Des scènes de vie portant la marque de l’insolite, vous-en avez déjà vu beaucoup en parcourant les rues de la capitale, sans peut-être prêter l’attention qu’il fallait pour satisfaire votre curiosité. Pourtant, c’est tout dont en raffolent les Niaméens. En effet, le plus banal accident de la circulation ou autre sinistre, une altercation entre deux gaillards, hey, même une simple dispute entre deux passants, attire son lot de curieux émerveillés. Et, en peu de temps qu’il n’en faut, les passants et les riverains accourent de tous les côtés, toutes affaires cessantes, pour dresser une haie humaine remuante tout autour de la scène. Pas plus tard que la semaine dernière, pareille scène s’est imposée à notre constat sur la route Niamey Nyala, après qu’un automobiliste ait renversé un pauvre motocycliste.
Comme une nuée d’abeilles, les riverains ne voulant pas se faire raconter l’histoire ont très vite accouru pour encercler le pauvre accidenté. Etalé au milieu de la foule dressée comme un mur compact, l’homme était visiblement au bord de l’asphyxie. Et vous devinez bien pourquoi… Il se trouve, en effet, qu’avec toutes ces larges narines déployées pour humer l’air, lui, le pauvre supplicié gisant au sol n’en pouvait aspirer que très peu d’oxygène. Mais ces curieux, eux, n’en ont cure de cette mesure élémentaire du secourisme qui conseille de dégager plus d’espace pour permettre à l’accidenté de mieux respirer.
Une scène de vie, cette fois-ci plus plaisante, mais assez révélatrice de l’ardeur du phénomène. C’était un samedi après-midi, sur le terre-plein du boulevard Tanimoune appelé aussi ‘’Les Cent mètres’’. Notre attention fut captivée par l’enthousiasme d’une foule d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards, qui se bousculent autour d’une scène. Un coup d’œil furtif au milieu du cercle, et voilà l’objet de la curiosité débordante : un charmeur de serpents avec au poing un cobra noir qu’il brandit au milieu de la foule ! Le cobra cracheur, visiblement en furie, est bien à point pour propulser son venin !…Mais, les spectateurs n’y prennent aucune garde. Une confiance inspirée par la jactance de la vedette du jour qui, comme tout bon charlatan, sait se faire respecter. Ainsi, il débite pompeusement des formules magiques, puis propose à la foule une poudre qu’il sortit de sa besace en promettant, au nom de Dieu, que tout celui qui l’aura consommée deviendra invulnérable aux morsures d’un serpent…
Des scènes de vie courantes dans les rues de la capitale, et qui nous édifient sur le fait que la curiosité est une des ‘’denrées’’ les plus vendables à Niamey.
Assane Soumana(onep)