Les deux défaites concédées par le Mena national face aux Fennecs d’Algérie, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2022, continuent de dominer le débat dans les fadas et les cercles des supporters du Mena, sur fond de grincements de dents et d’écœurement. Tout semble dire que les Nigériens, sans doute jaloux de l’honneur et de l’image du pays, n’arrivent plus à ingurgiter l’amère ‘’pilule’’ d’une défaite vexante.
Pour les plus anciens, cette situation a immanquablement réveillé les vieux souvenirs des confrontations ayant opposé le Mena aux Fennecs, en 1981 où, au match aller joué à Constantine, Lakhdar Belloumi et ses co-équipiers s’étaient imposés face à Diagoundi et ses camarades au score de 4-0. A l’époque, cette défaite du Mena avait été ressentie comme une atteinte à la dignité du Niger. Aussi, dans un sursaut de patriotisme béat, le peuple nigérien s’est levé en bloc derrière le Mena pour attendre les Fennecs au match retour, sur les installations de l’actuel Stade municipal de Niamey. Les plus hautes autorités du pays étaient à la manœuvre pour mobiliser le public et pousser le Mena à la victoire. Dans la foulée, le slogan phare ‘’Impossible n’est pas Nigérien’’ a été lancé.
Les anciens se rappellent encore des péripéties qui avaient entouré ce match historique joué à Niamey, le 1er mai 1981. Ce jour-là, tout Niamey était sur pied, tandis que des délégations avaient afflué de tous les coins du Niger profond. Et, avant midi déjà, le stade de Niamey bourdonnait dans tous ses compartiments, allant jusqu’à refouler du monde. Ceux qui n’avaient pas pu effectuer le déplacement s’étaient agglutinés autour des postes radio pour suivre la retransmission en direct du match.
Et le résultat, on l’a vu : ce match-là, les Diagoundi, Mamane Ali dit Atcha, Maikano, Lawan Didi, Tahirou Daouda, Navajo, Adamou Zibo, Pélé, Adjovi Bernard et tous les autres, l’avaient joué, plutôt avec le cœur qu’avec les pieds ; et ils l’avaient gagné, donnant ainsi une immense fierté au peuple nigérien. Comme le chantait Feu Mamane Garba, dans l’épopée qu’il a dédiée à ce match, le virevoltant attaquant algérien, Lakhdar Belloumi, et ses amis n’avaient rien compris de ce match. Diagoundi et les siens avaient remporté la partie au score de 1-0, prouvant ainsi que ‘’Impossible n’est pas Nigérien’’. Tout comme l’ont fait, dans d’autres disciplines sportives, des grandes gloires comme Abdou Djibo (véritable légende du cyclisme nigérien) et des grosses pointures de l’athlétisme tels que Seydou Hangadoubo, Inni Aboubacar, Ramatoulaye Moumouni, etc.
Et la leçon qu’il faut retenir de ces épopées grandioses de nos joueurs et athlètes de l’époque, c’est de dire que le secret de la victoire réside dans l’amour de la patrie, une passion doublée du don de soi, une combativité à la limite de la rage de vaincre, le tout avec pour seule motivation : celle d’honorer l’image de son pays ! «Pour réaliser de grands succès dans le sport, il faut d’abord avoir l’amour de son pays, il faut être jaloux de l’image de son pays et tacher de l’honorer, avec la rage de vaincre au cœur», disait le Champion Abdou Djibo, dans une interview qu’il a accordée dans le Sahel Dimanche du 18 Août 2017. Tout est dit, et c’est là un message fort à l’adresse de nos jeunes sportifs engagés dans les compétions internationales, pour nous prouver à leur tour qu’impossible n’est vraiment pas nigérien.
Assane Soumana(onep)