A quelques jours du début du mois de Ramadan, les Nigériens ont l’esprit tourné vers les conditions dans lesquelles ils vont passer cette période de dévotion à Dieu. Cependant, bien que majoritairement musulmans, les Nigériens ne font pas les mêmes calculs et les mêmes projections sur cette période bénite.
En effet, au moment où les chefs de ménages, déjà éprouvés par le coût élevé de la vie pensent à assurer l’essentiel pour leurs familles, d’autres acteurs sont préoccupés à faire le maximum de profits, surfant sur la forte demande en cette période de grande consommation.
Certains commerçant, mettant de côté les prescriptions de la même religion qu’ils partagent et pratiquent avec les consommateurs, n’hésitent à faire de l’hyper spéculation sur les prix des produits alimentaires. Cette année, il faut surtout s’attendre à une flambée des prix sur certains produits comme les fruits et légumes bien que ceux-ci soient disponibles sur les marchés.
L’amer avant-goût de cette implacable évidence nous a été administré, au moment des sanctions injustement infligées à notre pays. Le prix de certains fruits importés comme la banane est passé presque du simple au double soit de 700 F à 1250 F. Et connaissant l’état d’esprit de nos commerçants, ils ne voudront pas revenir aux prix initiaux même si la situation se normalise.
Nous avons vécu déjà ce genre d’expérience avec d’autres produits comme le lait, le sucre ou les farines alimentaires dont les prix fluctuent sur le marché international induisant souvent des hausses au niveau national. Sauf que pour les commerçants nigériens, jamais les prix de ces produits ne baissent même s’ils chutent sur le marché mondial.
Il était aussi fréquent que l’Etat concède des abattements fiscaux au profit des commerçants sur certaines denrées en vue de maintenir un niveau de prix accessible aux consommateurs. Mais au lieu de répercuter ces détaxations sur les prix réels certains opérateurs économiques profitent de l’occasion pour remplir leurs entrepôts et attendent la fin de la période de grâce pour sortir les produits et les vendre chers.
Même s’il faut reconnaître des circonstances atténuantes pour quelques rares grossistes aux gros cœurs, il faut se rendre à l’évidence que la grande majorité de nos commerçants s’adonnent à la spéculation sur les prix en cette période. Mais les pires de ces spéculateurs se recrutent aussi et surtout dans les rangs des détaillants et autres demi grossistes qui s’accordent presque sur un prix unique, sans compter souvent la question des instruments de mesures (balances). Mais comme dira l’autre, Dieu saura reconnaître les siens. Excellent Ramadan à tous.
Siradji Sanda (ONEP)