et, en peu de temps qu’il n’en fallait, les images (souvent atroces) de l’accident font le tour des réseaux sociaux.
Pire est le cas des conducteurs qui heurtent un piéton ou un motocycliste et qui, au lieu de s’arrêter pour lui apporter l’assistance dont la victime a besoin, fuient en la laissant sans le moindre secours.
Dans un cas comme dans l’autre, les auteurs de ces actes immoraux et inhumains doivent comprendre qu’en agissant ainsi, ils s’exposent aux rigueurs de la loi pénale, dont certaines dispositions condamnent la non-assistance à personne en danger, acte consistant à s’abstenir volontairement de porter à une personne qui est péril, le secours dont elle a besoin, et qu’il est possible de lui porter.
Assane Soumana(onep)