Né en 1966 à Tahoua, Mamoudou Abdousalam est artiste, auteur, compositeur, arrangeur et producteur. Il y a fait ses études primaires et secondaires, pour ensuite poursuivre à l’Université de Niamey, au Département d’Anglais. Abdousalam s’est ensuite rendu en Côte d’Ivoire pour des études en musique. De retour au pays, il a travaillé au Palais des Congrès de Niamey, avant de rejoindre l’English Departement au Ghana, pour encore approfondir ses connaissances en musique. En 1999, à la demande du CNOU, l’artiste est revenu à Niamey pour encadrer les étudiants, dans le domaine musical. Mamoudou Abdousalam a encadré aussi plusieurs artistes locaux de renommée. Actuellement Conseiller technique du ministre de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation sociale, Abdousalam continue à servir la culture nigérienne à travers des séances de formations aux plus jeunes artistes et a, à sa possession plusieurs tubes qui attendent d’être édités. Sahel Dimanche l’a rencontré pour vous.
En tant qu’artiste, vous avez fait un parcours assez élogieux. Qu’est devenue la vedette que les nigériens ont connue et qu’ils n’entendent plus depuis plusieurs années ?
Actuellement, je suis conseillé technique du Ministre en charge de la renaissance culturelle des arts et de la modernisation sociale. Comme peuvent le penser certains, je n’ai pas encore raccroché, par rapport à ma production musicale. Car, je suis en train de mettre mon expérience toujours dans le même domaine. Cependant, j’essaie de faire violence sur moi et cela avec plaisir parce que je veux toujours servir mon pays. En tant que conseiller, je suis fier de me trouver avec mon élève qui est Aichatou Dan Kwali, qui elle aussi est conseillère au niveau du même Ministère. Ainsi, les échanges sur le plan culturel se poursuivent aussi bien avec elle qu’avec d’autres artistes. En plus, j’encadre les jeunes artistes nigériens, que j’assiste régulièrement à travers des rencontres et des arrangements de leurs productions mais aussi à travers des conseils.
Pouvez-vous nous dire comment est-ce-que vous êtes venu à la musique ?
C’est tout naturellement que je suis venu à la musique. C’est en 1984 que j’ai commencé à chanter. En ce temps-là, je partais à l’église de Madaoua, c’est là-bas que réellement le virus de la musique m a pris. Ensuite, au collège, chaque fois qu’il y a une animation culturelle on y prenait part. Une fois au Lycée, j’ai commencé à apprendre mes premières notes musicales avec une guitare, puis quand il s’est agi de faire des demandes d’orientations, j’étais le seul à faire une demande de bourse pour faire des études en musicologie. En ce temps, le Niger voulait envoyer 10 étudiants pour des études supérieures en musique, et personne n’en voulait. J’étais donc le seul recipiendaire. Je l’ai décrochée. Ainsi, je suis parti. A mon retour, en 2005, le Projet 5èmes Jeux de la Francophonie a fait appel à moi pour occuper un poste à la commission musique.
On sait que vous avez fait plusieurs morceaux musicaux quels sont les thèmes que vous évoquez dans vos chansons que le public appréciait ?
Les thèmes de mes compositions sont relatifs à l’amour, la paix, la parenté à plaisanterie bref tous les aspects sociaux de la vie quotidienne.
Peut-on espérer un retour de l’artiste Abdoussalam, surtout que vos fans, aussi bien ceux du Niger, du Nigeria ou encore du Ghana vous réclament ?
Je suis encore musicien et je pratique la musique. En effet, si vous avez suivi pendant le Sommet de l’UA 2019, j’étais dans le groupe d’artistes qui a chanté pour cet évènement. Dans le cadre de la formation, j’épaule aussi des jeunes que moi je qualifie et considère comme la relève de la Renaissance, comme Abel Zamani, il y a aussi d’autres jeunes qui profitent de cette formation car ils ont l’étoffe d’artistes et l’ont hérité culturellement parlant.
Préparez-vous actuellement un autre album ?
Certes, je n’ai pas beaucoup de temps disponible, à cause de ma fonction de conseiller. Cependant, j’ai toute ma vie pour préparer, pas un seul album mais plusieurs. D’ailleurs actuellement, j’ai dans mon stock 255 titres personnels, donc j’ai une provision importante de morceaux. Je dois dire qu’aucun de mes enfants ne s’intéressent à la musique, ce qui fait que j’encadre plutôt d’autres enfants qui s’y intéressent. Il y a particulièrement deux jeunes, que je suis de près qui me côtoient, c’est le cas d’Abel Zamani, nous sommes actuellement sur ses œuvres. Il y a aussi KAL, un artiste qui a plusieurs titres à son compte. D’autres encore me demandent de venir apprécier leurs œuvres avant leur sortie.
Quels sont, selon vous, les obstacles que rencontrent les artistes nigériens ?
Le premier obstacle aujourd’hui, c’est la recherche de la facilité. En effet, les gens n’aiment pas travailler. Ce qui fait que les produits présentés au public sont de moindre valeur. Les thèmes sont mal choisis et le contenu des chansons est presque nul. En plus, certains artistes n’aiment pas se former avec des instruments au Centre de formation et de promotion musicale. Alors que c’est une véritable opportunité qu’ils doivent saisir. L’autre problème est lié à la promotion même de nos artistes, qui demande beaucoup de moyens et surtout d’argent. Je prends un exemple, si on veut faire la promotion d’un artiste et de son œuvre, il faut débloquer, au plus bas mot environ 60 millions FCFA. Je profite pour lancer un appel aux compagnies de téléphonie mobile, qu’au lieu d’inviter des artistes étrangers qui leur coûtent trop cher, elles doivent plutôt s’investir à la promotion des artistes nationaux qui eux valorisent la culture locale et sont moins coûteux. Personnellement, je trouve aberrant qu’on fasse venir un artiste de l’extérieur à coup de millions, parfois à plus de cent millions, alors que localement il existe des talentueux artistes moins chers et qui ne demandent qu’à être invités, surtout que c’est la richesse des nigériens qui est utilisée à ces fins.
En tant qu’artiste, où est-ce que vous vous sentez plus utile pour la culture, sur scène ou bien dans un bureau ?
Je dois dire que je suis aussi bien utile derrière un bureau que sur scène. En fait, au bureau aussi, comme je l’ai dit ci-haut, je travaille à la formation des artistes, j’assiste le ministre en charge de la Renaissance culturelle, je lis, corrige les textes de ces jeunes artistes, donc je suis aussi bien pratique au bureau comme sur scène où je chante, je danse et je transmets des messages.
Quelles sont vos relations avec le BNDA ?
Par rapport au Bureau National des Droits d’auteur, je dois reconnaître que je perçois mes droits d’auteur. Cela pratiquement deux fois par an. Cependant, je souhaiterai que le montant soit rehaussé. Les utilisateurs de nos productions, doivent, à mon avis payer un peu plus pour permettre aux artistes de se nourrir de leur métier. A l’endroit du BNDA, je lui réitère cet appel consistant à revoir en hausse les montants qu’ils donnent aux artistes pour que la musique nourrisse son homme, surtout que l’artiste véhicule la culture et l’image de son pays.
Interview réalisée par Mahamadou Diallo et Farida Ibrahim Assoumane