Le Niger a adopté, le 27 août 2024 une ordonnance instituant un fichier des personnes, groupes de personnes ou entités impliqués dans des actes terroristes ou dans toutes autres infractions portant atteinte aux intérêts stratégiques et/ou fondamentaux de la Nation ou de nature à troubler gravement la tranquillité et la sécurité publiques et fixant les modalités d’inscription et de retrait ainsi que les effets y relatifs.
Comme il fallait s’y attendre, cette mesure a suscité une levée de boucliers dans certains milieux qui voient en elle, une atteinte aux droits humains. La même rengaine et surtout la même attitude qui tend à délégitimer nos États, à les rabaisser aux statuts de sous-Etats. Le plus déplorable, c’est que cette tâche soit déléguée à quelques organisations locales obscures et autres ‘’intellectuels indigènes’’ qui, sous le couvert de la défense des soi-disant principes universels, ressassent de manière presque inconsciente les théories dépassées qui ont soutenu et entretenu l’infériorité de l’homme noir et conséquemment celle de nos États aussi.
En effet, l’inscription de personnes ou d’organisations sur une liste noire n’a pas commencé au Niger, de même que la déchéance de Nationalité. Pour rafraîchir la mémoire de ces acteurs, soulignons que le Conseil de Sécurité des Nations Unies, des pays comme les USA, le Canada ou la France ont leurs listes des organisations considérées comme terroristes. Ainsi, après les attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement des Etats Unis a adopté le Patriot Act. Cette législation institue des listes de personnes à surveiller, de nouvelles restrictions à la délivrance de visas. La même loi permet à l’État fédéral de retirer la citoyenneté à des Américains qui auraient simplement participé à une manifestation où des groupes qualifiés de terroristes.
En France, un citoyen peut perdre la nationalité française s’il exerce une activité dans une armée, un service public étranger ou une organisation internationale dont la France ne fait pas partie et s’il ne cesse pas cette activité malgré l’ordre du gouvernement.
Dans cette optique, le militant panafricaniste Kémi Seba a été déchu de sa nationalité française par un décret du 8 juillet 2024 paru le 9 juillet en France au Journal officiel. Cette décision du gouvernement français est justifiée par le fait que Kémi Seba a organisé ou participé à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA en Afrique. Il est également accusé d’être un «relais de la propagande russe» et de servir «une puissance étrangère qui alimente le sentiment antifrançais». Bref, la France estime qu’il porte atteinte à ses intérêts stratégiques.
Nathalie Yamb, une autre activiste est déclaré persona non grata en France parce que ses opinions sont contre les intérêts stratégiques français.
Ainsi, lorsque la France, les Etats Unis, l’Union Européenne adoptent des législations pour lutter contre le terrorisme, préserver leur sécurité et leur stabilité, c’est dans l’ordre normal des choses. C’est, dit-on, démocratique ! Et, tous ces soit disant défenseurs de la démocratie et des droits humains ne pipent mot. Mais, lorsque le Niger, le Mali, le Burkina Faso ou un autre pays africain adopte la même législation, c’est un scandale, c’est de l’ostracisme, c’est de la dictature !
C’est comme si, dans la logique de ces organisations obscures et de ces ‘’intellectuels tarés’’ (selon l’expression consacrée du président Kérékou), nos Etats n’ont pas le statut d’Etat et donc n’ont pas d’intérêts stratégiques et vitaux. Il est temps de se ressaisir, les choses ne seront plus comme avant. La perception des choses et des événements à géométrie variable n’aura plus cours dans la conduite de nos affaires.
Siradji Sanda (ONEP)