Les événements politiques qui ont eu lieu dans les pays en voie de développement (processus électoraux, crises sociales, catastrophes naturelles, coups d’Etat, etc.) remettent à l’ordre du jour, la problématique de l’aide publique au développement (APD pour les initiés) tant chantée par nos partenaires, son efficacité et surtout ses enjeux.
L’APD est définie comme étant ‘’l’ensemble des aides financières prévues au budget de l’Etat et transférées aux pays en développement’’ pour soit disant ‘’améliorer les conditions de vie des populations’’. Ça, c’est ce que disent les livres. Mais à l’expérience des faits, l’APD est loin de réaliser les objectifs ambitieux qu’on lui a assignés.
Concrètement, elle profite plus aux élites politiques et intellectuelles des pays bénéficiaires, mais aussi à la cohorte d’‘’experts et autres coopérants’’ qui suivent, comme des mouches, ces fameuses aides. Moyen de chantage contre nos Etats et nos dirigeants ; source de corruption et d’enrichissement illicite, l’APD déresponsabilise l’Etat et les pouvoirs publics en général. Elle empêche ceux qui sont bénéficiaires de réfléchir et trouver, par eux-mêmes, les voies et moyens de se sortir de la pauvreté et du sous-développement. L’aide rend juste paresseux !
Du reste, l’inefficacité de l’APD a été établie par diverses études et forum à l’image de la Déclaration de Paris sur l’inefficacité de l’Aide au développement (2005). Mieux, pour le chercheur américain William Easterly, professeur à l’université de New York et ancien collaborateur de la Banque Mondiale, la plus grande partie des aides apportées depuis 50 ans ont été inefficaces.
Un constat qui peut être largement corroboré par la situation de nos pays qui, depuis plus de 60 ans, reçoivent ces fameuses aides au développement sans pour autant arriver à relever significativement le défi de l’extrême pauvreté, de l’accès aux services sociaux de base. Ceci s’explique aussi par le fait que l’APD est assortie d’un certain nombre de conditionnalités souvent aux antipodes de nos valeurs sociales et même des priorités des gouvernements. Elles s’inscrivent, le plus souvent, dans le cadre des agendas pas toujours élucidés des fameux donateurs. Et c’est la raison pour laquelle, d’aucuns assimilent l’APD à une nouvelle forme de colonisation.
C’est pourquoi, il nous incombe, en ce moment crucial pour l’avenir de notre nation, de réfléchir sur les voies et moyens de sortir du carcan de l’aide pour aller vers le partenariat gagnant-gagnant et les investissements économiques, productifs. Cela est d’autant plus légitime que notre pays a du potentiel. Outre le secteur minier et pétrolier, il existe d’autres secteurs presque vierges où des opportunités réelles existent. C’est le cas, par exemple, du transport public urbain, de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et de l’élevage, de l’énergie, du logement, etc., le tout en lien avec notre croissance démographique, dynamique.
En somme, il est clair que le Niger d’aujourd’hui et de demain a beaucoup plus besoin d’investisseurs que de mécènes.
Siradji Sanda (ONEP)