Au cœur du célèbre marché de Katako de Niamey, se trouve le quartier des vendeurs d’igname. Chaque jour, des gros porteurs stationnent pour livrer diverses marchandises dont l’igname venant principalement du Ghana. Ils sont nombreux les revendeurs qui se ravitaillent à partir de Katako pour approvisionner les autres marchés et quartiers de la capitale.
Assis près de son étalage d’igname, Nassirou Alou avoisinant la quarantaine est un des revendeurs de ce tubercule au marché de Katako. Il exerce cette activité depuis plus vingt ans. «J’ai débuté ce métier depuis 1998. Le Ghana est aujourd’hui pour nous le principal pôle d’approvisionnement d’igname», a-t-il témoigné. «Pour acheminer cette marchandise depuis ce pays côtier, nous nous regroupons en trois ou quatre revendeurs pour mobiliser un camion TLM», a-t-il ajouté. En ce qui concerne le prix, Nassirou affirme que les 100 unités de tubercules moyens se vendent à 140.000FCFA, quant aux gros leurs prix tournent autour de 180.000FCFA. Un tubercule se discute entre 1000 à 2000FCFA.
Selon Nassirou cette activité est facile à exercer, n’importe qui peut l’exercer car il suffit de trouver celui qui te fait confiance. Cette forme de commerce traditionnelle est bien connue dans la société nigérienne. Elle était également pratiquée par les commerçants de noix de cola. «Le commerce d’igname est une activité à la fois lucrative et surtout sociale, car dans la plupart de temps la marchandise est prise sous forme de crédit et le remboursement se fait après la vente. Chaque jour, les revendeurs affluent sur ce marché afin d’approvisionner les différents quartiers et marchés de Niamey», a-t-il expliqué. Le seul souci d’un revendeur c’est d’écouler sa marchandise à temps car c’est quelque chose de périssable qui ne doit pas prendre beaucoup de temps, explique-t-il.
Non loin de Nassirou, sous un grand hangar, des ignames reparties en gros lots de centaines de tubercules sont visibles. C’est là où se fait la répartition. Sous ce grand hangar se trouve, le président des importateurs d’ignames, El hadji Mayaki. Très connu, celui-ci fait fait partie des doyens dans ce domaine. Il confie modestement qu’il a débuté cette activité, il y a près trente ans, en étant déchargeur des camions, puis petit revendeur avant de devenir grossiste. Tout en observant les jeunes déchargeant un camion dans cette matinée du 17 Janvier, Elhadji Mayaki explique que les vendeurs d’igname s’approvisionnent surtout à partir de la République de Ghana, car c’est un pays qui dispose d’igname de qualité, disponible et accessible et dont l’acheminement vers le Niger ne cause aucun problème majeur. «Nous mobilisons une vingtaine de camions par mois et la répartition se fait sans problème car dès le chargement, les parties sont différenciées grâce à des pailles», a-t-il confié. «Une fois à Niamey, nous livrons cette marchandise à nos principaux clients à crédit, ils nous remboursent après la vente et dans des rares cas nous gardons quelques tubercules pour revendre ou pour soutenir certains proches», confie Elhadji Mayaki.
Notons que l’igname ne se consomme jamais crue à cause de sa teneur en amidon non digeste. Avant de la cuire, il faut la peler, ce qui n’est pas une opération aussi simple qu’il n’y paraît en raison de la texture gluante de la chair. Ensuite, vous pouvez la découper en morceaux de la taille convenant à votre recette. Pour cuire l’igname, faites-la blanchir dans de l’eau salée pendant 15 minutes. Vous pouvez également cuire l’igname à la vapeur, pelée et coupée en rondelles pendant une dizaine de minutes. Les mets à base d’igname sont diversifiés en fonction des pays et des cultures. On peut faire des purées, des boules, des frites, de la grillade, des chips, des farines, etc.
Mamane Abdoulaye(Onep)