Dans quelques jours la Ouma islamique du monde entier va célébrer dans la ferveur et l’allégresse générale l’Aïd El Fitr ou fête du Ramadan. Après un mois de privation de toute sorte, de prières et de grande dévotion, les musulmans vont marquer d’une pierre blanche la fin de ce mois béni avec le secret espoir que le Tout Puissant imploré pendant tout ce mois de bénédictions, les comptera parmi ceux qui jeûneront le prochain Ramadan. Au Niger, la fin du mois de Ramadan est toujours synonyme d’un véritable branle-bas pour les chefs de famille. C’est une période de sollicitation intense de la bourse de papa qui, déjà au fil du Ramadan était réduite à sa plus simple expression, mais qui va devoir se muer en une portion congrue. Qu’importe la tension de trésorerie que connaît leur serviable « papounet », les enfants eux, ont toujours les mêmes revendications en ces moments difficiles : les habits de fête. C’est assurément le plus grand challenge pour tous les chefs de famille soucieux de se mettre à l’abri du courroux et des jérémiades de leurs rejetons. Les commerçants véreux qui attendent perfidement ce moment immanquable, s’adonnent à cœur joie à corser l’addition aux pauvres papounets désormais pris entre le marteau des commerçants et l’enclume de leurs progénitures. Quand bien même les tissus étant acquis il va falloir se plier aux caprices, aux atermoiements et autres rendez-vous fantaisistes des tailleurs qui la jouent « compliquée ». Mais pour le père de famille, le calvaire de la fête ne se limite pas qu’à cela. Après avoir satisfait aux désidératas de Madame et de ses chérubins, une autre paire de manches s’ouvre à lui. C’est la recherche effrénée des poulets et pintades, ces gallinacés sans lesquels sous nos tropiques, les cuisines des jours de fête manquent ostensiblement de goût. Et là aussi il doit faire face à la surenchère des vendeurs de poulets qui se font un réel plaisir de majorer à volonté les prix pour plumer une clientèle souvent aux abois. A moins d’une semaine de l’événement, on annonce déjà que les prix des poulets et pintades sur les marchés de la capitale sont subrepticement passés du simple au double. Une montée en flèche qui présage des moments chauds. Cette hausse artificielle à vous donner le tournis n’a rien à voir avec la rareté de la volaille sur les marchés. Au contraire, elle procède tout simplement d’une manœuvre malveillante tendant à profiter de la situation du moment pour s’en faire plein les poches. Ce faisant, ces vendeurs de poulets cupides réussissent à saigner à blanc les petites bourses avides de ces précieux mets aux gallinacés. Mais enfin, c’est aussi cela le charme de la fête. Bonne fête à tous !
Oumarou Moussa (ONEP)