Maladie oculaire, la cataracte est un problème de santé qui touche un grand nombre de personnes, particulièrement les personnes âgées. Au Niger, la prévalence de la cataracte est significative, tout comme dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Une enquête réalisée en 2015 a révélé qu’environ 1,9 % des personnes étaient atteintes de cécité, la cataracte étant la principale cause de cette condition, représentant près de 44 % des cas. Aujourd’hui, cette prévalence est plus élevée chez les personnes âgées de plus de 50 ans, atteignant jusqu’à 3,2 % dans cette tranche d’âge. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la cataracte est la principale cause de cécité évitable à l’échelle mondiale, une situation particulièrement préoccupante dans les pays à faibles ressources tels que le Niger.
D’après le médecin ophtalmologiste du centre de santé humanitaire Hosanna de Kollo, Dr Dan Jouma Amadou Maman Lawali, la cataracte est une affection de l’œil qui se caractérise par un trouble de la vision causé par l’opacification du cristallin, la lentille naturelle de l’œil. « En conditions normales, le cristallin est limpide et transparent, permettant à la lumière de passer à travers et de se focaliser sur la rétine pour former une image claire », a-t-il dit. Aussi, Dr Dan Jouma Amadou Maman Lawali a ajouté que la cataracte peut se manifester de diverses manières, avec des symptômes variables d’un individu à l’autre. Parmi ces symptômes, a-t-il indiqué, on peut citer une vision floue, une photophobie et des troubles de la vision nocturne. « Les personnes atteintes de cataracte peuvent ressentir une sensibilité accrue à la lumière vive, provoquant parfois une gêne, voire une douleur. De plus, la cataracte peut entraîner une vision double ou des halos lumineux autour des sources de lumière », a-t-il souligné.
Causes et facteurs de risque
La cataracte peut avoir diverses origines et facteurs de risque. Parmi eux, Dr Dan Jouma Amadou Maman Lawali a évoqué le processus de sénescence. « La cataracte est souvent associée au vieillissement naturel du cristallin. Les protéines du cristallin peuvent se détériorer, entraînant son opacification », a-t-il expliqué. Les prédispositions génétiques peuvent également influencer le développement de la cataracte. « Si des membres de votre lignée ont été touchés par des cataractes, vous pourriez être davantage prédisposés à en développer aussi », a-t-il mentionné. De plus, il a ajouté que l’exposition prolongée aux rayons ultraviolets du soleil sans une protection adéquate peut accroître le risque de développer des cataractes. Certaines pathologies oculaires telles que le glaucome, des maladies systémiques comme le diabète, des traumatismes oculaires, même anciens, peuvent augmenter le risque de développer une cataracte. « Certains médicaments, notamment les corticostéroïdes, peuvent accélérer le développement de la cataracte chez certaines personnes lorsqu’ils sont utilisés à long terme », a-t-il souligné, ajoutant que le tabagisme et la consommation excessive d’alcool sont associés à un risque accru de développer une cataracte. « Une alimentation déficiente, particulièrement un manque de certains nutriments comme les antioxydants, peut contribuer au développement de la cataracte », a-t-il relevé.
Traitements et moyens de prévention
La chirurgie représente le seul traitement efficace pour éliminer une cataracte significativement préjudiciable à la vision, comme l’a souligné le Dr Dan Jouma Amadou Maman Lawali. Par exemple, lors de l’intervention chirurgicale, le cristallin opacifié est extrait et remplacé par une lentille intraoculaire artificielle. « Cette procédure est généralement sûre et efficace », a-t-il précisé.
En termes de moyens de prévention, Dr Dan Jouma Amadou Maman Lawali a recommandé, entre autres, de porter des lunettes de soleil filtrant les rayons ultraviolets (UV), de cesser de fumer et de limiter la consommation d’alcool, de suivre un régime riche en fruits et légumes, en particulier ceux contenant des antioxydants comme les vitamines C et E. « Des aliments tels que les agrumes, les baies, les légumes verts et les noix sont particulièrement bénéfiques », a-t-il souligné. Il est également essentiel de contrôler les maladies sous-jacentes telles que le diabète et l’hypertension artérielle pour réduire le risque de cataracte, de porter des lunettes de protection et de subir des examens réguliers. « Des examens ophtalmologiques réguliers peuvent permettre de détecter la cataracte à un stade précoce, permettant ainsi un traitement précoce et des résultats améliorés », a-t-il expliqué.
Des recommandations pour lutter contre la maladie
Pour combattre, de manière efficace la cataracte au Niger, il est primordial, selon le Dr Dan Jouma Amadou Maman Lawali, d’adopter une approche holistique englobant la sensibilisation, la prévention, le dépistage et l’accès aux soins. « Il est impératif de sensibiliser davantage la population aux facteurs de risque de la cataracte, aux symptômes et aux options de traitement, de les encourager à prendre soin de leur santé oculaire en évitant les expositions prolongées au soleil sans protection adéquate, d’adopter une alimentation saine et en cessant de fumer, ainsi que de collaborer avec des partenaires nationaux et internationaux pour renforcer les capacités et étendre la portée des interventions contre la cataracte », a-t-il conseillé.
Yacine Hassane (ONEP)