
L’accessibilité des soins occulaires est un moyen efficace de lutter contre les maladies occulaires
Le glaucome est une maladie oculaire chronique qui endommage le nerf optique représentant le câble qui conduit les informations visuelles jusqu’au cerveau. Appelé aussi neuropathie optique, le glaucome se manifeste par une douleur vive dans l’œil, des rougeurs, des maux de tête, des nausées et vomissements, une douleur autour des yeux, une présence autour des zones de lumière et, une vue brouillée. Il est aussi responsable de la destruction des nerfs optiques, d’une baisse ou une perte totale de la vision et, d’une perte irréversible de l’acuité visuelle. Au Niger, cette pathologie est la 3ème cause de cécité avec un taux de 20 % répercutant sur le quotidien des personnes atteintes avec une perte de l’autonomie financière de 34,82 %, 30,34 % pour l’inaptitude au travail et, 19,40 % pour la limitation du déplacement à l’environnement familial, selon une étude effectuée en 2017 à l’Hopital National de Niamey.

Organe indispensable du système visuel, l’œil permet à l’être humain d’interpréter et de percevoir jusqu’à 80 % les impressions et les différentes caractéristiques de l’environnement qui l’entoure. Mais, cet organe est souvent confronté à des affections pouvant conduire à une cécité partielle ou complète. Asymptomatique et progressif dans la majorité des cas, le glaucome peut subvenir à tout âge. Cette affection oculaire est très souvent diagnostiquée quand une perte significative de la vue se produit. À ce jour, il n’existe aucune cause liée à cette maladie. Néanmoins, plusieurs facteurs contribuent au développement de cette dernière. Selon, Dr Dan Jouma Amadou Maman Lawali, médecin ophtalmologiste au Centre de Santé Humanitaire de Kollo et à l’Hopital National de Niamey, ces facteurs sont entre autres une pression intraoculaire élevée (PIO) chez certains patients ou une pression normale chez d’autres, les facteurs liés à l’âge car, les personnes âgées sont plus susceptibles de développer la maladie après 60 ans, les antécédents familiaux, l’origine ethnique avec un taux accru de développer un glaucome primaire angle ouvert chez les races afro-Américaines, Hispaniques et Asiatiques, une myopie sévère, une utilisation prolongée des corticoïdes, des troubles médicaux sous-jacents comme le diabète, l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires et, les facteurs liés aux traumatismes oculaires causés par des blessures oculaires pouvant affecter le drainage du liquide intraoculaire.
Impact de cette maladie sur la vie de l’individu
Selon le spécialiste, il existe plusieurs types de glaucomes mais les plus courants sont le glaucome à angle ouvert qui est la forme la plus fréquente et la plus sévère avec un développement de symptômes favorisant une augmentation anormale de la pression et une tension accrue dans les yeux jusqu’à une dégradation grave de la vision et, le glaucome à angle fermé qui peut subvenir soudainement, causé par des maladies sous-jacentes. Le glaucome à angle ouvert est le plus enregistré. Il a également souligné que le taux de prévalence de cette maladie n’est pas bien documenté au Niger, ce qui ne permet pas d’avoir des données récentes et que celles présentes ont été obtenues suite à des études réalisées par des institutions déterminées. « Une étude a révélé une prévalence du glaucome estimée à environ 4,1 % chez les personnes âgées de 40 ans et plus », a-t-il dit, en rappelant que ces estimations peuvent varier et ne représenter que le taux de prévalence d’une minorité car, très souvent certains cas ne sont pas enregistrés, ce qui pourrait sous-estimer la prévalence réelle de la maladie.
Relativement aux traitements administrés, l’ophtalmologue explique que certains médicaments ou opérations chirurgicales modernes peuvent être réalisées. Il s’agit des médicaments regroupant des gouttes oculaires, des comprimés ou des pilules prescrites afin de réduire la pression intraoculaire en augmentant le drainage du liquide ou en diminuant sa production, des interventions chirurgicales telles que la trabéculectomie, la pose de draine ou de stents oculaires pour améliorer le drainage du liquide intraoculaire et les traitements par Laser comme la trabéculoplastie au laser ou la capsulotomie au laser.
