Entre 2020 et 2021, la quantité d’engrais importée au Niger a été multipliée par trois, passant de 31.000 tonnes à 90.000 tonnes, cela en dépit de la hausse des prix de cet intrant indispensable pour toute agriculture qui aspire à nourrir un pays. Pendant la même période, le pays a importé 526.000tonnes de riz pour un coût de plus de 150 milliards de FCFA. Si on ajoute à cela d’autres produits transformés massivement importés comme le concentré de tomate, on se rend compte de la fuite massive de capitaux occasionnée alors que le pays dispose de la matière première, de la main-d’œuvre et même des ressources financières nécessaire pour investir dans l’industrialisation.
Le problème est dans les mentalités. Beaucoup de nos opérateurs économiques sont adeptes de la thésaurisation, ne veulent prendre aucun risque d’investir dans l’industrialisation. Cela malgré les mesures incitatives adoptées au cours de ces dernières années pour améliorer le climat des affaires avec notamment des avances certaines à travers le code des investissements.
Ils préfèrent rester dans leur zone de confort de commerçants éternels importateurs à brasser des milliards qui dorment dans des comptes en banque ou même souvent dans des coffres forts au fond de leurs chambres. Pourtant, de multiples preuves sont chaque jour administrées qu’il est possible et même facile d’investir et de s’en sortir facilement au Niger. Les cas les plus illustratifs sont notamment le secteur du transport voyageurs, où le Niger est devenu leader en Afrique de l’Ouest ; les industries alimentaires comme celles de production de boissons gazeuses et d’eau minérale, l’hôtellerie, etc. Des opportunités que saisissent des investisseurs étrangers. Ce qui, en soit, n’est pas mauvais. Mais, il aurait été plus bénéfique au pays si les nationaux y investissent massivement aussi.
Et, avec les grands et ambitieux programmes du gouvernement en matière de création des pôles agro-industriels, il est plus que jamais temps pour les opérateurs économiques nigériens de saisir cette opportunité, de sortir de leur confort pour oser. Sinon, ce sont des opportunités incommensurables qui leur fileront entre les doigts. Et ils se réduiront toujours à importer des chips et du concentré de tomate alors qu’une grande partie de la pomme de terre produite par les maraichers d’Agadez et de Bonkoukou et la tomate produite par les paysans de Doguéraoua est en grande partie perdue par manque d’unités de transformation.
Cette prise de conscience concerne aussi les élites politiques et autres hauts commis, qui peuvent apporter leurs contributions en investissant dans l’agriculture et l’élevage et contribuer ainsi à la modernisation de ces secteurs, mamelles de l’économie nigérienne.
Siradji Sanda (ONEP)