De performance en performance, les Nigériens continuent d’écrire l’histoire dans cet art martial noble originaire de la Corée appelé le Taekwondo. Après de nombreuses prouesses des athlètes tels qu’Abdoul Razak Issoufou Alphaga, Maharana Amadou Tidjani, la qualification aux Jeux olympiques de Nouridine Issaka et du parataekwondo Oumarou Jabirou, c’est au tour de l’arbitre international de Taekwondo, Me Ibrahim Issa Samsou, d’être qualifié pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Maître Ibrahim Issa Samsou est ceinture noire 5ème Dan, président de la commission parataekwondo de l’AFTU et vice-président de la Commission Centrale des Arbitres de Taekwondo du Niger. Il est connu pour être l’un des meilleurs arbitres de Taekwondo en Afrique et désormais au monde.
Samsou a été arbitre lors de nombreuses compétitions et a fièrement représenté son pays. C’est la première fois de l’histoire du Taekwondo nigérien que le Niger sera représenté dans le corps arbitral des Jeux olympiques. Et c’est Me Samsou qui vient d’inscrire en lettres d’or le nom de notre pays au plus haut niveau de la messe sportive mondiale. Me Ibrahim Issa Samsou ambitionne de montrer, lors des Jeux olympiques de Paris, que les Nigériens ont un talent énorme et peuvent réaliser de grandes choses. Me Ibrahim Issa Samsou a obtenu sa qualification olympique en tant qu’arbitre de Taekwondo de haute lutte. En effet, sur environ 6 000 arbitres internationaux de la Fédération mondiale de Taekwondo, seuls 270 ont été choisis pour participer à des camps d’entraînement, en fonction de leur expérience et de leur participation à des compétitions de haut niveau.
A la fin de ces camps, les participants ont été soumis à plusieurs évaluations théoriques, pratiques et médicales. Après ces tests, 60 arbitres ont été sélectionnés parmi les 270 candidats, dont 10 Africains. Les 60 arbitres sélectionnés ont participé à toutes les compétitions majeures nécessaires pour se qualifier aux Jeux Olympiques, incluant le championnat du monde, les grands prix Cerise, le grand prix Final, le grand slam, ainsi que les tournois continentaux de qualification olympique. Samsou a pris part, récemment, à ces qualifications à Sophia en Bulgarie et en République dominicaine. À l’issue de tous ces tournois, la Fédération Mondiale de Taekwondo a choisi 26 arbitres parmi les 60 qui officieront lors des Jeux Olympiques de Paris 2024. Il y aura 13 hommes et 13 femmes, dont 3 sélectionnés en Afrique, incluant Samsou le Nigérien, une Égyptienne et un Tunisien.
C’est grâce à sa détermination, sa persévérance et son dévouement que Me Samsou a été sélectionné aujourd’hui, car c’est la qualité de son travail qui lui a valu d’être choisi parmi les meilleurs. « Ce travail n’a pas été facile, car la compétition a duré une année, sur les 4 continents. Les défis étaient importants, tant du point de vue financier que physique, car pour réussir des performances, il fallait disposer de ressources financières conséquentes et bénéficier d’un soutien considérable. Ce n’est pas seulement une question de compétences pour réaliser de telles performances, mais aussi une question de force mentale pour supporter les difficultés liées aux voyages et à la pression, qui peuvent être complexes dans certains endroits du monde », nous confie l’heureux arbitre. « Après le premier Camp réunissant entraîneurs et arbitres, le deuxième Camp réservé aux arbitres se déroulera à Monte-Carlo, à Monaco. Des entraînements intensifs sont prévus pour assurer une excellente performance aux JO de Paris afin de garantir la participation future aux JO de Los Angeles en 2028. Nous espérons vivement une plus grande participation du Niger, à la fois du côté technique et des arbitres, car il est essentiel pour les athlètes d’avoir des officiels de leurs propres pays », a-t-il expliqué.
Me Ibrahim Issa Samsou éprouve quelques difficultés dans sa carrière d’arbitre en raison d’une particularité propre au Taekwondo, car l’arbitre doit prendre en charge son billet lorsqu’il est invité à une compétition officielle, contrairement aux autres disciplines où l’arbitre bénéficie d’une prise en charge totale. Il ajoute que les arbitres de taekwondo bénéficient d’une prise en charge totale, à l’exception des frais de déplacement, ce qui peut les empêcher d’accepter certaines invitations. « Jongler avec trois voyages par mois, une situation courante, peut se révéler difficile pour les arbitres sur le plan financier », souligne-t-il.
Dans cette perspective, Me Ibrahim Issa Samsou en appelle à la générosité des grandes entreprises, car selon lui, il n’est pas simple pour l’État de prendre entièrement toutes les charges. Il estime que les grandes sociétés dans leur ensemble ont également un rôle à jouer pour soutenir les sportifs. Il souligne qu’il n’est pas courant de voir un sportif au Niger bénéficier du soutien d’une entreprise locale, alors que ces grandes sociétés ont les moyens de le faire et que cela se pratique ailleurs. Récemment, dit-il, un athlète burkinabé qualifié pour les Jeux olympiques a été pris en charge par une entreprise locale au Burkina.
« C’est la première fois qu’un arbitre nigérien est choisi pour officier aux Jeux olympiques, dans toutes les disciplines confondues. Le Niger regorge de talents. La médaille olympique d’Alphaga et son titre de champion du monde démontrent que le talent est bien présent. La qualification de Nouridine, et les performances de Zaraou et Aboubacar Mangué confirme cette richesse en talents. Même nos aînés avaient du talent, malheureusement, l’accompagnement faisait défaut. J’ai décidé de me sacrifier pour ouvrir la voie aux générations futures, car elles doivent trouver la porte grandement ouverte. Nous espérons que les autorités et les bonnes volontés nous accompagneront dans cette démarche », a-t-il dit.
Me Issa Samsou prouve, par ses performances, qu’un Nigérien peut réaliser ses rêves au plus haut niveau. Par ailleurs, Me Issa Samsou forme actuellement plusieurs jeunes au métier d’arbitre, en sa qualité de vice-président de la commission centrale des arbitres. Avec l’évolution constante des règles, il organise régulièrement des sessions de recyclage et des formations pour les jeunes arbitres au niveau local. Sur la scène africaine, dit-il, le Niger est reconnu pour la qualité de ses arbitres. « Chaque fois que j’envoie des arbitres dans des compétitions sous régionales, je reçois des éloges pour leur excellent travail. Cette reconnaissance m’encourage à poursuivre car je suis convaincu que ces jeunes arbitres deviendront des professionnels de niveau mondial », a-t-il dit, avant d’exhorter les Nigériens à prier beaucoup et à soutenir les sportifs, car le haut niveau est une affaire sérieuse.
Assad Hamadou (ONEP)