Chaque jour, les média audiovisuels nigériens nous bombardent de publicités de toute sorte sur des produits tout aussi variés, en grande partie importés. Des bouillons de cuisine (communément appelés arômes) au riz en passant par le lait, la mayonnaise, le thé, les jus, les pâtes alimentaires, etc. Certains ‘’grands opérateurs’’ économiques vont jusqu’au Vietnam, au Cambdoge et que sais-je encore pour commander des produits importés estampillés du nom de leurs boutiques (que certains publicitaires appellent pompeusement entreprises ou ‘’kampani’’).
Si le climat ne s’y prête pas pour la production de certains produits importés à coups de milliards de FCFA chaque année, cela n’est pas le cas pour le riz. Sur ce plan, l’aberration est tout simplement flagrante pour notre pays : Tenez bien. Le Niger a importé 526.000 tonnes de riz, pour un coût global de plus de 150 milliards de FCFA (256,34 millions de dollars) en 2019. Or, le pays a un potentiel en terres irrigables estimé à 10.942.560 ha (Ministère de l’Agriculture, novembre 2021).
Cette situation doit nous interpeller tous. Au-delà de l’Etat, les opérateurs économiques aussi. En continuant à importer massivement des produits alimentaires, nous contribuons à maintenir le pays dans le statut ‘’d’éternel consommateur’’. L’import-export ne peut pas solutionner le problème de sécurité alimentaire et d’emploi auquel le pays est régulièrement, pour ne pas dire constamment, confronté.
Par contre l’investissement dans l’agriculture contribuera à la création de chaines de valeurs profitables à une multitude d’acteurs : main-d’œuvre qualifiée, ouvriers agricoles, transformateurs et industriels en agro-alimentaire, acteurs de la commercialisation, de l’énergie, etc. Cela est d’autant plus vrai, quand on sait que l’agriculture occupe au moins 77% des ménages dont 96 d’entre eux vivent en zones rurales.
La volonté de changer cette situation existe au niveau de l’Etat. En effet, le gouvernement ambitionne, dans le cadre de la mise en œuvre des programmes de l’Initiative 3N, de mettre fin à l’importation massive du riz à l’horizon 2023. L’atteinte de cet objectif nécessitera l’aménagement de 50.000 hectares de terres en 2023 pour produire 500 à 600 milles tonnes de riz par an.
Mais il faut se convaincre que la volonté, à elle seule, ne suffira pas. L’Etat aura besoin de l’accompagnement du secteur privé nigérien. S’il en a été possible dans des secteurs comme les transports, pourquoi il n’en serait pas autant pour l’agriculture tout aussi, sinon plus vitale que les transports.
Siradji Sanda(onep)