Chaque innovation suscite des résistances souvent justifiées, parfois décalées pour ne pas dire incongrues. Il en est de la facture certifiée. En effet, depuis son institution, des acteurs montent au créneau pour débiter des arguments peu convaincants contre cette mesure qui, au fond n’est qu’une question de justice fiscale. En effet, la facture certifiée ne vise ni plus ni moins qu’à demander à des acteurs économiques qui, pendant des décennies ont encaissé de l’argent sous forme de TVA qu’ils auraient dû reverser au Trésor public, mais qui ne l’ont jamais fait.
Dans cette catégorie d’acteurs économiques figurent de nombreux commerçants qui brassent chaque jour des dizaines de millions opérant dans le circuit informel qui, ne profite qu’à eux seuls. Pourtant ce sont ces mêmes acteurs qui n’hésitent pas à critiquer l’insuffisance ou l’inefficacité des services sociaux publics (éducation, santé, transports, éclairage public, service d’eau potable, etc.).
Ces frondeurs du civisme fiscal trouvent malheureusement des soutiens dans les rangs de certains acteurs qui sont sensés les rappeler à l’ordre et leur expliquer le bien-fondé du civisme fiscal. On y trouve dans ces soutiens, pêle-mêle, des acteurs politiques, la société civile, et même des fonctionnaires.
Or s’il y a des acteurs qui doivent sensibiliser les autres sur la nécessité de payer l’impôt, c’est bien les agents publics non pas parce qu’ils ont des salaires, mais parce qu’eux en paient régulièrement. Qu’il soit planton ou avocat, manœuvre ou infirmier, enseignant ou médecin, gendarme ou policier, militaire ou forestier, l’agent public paie à la source l’impôt qu’il doit à l’Etat. De même, les industriels, les professions libérales et tous ceux qui évoluent dans le formel le font. Pourquoi, il ne serait pas ainsi pour les autres contribuables ?
Au fond, c’est avec ces différents impôts collectés que l’Etat sera à mesure de satisfaire les multiples préoccupations des citoyens. C’est pourquoi, la migration des activités économiques vers le formel s’impose pour permettre à l’Etat, d’accroître la mobilisation des ressources internes afin d’augmenter ses capacités d’investissement et réduire la dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur. La facture certifiée est un début de cette marche vers le formel. Plus qu’une option, le civisme fiscal est une nécessité.
Siradji Sanda(onep)