Depuis plus de deux décennies, notre pays, à la faveur des crises alimentaires et autres catastrophes naturelles, est devenu une destination prisée des ONG et des humanitaires. Les raisons pour venir au Niger peuvent varier. Si certains viennent avec l’intention d’aider véritablement les populations en détresse, d’autres y voient un eldorado pour faire du business sous le couvert de l’humanitaire.
Parmi ces ONG qui affluent de l’extérieur et d’autres qui poussent comme des champions à l’intérieur, il y a certes des structures crédibles et sérieuses. Mais il y a aussi une horde d’aventuriers et d’opportunistes qui ont trouvé leur créneau dans ‘’le bénévolat rentable’’, plus proche du business que l’humanitaire.
Le manque de vision pour sortir durablement les populations de la vulnérabilité et la corruption dans les circuits administratifs aidant, de nombreuses ONG étrangères viennent facilement se mettre à la place des ONG locales et prétendre faire de l’humanitaire.
Elles sont, pour ainsi dire, parfois aidées par des complices tapis dans certaines organisations internationales et organismes multilatéraux. Ce qui leur permet de capter des financements colossaux au détriment des ONG locales et beaucoup plus sérieuses et qui connaissent pourtant mieux les réalités du pays et les besoins des populations. Ces ONG locales sont le plus souvent réduites à faire de la sous-traitance dans la mise en œuvre des projets et programmes.
Ce qui donne parfois lieu à des pratiques peu catholiques. Du coup, de fonds consistants sont engagés, hélas dissipés, pour des actions pompeusement annoncées à coût de communication tapageuse mais aux impacts insignifiants sur le terrain. Et on se retrouve parfois avec des interventions dont les coûts sont largement inférieurs à ceux débloqués pour la communication et autres budgets de fonctionnement.
Ce sont ces pratiques qui font que de nombreuses ONG sont incapables de présenter des rapports annuels d’activités sérieux, comme exigé par le Ministère de tutelle. Par ailleurs, pour une question de transparence, de redevabilité et même d’efficacité, il est essentiel que les interventions des ONG et autres actions humanitaires s’inscrivent dans le cadre et les stratégies de l’Etat.
Mais, force est de constater que cette règle ne plaît pas à tout le monde. Les derniers agissements du Chef de la Délégation de l’Union Européenne traduit cet état de fait. Cependant, il est clair que les acteurs humanitaires doivent aussi se rendre compte que le contexte du pays a changé et qu’un organisme ne peut venir chez nous et nous imposer sa manière de faire. C’est du reste pourquoi le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie a décidé de gérer avec des fonds propres de l’Etat nigérien et la solidarité nationale les conséquences des graves inondations qui ont affecté les populations.
Cette dynamique vise à combattre l’esprit d’éternel assisté développé chez les populations à la suite de nombreuses années d’assistanat. En cela, le CNSP encourage et prône l’effort national pour prendre en charge tous les défis qui se posent à notre pays. L’aide ne saurait dès lors nous être opposée comme un moyen de chantage pour faire changer de cap.
Du reste, les nombreuses années d’assistanat qu’a vécues le Niger ont révélé l’existence d’un véritable business autour des interventions de certaines ONG et organismes, sans compter les missions obscures que jouent certains acteurs. Dans cette optique, la frontière entre bénévolat et business est difficilement perceptible pour certains acteurs du secteur.
Siradji Sanda (ONEP)