
Pêche sur le fleuve Niger
Activité économique pour de nombreuses familles au Niger, la pêche se concentre à Niamey, principalement le long du fleuve Niger, en l’occurrence dans les quartiers comme Goudel, Yantala, Gamkallé, Néni Goungou, etc. Cependant, elle est actuellement menacée par des conditions climatiques défavorables comme la montée des eaux et l’ensablement du fleuve qui entraînent de facto une réduction significative des prises au filet. Pour les communautés riveraines, cette activité reste et demeure indispensable à l’équilibre alimentaire et nutritionnel, mais aussi économique.
Les activités liées au fleuve Niger font intégralement partie de la vie quotidienne des populations riveraines et constituent de véritables sources de revenus. Cependant, chaque année, la pêche est affectée par le changement climatique et l’ensablement du fleuve, laissant aujourd’hui les pêcheurs dans l’incapacité de compter sur cette ressource essentielle. En 52 ans d’existence, le président de l’Association des professionnels de la pêche, dit n’avoir jamais vu les eaux monter ainsi. « Cette année, il n’y a pas un pêcheur que le fleuve n’a pas inondé, de Koutoubou à Dolé. Nous avons deux activités, la pêche et la riziculture. Au cas où nous rencontrons des difficultés d’un côté, nous pouvons retourner de l’autre côté. Cette année, aucun pêcheur n’a de rizière, nous craignons de rentrer dans une mauvaise passe », a précisé M. Ousmane Zakari.

Autrefois, cette activité était un symbole de fierté pour les pêcheurs et pour l’ensemble des Nigériens qui, aujourd’hui, font face à des défis importants dus à des influences environnementales et humaines, d’une part ; l’ensablement qui limite la profondeur du fleuve et la destruction des plantes et des arbres, les mauvaises pratiques de certains pêcheurs et divers autres facteurs qui requièrent une vigilance accrue de la part des autorités compétentes, d’autre part. Selon les explications du Président de l’Association des Pécheurs Professionnels du Niger, le fleuve est alimenté par 7 affluents qui, par la même occasion, déversent du sable dans le fleuve.
95 % du poisson vendu sur le marché vient d’ailleurs
C’est pourquoi, dit-il, « nous prions les autorités de réguler ces affluents à travers des barrages pour qu’ils ne charrient plus le sable dans le fleuve. Au Burkina Faso, il y a deux barrages sur la Sirba dont une grande partie appartient au Niger pendant que nous n’avons même pas une petite retenue d’eau du côté nigérien. En plus, tous les poissons affluent vers le Burkina puisque le fleuve et la Sirba sont liés. Du côté du Goroubi à Torodi, c’est la même chose, le Burkina a deux barrages sur le Goroubi, le Niger n’a aucun. Nous appelons les autorités à se soucier des conditions des villageois parce qu’ils représentent la base d’un pays. Le Gorouol et le Diamangou aussi, c’est le même cas », a relevé M. Ousmane Zakari.
À l’heure actuelle, l’activité de la pêche ne nourrit pas son homme, a mentionné M. Ousmane Zakari avec tristesse, car dit-il, 95 % du poisson vendu sur le marché vient d’ailleurs. Seulement 5 % provient de la pêche locale à partir du fleuve Niger. « Les pêcheurs n’ont pas de matériel. Mais, avec l’appui de la Banque Mondiale, nous espérons avoir du matériel adéquat pour notre activité. Sans l’accompagnement de l’Etat, nous sommes dans la misère, parce que ce travail n’est pas estimé à sa juste valeur. Les pêcheurs sont en difficulté. Mais, malgré tout, ils s’acquittent de leurs devoirs liés à l’activité. Nous avons vraiment besoin d’assistance de la part des autorités, nous sommes un secteur qui lutte contre le chômage et la traite des enfants ainsi que la pauvreté. Nous œuvrons aussi pour que le fleuve puisse nourrir tout le Niger. Nous avons fait plusieurs requêtes partout dans les Ministères, mais il n’y a que les représentants de la FAO qui nous ont appelés pour connaître notre situation », a-t-il souligné.
Besoin de matériel de travail adapté
La pirogue, le filet, l’épervier, la nasse, le harpon et l’hameçon sont, entre autres, le matériel de travail dont les pêcheurs ont besoin pour développer les méthodes de pêche afin de garantir une meilleure prise. Avec des méthodes de travail archaïques, auxquelles viennent s’ajouter le problème de l’ensablement du fleuve et la montée des eaux qui rend difficile la capture des poissons qui se dispersent pour trouver un endroit sûr, les pécheurs ont du mal à joindre les deux bouts. « Nous utilisons du matériel à la fois archaïque et précaire. Hier, mon petit frère était sur le fleuve, il a capturé un kilo de poisson alors qu’il a 6 personnes à charge. À la vente, le kilo fait 1.500 F. Qu’est-ce qu’il va acheter ? Dans mon village à Tounga, nous sommes à 100 % des pêcheurs et, chaque matin, nous partons tous à la pêche, mais beaucoup reviennent souvent bredouilles », a affirmé Salissou Seydou, trésorier de l’Association des Professionnels de la pêche.
La pêche fait partie des secteurs qui apportent une contribution importante à l’alimentation, et même à l’économie d’un pays. Cependant, celui-ci est confronté à des problèmes qui freinent son développement. « L’ensablement a aujourd’hui impacté la profondeur de l’eau, surtout avec la coupe abusive des arbres. La jacinthe d’eau contribue aussi à la réduction du poisson. Nous avons également besoin de matériel moderne et adéquat pour développer notre système de pêche. Par le passé, des pêcheurs de 7 pays venaient pêcher au Niger. Ils ont pris notre système de pêche pour le développer dans leur pays. J’ai fait 7 pays d’Afrique comme le Burkina, le Mali, le Bénin, le Sénégal, le Tchad et la Guinée, uniquement dans le cadre de la pêche. Et partout où j’ai été, ils pratiquaient notre méthode de pêche. S’ils ont développé notre pratique de pêche, pourquoi pas nous. Ce manque de développement concerne aussi les structures de pêche. Les services de l’Etat ne viennent presque pas vers nous pour s’imprégner de nos conditions de travail. Au Sénégal, chaque année, l’Etat envoie des agents pour sillonner les villages et se renseigner auprès des pêcheurs pour relever les difficultés afin de trouver des solutions et faire développer le secteur de la pêche. Nous voulons qu’il en soit ainsi pour le Niger », a souhaité Salissou Seydou, pêcheur accosté sur le terrain.

Pourtant, avec l’existence d’une multitude de plans et cours d’eau, le secteur piscicole représente un grand potentiel et des opportunités à exploiter. En effet, dans son bilan de mise en œuvre de sa lettre de mission, le ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de l’Environnement, le Colonel Maizama Abdoulaye, a déclaré qu’au 31 décembre 2024, la production piscicole enregistrée s’élève à 73 321 tonnes de poisson. Il a, par la même occasion, relevé l’insuffisante organisation du circuit de commercialisation qui fait qu’une grosse partie de cette production est exportée vers d’autres pays sous forme de poisson fumé, de manière presque informelle. Le ministre Maizama Abdoulaye a ainsi souligné la nécessité de créer des marchés formels de poisson dans les autres régions pour que le poisson pêché ou produit à Diffa soit accessible aux consommateurs des autres régions du pays.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)