Les lampions de la 11ème édition du festival de la musique moderne nigérienne, dénommé du Prix Dan Gourmou, se sont éteints à Tahoua. Au cours des quatre nuits de compétitions, la capitale de l’Ader a vibré aux rythmes servis par les artistes venus des différentes régions du pays.
Le Prix Dan Gourmou, faut-il le rappeler, est toute une institution, avec une histoire riche faite de moments de haute résonnance et de basse tonalité. Pour ceux qui s’en souviennent encore, le Prix Dan Gourmou, du nom de ce grand artiste de l’Ader, auteur de ‘’Mougoun magani’’, une chanson phare aux airs langoureux du violon, ayant marqué la génération ‘’années 80’’. Evénement musical très attendu par les mélomanes, parce que dédiée à la valorisation de la musique moderne nigérienne, le Prix Dan Gourmou était assurément le plus grand podium ouvert aux artistes nationaux pour faire valoir leurs talents.
La première édition, tenue en 1986 au CCOG de Niamey, a révélé au grand public les talents de l’orchestre ‘’Super Kassey’’ de Niamey, avec l’étoile montante de l’époque, le chanteur Moussa Poussy. Et depuis lors, ce festival musical a permis de chauffer les scènes au CCOG de Niamey et au niveau de nos différentes maisons de la culture. Retransmises en direct sur les antennes de la télévision nationale, les compétitions du Dan Gourmou tenaient en haleine presque tout le pays, avec des prestations de haute facture servies par les groupes musicaux.
Dans les tribunes bondées de public, ça bougeait trop, notamment avec le fameux Groupe choc qui veillait aux grains pour entretenir une ambiance plutôt bon-enfant. Composé des jeunes mélomanes s’étant imposés comme des censeurs incontournables, le groupe choc maniait la carotte et le bâton. Tantôt il soulevait des tonnerres d’ovations pour encourager les ‘’bons artistes’’, tantôt il lançait des cris et des coups de sifflet pour bouder ou tourner en dérision les auteurs des piètres prestations. Et tout cela faisait partie de la fête !
Et voilà comment, au fil des années, le Prix Dan Gourmou était devenu une véritable pépinière de jeunes talents de la musique moderne nigérienne. Aujourd’hui, le devoir de mémoire nous amène à rappeler certains grands noms (dont la plupart ne sont plus de ce monde) qui doivent leur consécration au festival musical du Prix Dan Gourmou, à savoir Moussa Poussy, Saadou Bori, Fati Mariko, Jhon Sofakoley, Adams Junior, Sani Aboussa de Super Haské, le soliste Moussa Toukkou, King Noma, etc.
La reprise, quoique quelque peu timide, de cette manifestation musicale, après une longue léthargie, témoigne d’une volonté des autorités de tutelle de renouer avec la promotion de la musique nigérienne. Pour le bonheur de nos jeunes artistes et des mélomanes, le Prix Dan Gourmou mérite d’être revivifié pour renouer avec sa splendeur d’antan. Cela pourrait éviter à notre jeunesse de se contenter de tous ces sons excentriques et importés !
Assane Soumana(onep)