Le siège national de la Commission Nationale des Droits humains (CNDH) a accueilli, le jeudi 30 août dernier, la cérémonie de la journée commémorative de l’anniversaire des conventions de Genève de 1949. Cette activité qui s’est produite en présence du ministre Chargé des relations avec les Institutions de la République, M. Barkaï Issouf, et du président de la CNDH, Pr. Khalid Ikhiri, a vu aussi la participation des agents des Forces de l’ordre (FDS) ainsi qu’un nombre important d’invités civils. A travers cette journée, la CNDH, en collaboration avec le Rassemblement des Acteurs pour la Promotion et le Respect du Droit International Humanitaire et des Droits de l’Homme (RASAPRES-DIH-DH) et du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), a célébré les conventions de Genève du 12 août 1949, instituant la défense et la protection des droits humains.
Plusieurs interventions étaient au menu de cette activité dont des présentations des missions et organisations du RASAPRESS, de la CNDH et de la mission et mandat du CICR. En plus, des conférenciers ont entretenu les invités sur les DIH de 1949 à nos jours : ‘‘Défis pour les opérations du CICR’’ et ‘‘Avancées et défis pour la protection des populations civiles’’.
Dans son allocution, le président du RASAPRES, M. Alfred Goubadjé a indiqué que le choix de la CNDH pour abriter la présente célébration n’est pas fortuit au regard des efforts inestimables que fournit au quotidien la commission en vue du respect des droits
humains au Niger. ‘‘Le RASAPRES-DIH-DH est une organisation ayant essentiellement pour mission la promotion, la diffusion et le respect du DIH et des droits humains’’, a indiqué M. Goubadjé. Il a noté que cette journée intervient dans un contexte marqué par des violations graves du DIH ; en témoignent, selon lui, les différents conflits armés que connaissent certains pays ces dernières années. ‘‘Certes, un grand pas a été franchi mais beaucoup d’efforts restent encore à fournir pour que force revienne aux conventions de Genève pour la protection des populations civiles’’, a-t-il ajouté.
Présentant son organisation, le représentant du CICR, M. Amadou Hama, a indiqué qu’elle est humanitaire, neutre et impartiale. Il a ajouté que le CICR vient en aide aux personnes touchées par les conflits armés et agit pour le respect du droit international humanitaire. ‘‘Ayant reçu mandat des Etats à travers les Conventions de Genève du 12 août 1949, pour promouvoir le DIH, le CICR met en œuvre un programme avec pour visée l’intégration du droit international dans les législations des pays dans lesquels il est présent’’, a déclaré M. Hama.
Les migrants sont les plus victimes de violations des DH, selon le Rapporteur général de la CNDH
Procédant à l’ouverture de la journée, le Rapporteur Général (RG) de la CNDH, M. Moussa Talibi Hamidou, a dit que la présente célébration est l’occasion pour faire le bilan du respect des droits des populations civiles, notamment lors des conflits armés conformément à ces Conventions. ‘‘Ces dernières années, avec la montée en puissance des mouvements terroristes, on assiste à des violations graves du DIH par des acteurs criminels d’une part et d’autre part, par les parties belligérantes lors des conflits, d’où toute la pertinence de la thématique de la journée’’, a-t-il souligné.
Au Niger, a-t-il indiqué, la situation des conflits ouverts à l’Est et à l’Ouest ‘‘nous rappelle à tout instant combien les Conventions de Genève sont toujours d’actualité’’. ‘‘Par ailleurs, en période de paix, plusieurs violations des DH sont constatées çà et là par certains éléments des FDS, en faisant table rase de leur seule mission de protection’’ a déclaré M. Hamidou. Pour illustrer ses propos, le Rapporteur général a cité l’exemple du cas de certains migrants dans l’espace CEDEAO, espace dans lequel pourtantl la liberté d’aller et de venir est reconnue. Cependant, ‘‘indépendamment de toutes les conventions relatives aux droits de l’Homme, des migrants sont persécutés au niveau des frontières, parfois soumis à des tortures en vue de se voir extorquer les quelques maigres économies leur restant après un long périple’’, s’est indigné M. Hamidou.
Selon lui, la présente cérémonie est une opportunité pour encore une fois de plus informer et former les différents corps en uniforme afin que chacun soit à la hauteur de la mission à lui confiée. ‘‘Des échos qui nous parviennent, nos FDS font beaucoup d’efforts mais notre souhait est qu’elles fassent encore mieux et qu’elles soient les meilleures’’ a dit le R.G de la CNDH. Moussa Talibi Hamidou a saisi l’occasion pour rappeler que tout récemment à la Conférence de Bruxelles en février et au mois de mai à Bamako sur le G5 Sahel, la dynamique générale était « tolérance zéro pour les violations des DH » et ce par la voie des plus hautes autorités militaires et politiques. ‘‘Cette année, notre pays préside le G5 Sahel. Vous comprenez donc pourquoi toutes les informations garantissant les DIH et les DH doivent être connues et maîtrisées par les FDS afin de porter haut le drapeau du Niger ‘’, a enfin souhaité M. Hamidou.
Selon le préliminaire des Conventions de Genève, ‘‘Dès son origine, le Comité international de la Croix-Rouge a été l’initiateur de la Convention de Genève, qui protège le soldat blessé, et des Conventions humanitaires qui l’ont complétée. Ces traités fondamentaux procèdent tous du respect de la personne humaine et de sa dignité ; ils consacrent le principe de l’aide désintéressée et donnée sans discrimination à la victime, à l’homme qui, blessé, prisonnier ou naufragé, désormais sans défense, n’est plus un ennemi mais seulement un être qui souffre’’.
Mahamadou Diallo