Chahut sur fond de grincements de dents sur les places des marchés. Les clients n’en peuvent plus de voir les prix de presque toutes les denrées s’emballer, brusquement et en roues libres, sans aucune amorce de freinage. Dire que nous n’en sommes même pas encore au seuil du ’’grand tournant’’ du mois béni du Ramadan où les commerçants sont déjà en embuscade pour attendre la clientèle, avec la ferme détermination de dresser la barre des prix au plus haut niveau.
Comme on le sait, aussi curieux que cela puisse paraître, le Ramadan rime généralement avec surenchère et flambée des prix des produits de première nécessité. Aussi, comme dirait l’autre, ‘’on n’a encore rien vu !’’. Car, au rythme où vont les choses, il est facile de deviner qu’avec la montée de la demande des denrées de grande consommation sur les marchés tout au long du mois de Ramadan, les prix de ces produits sont bien partis pour atteindre le bout du plafond, et tout le marché s’affolera.
Surtout que ce ne sont pas aujourd’hui les prétextes qui manquent. D’abord il y a le contexte actuel dominé par les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine se traduisant par un dérèglement total du marché mondial avec une tendance à la hausse des prix mondiaux, déjà très élevés, des produits agricoles. En plus du risque de pénurie, sinon de la flambée des prix du blé et des autres céréales, placés en plein cœur de cette géopolitique perturbée, les coûts des huiles végétales et des produits laitiers, déjà en forte augmentation, finiront par exploser. Et par effet d’entrainement, ceux de tous les autres produits exploseront à leur tour.
Et l’occasion faisant le larron, nos spéculateurs invétérés, passés maîtres dans l’art d’exploiter le prétexte d’une moindre situation de crise, se tournent déjà les pouces. Pour justifier leur boulimie du profit, des commerçants tenant boutique au marché de Katako vous invoqueront sans gêne les répercussions de la guerre en Ukraine pour justifier la hausse des prix du manioc et autres légumes en provenance des périmètres maraichers de Balleyara. De même, ne soyez pas surpris d’assister à une nette envolée des prix des produits locaux, dont les condiments (sésame, soumbala, tiguadégué, huile d’arachide, piment etc.), les légumes et les fruits, et même le fameux ‘’copto’’ à base de feuilles de moringa, tous très prisés par les jeûneurs. Et on vous dira, encore et toujours, que c’est à cause de la guerre en Ukraine !…
Le contexte, en tout cas, est favorable à toutes les dérives haussières. A moins que les autorités compétentes en la matière et les associations intervenant dans le domaine de la défense des droits des consommateurs ne prennent l’initiative d’anticiper pour se faire entendre, de vives et retentissantes voix, on va droit dans le mur…. de la surenchère !
Assane Soumana(onep)