Docteur Gourouza Marou, Maître de conférences en Chimie et enseignant chercheur à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université, Abdou Moumouni Dioffo de Niamey vient d’inventer une sonde piézométrique pour le suivi des niveaux d’eau. En plus des mesures piézométriques, le nouveau dispositif inventé au Niger permet de déterminer la conductivité du milieu aqueux. «L’appareil que nous venons de mettre au point est une sonde piézométrique qui permet de déterminer la conductivité du milieu, le degré de minéralisation de l’eau et sa correspondance aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé définies pour sa pureté. Cette technologie détermine également la quantité d’ions ; les cations et les anions. Il est accroché à notre sonde, un ruban gradué pouvant déterminer la profondeur du puits. Une fois que la sonde touche l’eau en profondeur, un son est émis et un signal lumineux indiquera que la sonde aura atteint la surface de la nappe», a-t-il expliqué.
Ce dispositif mis au point par ce chercheur nigérien, assisté de son étudiant qui prépare le premier master en électrochimie coûte largement moins cher que les instruments importés. Sa masse est prise entre 2 et 5 kg avec une forme d’enrouleur qui le rend très compacte et facilement transportable. La prise en main de ce matériel piézométrique pour le suivi des niveaux d’eau ne nécessite pas de formation pour l’usager.
Les motivations qui ont poussé ce chercheur à mettre au point cette invention sont à la fois d’ordre scientifique et patriotique. «Je m’étais rappelé quand, je préparais ma thèse de troisième cycle que j’ai travaillé avec la direction des ressources en eau du Ministère de l’Hydraulique. Depuis ce moment, il y avait un problème de sonde piézométrique pour déterminer le niveau de la nappe. Etant enseignant en électrochimie, je pourrai mettre au point un dispositif qui peut être différent des autres sondes. En même temps je me suis dit pourquoi ne pas essayer de coupler un conductimètre à la sonde. Ainsi j’ai mis au point une sonde qui permet de déterminer la conductivité du milieu et la piézométrie. Le matériel de fabrication du dispositif est local. Rien n’est importé», précise Docteur Gourouza Marou.
En effet, la Piézométrie est la mesure de profondeur de surface de l’eau souterraine. Son intérêt est de définir le sens de l’écoulement souterrain, d’estimer le débit d’une nappe, d’évaluer la recharge naturelle (fluctuations de la surface piézométrique), le régime d’alimentation de l’aquifère, d’explorer et apprécier les caractéristiques d’une nappe sur territoire (propriétés hydrodynamiques, limites de l’aquifère, études géotechniques avant réalisation d’un ouvrage etc.), de surveiller une nappe exploitée (durabilité de l’exploitation), d’étudier les relations de la nappe avec la surface (recharge, décharge).
Pour Docteur Gourouza Marou, les objectifs de son invention sont entre autres; le suivi de l’exploitation relativement forte de certaines nappes, l’observation de la variation naturelle des nappes et le régime d’alimentation des aquifères. «Notre sonde est manuelle et sonore. En plus des mesures piézométriques, elle permet de déterminer la conductivité du milieu aqueux. La conductivité électrique d’une eau est la conductance d’une colonne d’eau comprise entre deux électrodes métalliques de 1cm2 de surface et séparées l’une de l’autre de 1cm. L’unité de conductivité est le siemens par mètre (S/m). La mesure de la conductivité permet la surveillance de la pureté des eaux, le contrôle des eaux potables et des eaux utilisées dans la fabrication de produits, l’estimation du nombre total d’ions dans une solution», a-t-il expliqué.
Cette invention déjà protégée par son concepteur sera bientôt vulgarisée. Les usagers commandent ce type de dispositif à l’étranger à des coûts exorbitants. Quant, ce dernier tombe en panne, il est difficile de le réparer. «Je me suis dit en tant que chercheur de mon pays, je peux apporter ma contribution. Cette technologie ‘’Notre made in Niger’’ sera vendue quatre fois moins cher que celle importée», a assuré Docteur Gourouza Marou.
Quand on sait que l’accès aux ressources en eau et aux technologies associées à ce secteur est une question vitale au Niger et au-delà dans les pays du Sahel, l’invention de Docteur Gourouza Marou est d’un apport certain. Il reste à espérer que cette technologie soit suffisamment soutenue, vulgarisée et adoptée par les pouvoirs publics, qui décaissent des ressources importantes pour importer les mêmes équipements. En effet, beaucoup de Nigériens ont mis au point des technologies et des équipements utilitaires mais ont manqué de soutiens pour la vulgarisation de leurs inventions. Le cas du professeur Abdou Moumouni dont les recherches en énergies solaires auraient dû faire du Niger, un champion en la matière en est une preuve.
Seini Seydou Zakaria(onep)