Le gouvernement a lancé le 20 mars 2024, le Programme de Grande Irrigation (PGI). Pour la phase 2024-2027, c’est environ 40 000 hectares de terres irrigables qui seront aménagés. Ils sont repartis sur 77 sites déjà identifiés à travers tout le Niger. Rien que pour l’année 2024, le gouvernement prévoit d’injecter 40 milliards de FCFA sur fonds propres de l’Etat du Niger.
C’est dire que l’Etat a décidé de prendre le taureau par les cornes et le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie a la claire conscience que la souveraineté alimentaire est un élément fondamental de la souveraineté politique et stratégique.
En effet, toutes les grandes puissances de ce monde sont d’abord des gros producteurs agricoles à l’image des États Unis avec le maïs et le sorgho, la Russie avec son blé, l’Inde avec le riz, ainsi que le Brésil, la Chine et tant d’autres pays d’Asie. Tous ces pays ont développé l’agriculture pour d’abord nourrir leurs populations et sont par la suite devenus de gros exportateurs.
C’est une évidence aujourd’hui et elle le sera demain : un pays qui n’arrive pas à nourrir sa population s’exposera toujours aux chantages et autres intimidations des imposteurs et prophètes de la démocratie qui utilisent cet argument pour lui imposer leurs visions de choses et protéger ainsi leurs intérêts.
C’est pourquoi, le combat pour notre souveraineté doit aussi passer par un retour à la terre et au travail. Le Niger dispose d’immenses terres irrigables : dans les dallols, les maggias, le bassin du Lac Tchad, celui du Fleuve Niger, ou du Goulbi. De même, il dispose des ressources en eau de surface et celles souterraines. Il a enfin de la main-d’œuvre avec l’une des populations les plus jeunes du monde.
Ce qui reste, c’est juste la volonté des citoyens : autorités politiques, responsables administratifs, opérateurs économiques et cadres de l’agriculture, etc. Il faut pour ainsi cesser de croire que les marchés publics et l’import-export sont les seules voies pour s’enrichir. L’agriculture l’est plus parce qu’elle enrichit non seulement celui qui produit, mais aussi les autres dans la chaîne comme les transformateurs, les commerçants et jusqu’à l’Etat. Elle permet surtout de préserver la dignité d’un peuple.
Les statistiques sur les importations de riz au Niger sont là pour nous édifier tous. En effet, en 2021 le Niger a importé 825 000 tonnes de riz pour un montant de 259,6 milliards de FCFA. Si on ajoute les autres céréales de base comme le mil, le maïs, le sorgho et le blé, la facture sera encore plus salée pour le pays. C’est une véritable fuite de capitaux. Et les besoins en denrées alimentaires ne font que suivre le rythme de croissance de la population.
C’est en somme, un cercle vicieux. Pour en sortir, il faut de la détermination. Le lancement du PGI est en quelque sorte un appel à tous pour s’investir et investir dans l’agriculture. Car comme le dit un adage ‘’la terre ne ment pas’’ et comme le dit si fréquemment le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, le colonel Mahaman Elhadj Ousman, « la souveraineté alimentaire ne doit pas se limiter à de simples incantations, ni des slogans, mais doit être une véritable prise de conscience à tous les niveaux, un appel à agir ». Alors, tous à l’irrigation !
Siradji Sanda (ONEP)