Les fortes pluies enregistrées cette année dans notre pays, en plus des dégâts matériels qu’elles ont provoqués sur les infrastructures, les habitations mais aussi les pertes en vies humaines, risquent de compromettre une grande partie de la production agricole. En effet, des champs de cultures et des rizières ont été submergés dans certaines zones ; des pluies de grêles et des vents forts ont détruit les cultures en stade de croissance avancé dans d’autres zones.
C’est dire que, contrairement à ce qui est traditionnellement admis au Sahel, cette abondance de pluies risque d’être la source d’un déficit de production agricole et donc de difficultés alimentaires, si l’on ne prend garde et si l’on n’exploite pas judicieusement cette situation.
D’où la nécessité pour les pouvoirs publics de s’y prendre à temps pour préparer conséquemment la campagne d’irrigation. A ce titre des investissements massifs dans l’acquisition des intrants (semences, engrais, matériel agricole) et leur mise à la disposition des producteurs doivent être une priorité. Il est à souligner que des efforts sont déjà engagés pour l’aménagement des grands périmètres à travers l’ONAHA. Mais l’Etat doit aussi songer aux petits périmètres y compris la réhabilitation de certains sites abandonnés à l’image de celui du Goulbi Kaba dans le département de Gazaoua, où le régime CMS du Général Seini Kountché avait foncé d’innombrables puits maraîchers pour l’essentiel abandonnés.
Si les conséquences des inondations sur les résultats de la campagne agricole en cours s’avèrent pesantes, il est plus que nécessaire que les appuis à la production soient privilégiés par rapport aux opérations de distribution de vivres. Celles-là ne sauraient constituer une voie de sortie durable de l’insécurité alimentaire. Car, l’aide pour se nourrir y compris de celle de l’Etat, ne saurait être une option pour vivre et espérer se développer. C’est pourquoi, chaque Nigérien doit se (re)mettre au travail productif.
L’aide doit se limiter à la gestion des situations de crises et de catastrophe et non un moyen permanent de survie. Dans l’immédiat, l’Etat doit appuyer la population pour produire ce qu’elle va consommer. Mais la prochaine étape doit nous amener à une véritable maîtrise de l’eau pour la production.
En effet, les quantités inimaginables de pluies tombées cette année auraient dû constituer un stock inépuisable pour la production si nous disposions suffisamment de retenues d’eau.
Malheureusement, nous n’avons fait que récolter les dégâts. Et les eaux continuent leur chemin pour remplir les réservoirs naturels et s’évaporer quelques mois après.
C’est pourquoi, il faut dépasser l’étape des projets sur papiers qui, ne se concrétisent pas et la communication tapageuse sans résultats concrets ou du moins avec des résultats mitigés, largement en dessous des annonces, devenus ces dernières décennies, l’exercice favori des dirigeants.
Siradji Sanda (ONEP)