Les Nigériens se souviennent toujours des prestations culturelles de la troupe tchanguaye de Gaya, marquées par le sceau de l’originalité. Des années sont passées et la troupe tchanguaye est tombée dans la léthargie. A la faveur de la semaine culturelle organisée par l’Union Dendi du 3 au 5 septembre dernier, dans la ville de Gaya, les participants à cette messe culturelle ont revécu avec nostalgie la glorieuse page de cette troupe culturelle à travers son célèbre ballet intitulé « Tchanguaye ».
M. Mamane Dossokoye est le patron de cette troupe depuis sa création, au temps du feu Président Diori Hamani. Beaucoup d’acteurs ont quitté cette troupe parce qu’il n’y a plus d’événements culturels dignes de ce nom qui leur permettent de vivre décemment. Mais, le commandant du navire est resté constant dans sa conviction que la culture est l’expression des valeurs d’une société qu’il convient de préserver et sauvegarder malgré les péripéties de la vie. Certes, il faut reconnaitre qu’à l’époque, le domaine de la culture était considéré par le pouvoir public comme étant une partie intégrante du développement socioculturel du Niger et bénéficiait par conséquent d’un soutien de taille. Les rencontres ou regroupements culturels étaient quasi fréquents avec le festival de la jeunesse ; la Samaria etc. La troupe culturelle de Gaya était composée de 16 membres avec à sa tête M. Mamane Dossokoye. Cette troupe a sillonné, dans le cadre du festival de la jeunesse, toutes les régions du Niger et représenté le pays à certaines rencontres internationales. C’est ainsi que les acteurs de la troupe culturelle de Gaya ont visité des Capitales africaines et européennes comme Alger, Nouakchott, Casablanca, Paris, Madrid etc. « A cette époque, il est difficile qu’on passe trois jours à Gaya. Les sollicitations de notre troupe fusaient de partout », se rappelle M. Mamane malgré le poids de l’âge.
Le ballet « tchanguaye » véhicule un certain nombre de messages dans le célèbre ballet titré « Tchanguaye ». Les Tchanguaye sont les premiers habitants de la ville de Gaya et ils n’ont d’autres activités que l’agriculture. C’est la raison pour laquelle sur scène on voit les acteurs tenir à la main la hilaire. « Avec ce ballet nous avons voulu tout simplement relater le vécu des habitants de Gaya avec un accoutrement qui reflète aussi un pan de la culture Dendi », a expliqué M. Mamane Dossokaoye.
Côté palmarès, la troupe cultuelle de Gaya se distinguait par ses créations qui portaient la marque de l’originalité et de l’authentique. On peut citer par exemple le ballet de « Tchanguaye » qui avait reçu un prix pendant le régime de Diori ; « Mai Filafili » ; « Dan ban karfey » ; « Namada Sai Kossam Baly ». Tous ces ballets ont remporté le premier prix, même si le patron de la troupe ne peut pas dire avec exactitude l’année où chacun d’entre eux a été primé. Aujourd’hui, la culture nigérienne n’a plus son âme d’antan. Les artistes qui ont fait la fierté de la culture nigérienne végètent dans une précarité sans précédent à l’image de M. Mamane Dossokoye qui continue malgré tout à garder les jeunes et au besoin de les supplier à rester dans la troupe. Le septuagénaire est toujours persévérant et dispose d’un capital d’expériences qu’il exploite pour perpétuer la flamme culturelle du Dendi. D’ores et déjà, M. Mamane Dossokoye estime que la relève sera assurée par les enfants formés au sein de la troupe.
Hassane Daouda, Envoyé Spécia(onep)