le président, peut-on connaître la genèse de votre Association ?
D’entrée de jeu, je vous remercie de cette importante opportunité tant attendue par les consommateurs des services bancaires et des secteurs financiers, qui ont connu et qui connaissent encore d’énormes difficultés surtout pendant la période de virement salarial ou quand il s’agit d’obtenir des crédits. En ce sens qu’il n’existe aucun cadre de dialogue avec ces services bancaires. Devant cette situation déplorable, nous avions décidé, bien entendu après moult réflexions et analyses approfondies de créer cette association conformément à la réglementation en vigueur sur le régime des Associations au Niger. C’est ainsi qu’en mars 2005 nous avions tenu notre première assemblée générale pour mettre en place le bureau provisoire et adopter les statuts et règlements intérieurs. La reconnaissance du ministère de l’intérieur est intervenue le 31 Mars 2005.
Quels sont concrètement les objectifs de cette initiative ?
L’Association a pour objectifs essentiels de défendre, d’informer, de former, d’organiser et de représenter les consommateurs des services des banques et établissements financiers. Toutefois, elle peut également entreprendre toute action dont le but contribue à développer les secteurs financiers au bénéfice bien entendu des consommateurs.
Que doit-on comprendre par consommateurs de Banques ?
Alors, par consommateurs des services bancaires entendez bien toute personne physique ou morale qui bénéficie des services des banques et autres institutions financières. Aussi, sachez que la loi sur la protection ou relative à la protection des consommateurs a défini la généralité pour le Niger.
Depuis la création de cette Association qu’est-ce qui a été réalisé à l’endroit de ces consommateurs ?
Question pertinente ! Alors, convenez avec moi, que la naissance de cette association a fait bouger quelques lignes. En ce sens, qu’avant la naissance de notre organisation, vous aviez certainement dû remarquer que les banques se permettaient librement de choisir leurs clients. Elles prenaient les clients munis d’ossatures salariales solides. Ainsi, sur la base du niveau de salaire, elles orientaient les petits salariés vers des comptes d’épargne alors qu’une décision du gouvernement autorise tous ceux qui disposent d’un salaire jusqu’à 25.000 FCFA régulier à ouvrir un compte courant dans les banques. Ceci dit, nous avions interpelé la Banque Centrale sur cette situation. Résultat : les banques ont obtempéré. C’est ainsi, qu’à l’issue d’une de nos assemblées générales statutaires, nous avions donné l’alarme en disant que le taux d’usure de la Banque centrale est très élevé: 27% pour les caisses d’Epargne et de crédits et 18% pour les banques. A l’heure actuelle il est revu à la baisse respectivement 24 % et 15%. Ce n’est pas tout: dans la mesure où nous sommes en train de dénoncer la cherté du taux d’intérêt sur les crédits accordés au Niger et les frais de tenue de compte. Nous avions, par ailleurs obtenu des banques la mensualisation de la tenue de compte et la mise en place des produits favorables aux clients comme entre autres le crédit Tabaski et le prêt scolaire.
Nous continuons à nous battre sur l’attestation de non engagement qui coûte très cher aux clients malgré que la Banque Centrale ait annoncé que la clôture de compte est gratuite. Ainsi, pour nous le compte est clos quand vous êtes en possession d’une attestation de non engagement. A ce sujet nous continuons de nous battre. Ce n’est pas tout étant donné que; l’autre combat réside également dans les difficultés de domiciliation irrévocable des salaires dans une banque alors que nous sommes à l’ère du digital. Pour tout dire, nous nous investissons beaucoup pour que les consommateurs des services bancaires et autres poussent un soupir de soulagement malgré nos moyens réduits.
Quelles sont les sources de financement de votre structure ?
Ecoutez, toute structure qui revêt un caractère sociale et économique, surtout comme la nôtre a besoin d’un appui. La nôtre pratiquement n’a pas grand-chose par rapport à l’important volume de travail dans lequel nos objectifs sont d’une nécessité impérieuse. Pour le moment nous travaillons avec quelques mécénats et appuis de bonnes volontés auxquels viennent s’ajouter les maigres cotisations des membres. Les Banques sont, bien entendu, nos partenaires avec lesquelles nous travaillons régulièrement, mais nous n’attendons pas qu’elles nous prennent en charge.
le président, le mot dela fin si vous en avez ?
Bien sûr ! Notre pays, c’est un rappel, a élaboré une stratégie d’inclusion financière depuis 2015 qui a été revue en 2018 conformément à la vision de l’UEMOA. Cette stratégie est scindée en cinq axes ainsi définis: La promotion d’un cadre légal et réglementaire, l’assainissement et le renforcement du secteur de la micro-finance, la promotion des innovations favorables à l’inclusion financière, des populations exclues composées des jeunes et des femmes, le renforcement de l’éducation financière et la protection des clients des services financiers et enfin la mise en place d’un cadre fiscal des politiques favorables à l’inclusion financière. Devant cette situation, il serait souhaitable que tout un chacun se sente concerné pour que l’objectif de 75% du taux d’inclusion financière soit largement atteint d’ici 2023. Etant donné que dans notre pays l’éducation financière est peu pratiquée et l’épargne financière très faible comparativement aux autres pays de l’UEMOA, il faut l’engagement de tous. Il a été expressément dit et redit qu’aucun pays ne peut se développer si ses populations continuent de thésauriser leur fortune au fond de leur domicile.
Correspondance particulière
Dubois Touraoua