Le pèlerinage à la Mecque est certes un acte hautement religieux pour tout musulman. Au Niger où la population est à plus de 99% musulmane, l’organisation de ce rite revêt un caractère particulier notamment pour les pouvoirs publics. Cependant, cette activité n’en demeure pas moins une affaire commerciale, un véritable business où prospèrent de nombreux acteurs, malheureusement au détriment souvent des pèlerins qui injectent parfois toutes leurs économies pour se rendre en Terre Sainte d’Arabie.
Par le passé, les conditions de transport, d’hébergement et d’encadrement avaient fait couler beaucoup d’encre et de salive où les différents acteurs s’accusaient mutuellement et se rejetaient la responsabilité de tel ou tel manquement. Des manquements qui se résument au retard dans l’acheminement des pèlerins en Arabie Saoudite et leur rapatriement au pays après le Hadj, un encadrement souvent défaillant en terre sainte, des conditions de séjour difficiles, etc. A la fin, ce sont toujours les pèlerins qui en sortaient perdants mais aussi les pouvoirs publics qui se voient obligés d’intervenir pour sauver ce qui peut l’être.
Avec le contexte international actuel marqué notamment par l’avènement du Covid et la réduction des quotas lors du hadj précédent, de nombreux pèlerins qui se sont pourtant acquittés de leurs frais, n’ont pas pu effectuer ce rite.
De tous ces impairs, le gouvernement n’en veut plus et il a tenu à le notifier aux différents acteurs. C’est le sens du Forum national sur l’organisation du Hadj et de la Oumra organisé par le cabinet du Premier ministre du 30 au 31 janvier dernier à Niamey. A cette occasion, le Chef du gouvernement a, sans ambages, annoncé les attentes du gouvernement. Ce forum n’est pas ‘’une foire d’empoignes pour défendre des intérêts corporatistes’’. Il s’agit plutôt d’une occasion de ‘’diagnostiquer sans complaisance les causes des manquements pour proposer des solutions adéquates’’.
Et notre pays y a intérêt au regard du quota à lui accordé cette année par l’Arabie Saoudite, soit 15.891 pèlerins contre un peu plus de 7.000 le hadj précédent. A travers ce forum, le gouvernement a tenu, très tôt, à prévenir et à mettre les différents acteurs devant leurs responsabilités, y compris l’organisme public en charge de l’organisation de ce rite (le COHO).
Aussi, si le Hadj est un rite, il l’est plus pour les pèlerins. Son organisation est avant tout un business pour les autres acteurs comme les agences de pèlerinage, les compagnies aériennes, etc. A ce titre, ils ont l’obligation de respecter leur part d’engagements vis-à-vis des pèlerins et leur fournir des services aux standards internationaux.
Siradji Sanda(onep)