Menace de fermeture de mines, pression politique, guerre psychologique contre le Niger, la multinationale française du nucléaire Orano souffle, à la fois, le chaud et le froid pour obliger les autorités nigériennes à lui ouvrir le corridor béninois pour exporter son Yellow cake.
La toute puissante Orano, qui faisait et défaisait les régimes au Niger et manipulait à sa guise les dirigeants tel un marionnettiste, se retrouve aujourd’hui à pleurnicher et à vouloir recourir aux instances internationales.
Pourtant, aux premiers mois qui ont suivi les événements du 26 juillet 2023, certains ‘’experts de salon’’ ont minimisé l’apport de la production nigérienne dans la satisfaction de la demande d’Orano en Yellow cake. Du reste, à un certain moment, des officiels nigériens ont épousé ce narratif mensonger allant jusqu’à vouloir expliquer aux Nigériens que ‘’la France achète l’uranium nigérien par charité’’.
Cette opinion annonçait aussi que Orano va se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement comme le Kazakhstan, l’Ouzbékistan ou le Canada. Sauf que ces propagandistes d’Orano ont oublié (peut-être sciemment) un détail : leur sponsor ne peut jamais avoir le Yellow cake canadien, kazakh ou ouzbèk au même prix que l’uranium nigérien. En effet, alors qu’au moyen d’un mécanisme ‘‘léonin’’, Orano se procure l’uranium nigérien à quelques dizaines de milliers de FCFA, celui du Canada, de l’Ouzbékistan ou du Kazakhstan lui reviendrait à des centaines d’Euro.
En fait, pendant plus d’un demi-siècle, la France s’offrait l’uranium nigérien, au franc symbolique, est-on tenté de dire. COGEMA, puis AREVA et actuellement ORANO n’investissaient que dans les équipements de production et le salaire des travailleurs. C’est un système de pillage systématique qui ne profitait qu’à la France et aux dirigeants locaux qui se comportent comme des ‘’contres-maîtres’’ miniers.
Alors, l’exploitation de cette ressource stratégique a fait la renommée de l’industrie nucléaire française, les populations nigériennes des zones d’exploitation n’ont même pas un accès suffisant à l’eau potable, à l’électricité et à d’autres services sociaux de base.
Mais, comme le dit si bien l’adage, ‘’le mensonge a beau courir, la vérité finit toujours par le rattraper’’. Et c’est cette conception mensongère d’une Orano ‘’bienveillante’’ et charitable qui achète le Yellow cake nigérien ‘’par pitié’’ qui est battue en brèche. En effet, dès juillet 2024, le géant français du nucléaire a annoncé publiquement un déficit de l’ordre de 133 millions d’euro. Ce qui a obligé l’Etat français à renflouer le capital de ladite société avec 300 millions d’euro portant ainsi la part de l’Etat français à hauteur de 90,33 %.
Parallèlement à cette situation du groupe Orano, les Nigériens vivent depuis plus d’un an sans les ressources de leur uranium et ce malgré les sanctions inédites, inhumaines et illégales infligées au Niger. Ceci rappelle les propos anecdotiques mais tout aussi réalistes d’un élu local à Agadez qui soutenait que les producteurs agricoles de la région rapportent plus à l’économie régionale et même nationale que ne rapporte la fameuse exploitation d’uranium.
La nouvelle dynamique au Niger avec notamment la révision du Code minier, l’institution du Contenu local, la révision de certains contrats et le retrait pur et simple d’autres, change complètement la donne et oblige Orano (l’Etat français) à jouer franc jeu. C’est cette nouvelle donne que la France a du mal à intégrer dans son logiciel des relations économiques avec ses anciennes colonies. Elle préfère agiter la menace unilatérale de l’arrêt des mines de la SOMAÏR alors que l’Etat du Niger est actionnaire dans ladite société à travers la SOPAMINE. Un baroud d’honneur !
Siradji Sanda (ONEP)