Aussi, le médecin souligne qu’il existe des moyens de prévention de cette maladie. En effet, le glaucome peut être évité ou diagnostiqué et traité à temps. Pour se faire, il faut effectuer des examens réguliers afin de détecter la maladie à son stade précoce et prescrire un traitement pour prévenir la perte de vision. « Il faut également réduire certains facteurs de risque connus comme l’utilisation prolongée des corticoïdes, adopter un mode de vie sain en maintenant une alimentation équilibrée riche en fruits, légumes, grains entiers, protéines maigres et graines saines. Aussi, il faut privilégier l’hydratation en buvant suffisamment d’eau, utiliser une protection oculaire comme les lunettes et effectuer des examens médicaux pour contrôler l’état de santé et faire le point sur les maladies sous-jacentes afin d’éviter le développement de la maladie», a-t-il indiqué. L’impact sur la vie quotidienne de l’individu est important. Le médecin explique que cette affection peut affecter la capacité du patient à fonctionner de manière indépendante, affecter sa qualité de vie, son bien-être émotionnel et les perspectives d’emploi de l’individu, réduisant ainsi la participation effective de ce dernier dans le développement de son pays.
Médicaments déconseillés et aliments à éviter en cas de glaucome
A l’image de plusieurs maladies, le glaucome peut être héréditaire et avoir des composantes génétiques. En cas de glaucome, certains médicaments sont déconseillés car ces derniers peuvent aggraver la pression intraoculaire. Selon Dr Dan Jouma Amadou Maman Lawali, les médicaments vasoconstricteurs tels que les décongestionnants nasaux et certains médicaments contre le rhume, les corticostéroïdes par voie orale, veineuse ou appliqués localement sous forme de collyre, les antidépresseurs et anxiolytiques, particulièrement ceux de la classe des tricycliques, les médicaments anticholinergiques utilisés pour traiter les troubles gastro-intestinaux, les médicaments à base d’adrénaline utilisés pour traiter les allergies sévères ou les urgences médicales, peuvent augmenter la pression intraoculaire et sont donc déconseillés chez les personnes atteintes de glaucome.

Pour les aliments à éviter, il s’agit des boissons riches en caféine comme le café, le thé et les boissons énergisantes, le sel, les aliments riches en matières grasses saturées qui peuvent contribuer à l’obésité ou d’autres problèmes de santé qui peuvent affecter la pression intraoculaire. La consommation excessive d’alcool et les sucres ajoutés présents dans les aliments et boissons comme le soda, les desserts sucrés, les aliments industriels, etc, sont aussi à éviter.
Conseils et recommandations
Le glaucome est une maladie qui peut causer une perte de vision irréversible si elle n’est pas traitée à temps. C’est pourquoi, Dr Lawali attire l’attention sur les conséquences irréversibles qu’elle peut occasionner. Au Niger, cette maladie reste largement sous diagnostiquée et sous-traitée malgré ses conséquences dévastatrices sur la qualité de vie de ceux qui en souffrent. Le spécialiste lance un appel à l’endroit de la population et des autorités afin de mettre fin à cette affection oculaire. « Il est temps d’agir ensemble pour lutter contre le glaucome. En tant que citoyens, nous devons prendre conscience de l’importance des examens réguliers de la vue, en particulier après l’âge de 40 ans, et de la nécessité de consulter un ophtalmologiste dès les premiers signes de trouble visuel. Ne laissez pas la peur ou l’ignorance vous priver de votre vision car, le dépistage précoce peut sauver votre vue », a-t-il notifié.
À l’endroit des autorités, il appelle à un engagement plus fort en faveur de la santé oculaire. « Il est impératif de mettre en place des programmes de sensibilisation nationaux pour informer la population sur le glaucome, ses facteurs de risque et l’importance du dépistage précoce. De plus, des efforts doivent être déployés pour rendre les soins ophtalmologiques accessibles à tous, en particulier dans les zones rurales où les services de santé sont souvent limités. Ensemble, nous pouvons combattre le glaucome et préserver la vue de nos concitoyens. Agissons dès maintenant pour un Niger où personne ne devrait perdre la vue à cause d’une maladie qui peut être prévenue et traitée », a-t-il conclu.
Massaouda A. Ibrahim (ONEP)