La fin d’année 2024 nous a offert un spectacle pour le moins insolite avec notamment le départ volontaire des troupes françaises de certains pays de la sous région. Un spectacle qui tranche d’avec celui auquel nous avons assisté lorsque les mêmes troupes ont été priées de faire leurs valises et de quitter le Niger. Que s’est-il passé entre temps pour que survienne un tel changement tous azimuts d’attitude?
Pourtant, après avoir été chassées du Sahel; les forces françaises ont jeté leurs ancres dans certains pays de la sous région, où la France croyait encore avoir un grain de crédibilité et un minimum de sympathie. Ce son notamment le Bénin, la Côte d’ivoire, le Tchad et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, le Nigeria. Si les trois premiers pays sont des anciennes colonies françaises, le Nigeria est Anglophone et a une toute autre histoire dans laquelle la France a joué un rôle trouble notamment lors de la guerre du Biafra où la France a soutenu les forces sécessionnistes.
Mais comme à son habitude, en choisissant de transférer une partie de ses forces chassées du Sahel, le pays de Macron a des arguments pour faire pression sur les Chefs d’Etat. En Côte d’Ivoire et au Bénin, on a affaire à des Chefs d’Etat en fin de mandat et qui constitutionnellement ne peuvent pas se représenter (4ème mandat pour Ouattara et 3ème pour Talon), alors que Tinubu est au plus bas dans les sondages pour espérer un second mandat. Les mesures impopulaires, la vie chère, la corruption, l’insécurité généralisée dans le nord de son pays et la gestion chaotique des relations avec le Niger ont discrédité Tinubu aux yeux de la majorité de ses concitoyens.
C’est dire qu’en redéployant ses forces dans ces pays, la France n’a pas suffisamment tenu compte des opinions publiques et des populations desdits pays, qui sont en total déphasage avec leurs dirigeants sur la question. La communication faite par les pays de la Confédération des Etats du Sahel avec des preuves à l’appui a plus de répondant auprès des populations que les fuites en avant de quelques dirigeants encore prisonniers de la logique françafrique.
Insister à rester dans ces pays risquerait de radicaliser les populations dans leur désir de voir la France laisser leurs pays se développer. Il est à noter que, déjà un des zélateurs francophile, le président Nana Akufo Ado a été balayé par le peuple ghanéen aux dernières élections. D’où le choix de partir pour non seulement éviter de se faire chasser par la force sous la pres-sion des populations comme ce fut le cas dans les pays de l’AES, et sauver la face, mais aussi dans l’espoir de maintenir le reliquat de Chef d’Etat adeptes de la Françafrique. On verra si ce vrai faux départ des troupes françaises suffira à sauver les soldats Ouattara, Talon et Tinubu.
L’autre spectacle de cette fin d’année, c’est la reconnaissance par le président Talon de l’existence de multiples bases opérationnelles le long de la frontière avec notre pays. Ce qui confirme les dires des dirigeants de l’AES sur la complicité du président Talon avec les français pour installer des cellules de destabilisation du Niger et plus globalement de la Confédération AES. C’est pourquoi, ce vrai faux départ des troupes françaises ne doit en aucun instant nous (au sein de l’espace AES) amener à baisser la vigilance. Les ennemis de l’AES ont suffisamment semé le germe du terrorisme et de la destabilisation dans notre espace. Mais, à la lumière de la dynamique actuelle en cours au sein de cet espace, nous pouvons fièrement faire nôtre cette assertion du president chinois Xi Jinping dans son message à l’occasion du nouvel An qui déclare: “Nous avons grandi à travers les tempêtes et nous sommes sortis plus forts des épreuves. Nous devons rester confiants’’. Nous devons faire face à l’adversité ambiante entretenue tout autour de nous par nos ennemis et leurs proxy, si nous voulons être un pays respecté, un grand peuple.
Siradji Sanda(onep)