C’est le temps des défis. Des transformations inédites que traverse notre monde s’opèrent de manière accélérée. C’est le temps des espoirs. L’émergence collective des pays en développement est une réalité affirmée. Comment se frayer une voie de développement adaptée aux réalités nationales ? Comment renforcer la solidarité et la coopération pour un développement et un redressement partagés? La réponse à ces questions est indispensable pour aller vers une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau.
Nouveau réveil de l’Afrique, une évidence
Tout au long de son combat pour l’indépendance et le développement, la Chine a toujours soutenu le « rassemblement et le renouveau » de l’Afrique, l’Afrique a puisé force et inspiration dans le panafricanisme. Le General Kountché, les Présidents Kwame Nkrumah, Sékou Touré et d’autres dirigeants africains de l’ancienne génération, rassemblés sous la bannière du panafricanisme, ont engagé une lutte héroïque pour l’indépendance de leurs pays et l’émancipation du continent. Depuis la fin de la guerre froide, face aux grands bouleversements de l’échiquier politique et économique international, l’Afrique a plus que jamais compris qu’elle ne pourrait s’affirmer comme une puissance qu’en unissant les efforts de tous les pays du continent. De l’adoption de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine au lancement de la Zone de libre-échange du continent africain (ZLECAf), le panafricanisme a insufflé une nouvelle dynamique à l’émergence collective de l’Afrique.
Aujourd’hui, les pays africains explorent leurs voies de développement adaptées à leurs conditions nationales, et réfléchissent profondément au fait que le système électoral et multipartite occidental ne sont pas adaptés au “sol de l’Afrique”. De nombreux pays s’opposent fermement aux interventions extérieures en rejettant le “paternalisme » imposé par certains pays occidentaux. Il s’agit d’un nouvel éveil historique pour le continent africain. Lors de la 37e session ordinaire de la Conférence de l’Union Africaine, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a appelé à une revitalisation du panafricanisme. Ce mouvement incarne à la fois un héritage spirituel précieux pour l’Afrique et une dynamique inéluctable de notre époque, qui constituera indéniablement une force motrice significative pour l’unité, l’auto-renforcement et l’accélération du développement des nations africaines.
L’indépendance et l’autonomie, une quête commune sino-africaine
Dans son livre L’Afrique doit s’unir paru en 1963, le Président Kwame Nkrumah a écrit : « Nous avons ici, en Afrique, tout ce qui est nécessaire pour devenir un continent puissant, moderne, industrialisé ». Pourtant, après avoir obtenu l’indépendance politique, les pays africains ont rencontré de sérieux obstacles dans leur recherche d’un essor économique. Les pays occidentaux se sont longtemps servis des institutions du Consensus de Washington et du néolibéralisme pour maintenir l’Afrique au plus bas des chaînes industrielles et de valeurs mondiales, rendant plus persistantes les inégalités et l’exploitation que subissent depuis de longues années les pays africains dans le système international.
Selon les statistiques de la CNUCED, en 2022, plus des trois quarts des pays africains sont restés dépendants des exportations de matières premières, qui représentaient plus de 70 % des recettes totales des exportations de marchandises africaines. Le passé est révélateur. Le modèle de développement imposé de l’extérieur n’a jamais apporté aux peuples africains de prospérité ni de bonheur, mais que de la pauvreté et des instabilités.
Refusant d’être piégés au bas de la chaîne de valeur mondiale, les pays africains appellent à une rupture avec l’ancien ordre économique dominé par l’Occident et à la défense du droit à un développement équitable. Ils réalisent que ce n’est que lorsqu’un pays se fonde sur ses propres forces pour réaliser son développement qu’il deviendra maître de sa destinée. Lors du 13e Forum des think tanks Chine-Afrique qui a eu lieu en mars dernier en Tanzanie, des groupes de réflexion chinois et africains ont ensemble lancé le Consensus de Dar es Salaam, qui souligne que le choix de la voie de développement doit être fait en toute indépendance sur la base des caractéristiques culturelles locales, dans un esprit d’ouverture et d’inspiration mutuelle. Nombre d’universitaires ont fait remarquer qu’il s’agissait du premier consensus international initié par le Sud plutôt qu’imposé par le Nord, et qu’il s’était affranchi des théories et récits occidentaux dans le domaine du développement et incarne la voix commune de la Chine, de l’Afrique voire de l’ensemble du Sud global.
Vers une modernisation accélérée, des expériences chinoises à partager
La Chine et l’Afrique sont des frères qui partagent un destin commun. Nous avons combattu côte à côte dans les luttes anti-impérialistes et anti-coloniales, nous nous sommes soutenus mutuellement sur la voie du développement et du renouveau, et nous avons défendu des principes moraux tels que la justice et l’égalité dans un contexte international en perpétuelle évolution. Depuis l’entrée dans la nouvelle ère, le Président Xi Jinping a proposé les principes de « sincérité, résultats effectifs, amitié et bonne foi » et de recherche du plus grand bien et des intérêts partagés avec l’Afrique, menant la construction de la communauté d’avenir partagé Chine-Afrique sur la « voie rapide ».
Au bout de 75 ans de lutte acharnée, la Chine a réussi à trouver une voie de modernisation à la chinoise, celle de se moderniser sans s’occidentaliser, offrant une nouvelle alternative pour les autres pays en développement qui souhaitent accélérer leur développement tout en conservant leur indépendance. Qui dit modernisation à la chinoise dit prospérité commune et coopération gagnant-gagnant. La Chine souhaite du fond du cœur que ses amis africains montent à bord du « train express » qu’est la modernisation à la chinoise pour bénéficier des opportunités et des fruits de développement chinois par la coopération sino-africaine.
Le Niger possède une longue histoire et une splendide culture, ainsi qu’un esprit national indépendant et indomptable. Actuellement, le Niger explore une voie de développement adaptée à ses conditions nationales. Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’État, a présenté dernièrement le livre « Ma Vision pour un Niger véritablement indépendant et prospère », soulignant que son ambition est de bâtir un Niger nouveau où les nigériennes et les nigériens, unis et solidaires, décident souverainement pour la patrie et dans l’intérêt supérieur du peuple, proposant quatre axes stratégiques pour la refondation de l’Etat, la redéfinition du pacte social et politique et le bonheur de tous les Nigériens. Cette vision indique la voie du redressement et de la prospérité du Niger. Dans ce processus historique, la Chine continuera à soutenir fermement son frère qu’est le Niger, en l’accompagnant dans sa lutte pour une véritable indépendance, un développement autonome par ses propres moyens, une modernisation accélérée afin que le Niger prenne son avenir et son destin en main.
Le 4 au 6 septembre prochain, le Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine se tiendra de nouveau à Beijing. Ce sera une excellente occasion pour les dirigeants chinois et africains de travailler ensemble sur les échanges d’expériences en matière de gouvernance entre les deux parties pour trouver des voies et moyens d’accélérer ensemble leur modernisation. Le Niger est une terre magique plein d’espoir. La Chine œuvre à réaliser son objectif du deuxième centenaire. On a toutes les raisons de croire que si les peuples chinois et nigérien se donnent la main, la communauté d’avenir partagé Chine-Niger atteindra un niveau supérieur et le XXIe siècle verra le développement et la revitalisation conjoints de la Chine et du Niger.
Par Jiang Feng, Ambassadeur de Chine au Niger
—à l’occasion du Sommet du Forum sur la Coopération Sino-Africaine à Beijing