
Alors que la saison des pluies se poursuit et que les fortes précipitations continuent encore à arroser notre pays et au regard des graves inondations enregistrées cette année, il est temps de réfléchir sur les leçons à tirer de cette situation. Cela est d’autant plus pertinent que les changements climatiques qui sont à la base de ces catastrophes sont, pour les experts, une réalité évidente. Et, c’est à nous de nous y adapter au risque de subir continuellement les effets néfastes de ces variabilités climatiques.
Pour ce faire, un certain nombre de leçons sont à retenir au sortir de cette saison particulièrement pluvieuse tant en régularité qu’en abondance des pluies.
Premièrement, il s’agit surtout de s’abstenir de construire et d’occuper des sites inondables, fussent-il des bras morts d’un cours d’eau ou même des plans d’eau disparus.
Deuxièmement, il est aussi question de remettre en cause nos pratiques et nos méthodes de construction. Cela passe par des études, des sondages du sol et le respect des recommandations des techniciens en BTP, des architectes, ingénieurs et autres experts mais aussi par l’utilisation des matériaux adaptés. En effet, avec les fortes pluies tombées cette année, des édifices y compris ceux construits en matériaux définitifs se sont effondrés comme des châteaux de cartes, traduisant ainsi l’inadéquation de nos méthodes de construction.
Troisièmement, il revient aussi et surtout à l’Etat, à travers ses services compétents d’imposer le respect de la réglementation en vigueur dans le domaine des lotissements et de la construction d’une part. D’autre, il s’agit également d’intervenir pour faire en sorte que les prix des matériaux de construction en particulier le ciment soient un peu plus accessibles. En effet, la présence au Niger de deux nouvelles cimenteries avec leurs produits sur le marché national, n’a jusqu’alors pas eu un impact significatif sur le prix du sac du ciment. Il est à espérer que la construction en cours de deux usines de fabrication de fer à béton ne débouchera pas sur le même désenchantement.
En définitive, l’Etat a intérêt à soutenir cette remise en cause des attitudes et comportements, puisqu’au bout du compte, tout retombe sur lui. Qu’il s’agisse de la prise en charge des centaines de milliers de sinistrés ou des impacts de cette situation sur d’autres secteurs comme l’éducation avec l’occupation des écoles qui servent de centres d’hébergement d’urgence, sans compter l’impact moral et l’image du pays avec ces milliers de familles dans le désarroi. A titre de rappel, au 13 septembre 2024 quelque 112. 452 ménages, soit 924 779 personnes ont été affectés par les inondations.
Enfin, il faut envisager comme alternative, le retour, ne serait-ce qu’à titre provisoire, de la bonne vieille hutte au toit de chaume du grand père, qui a traversé les époques et les intempéries et qui présente un certain niveau de sécurité en cas d’effondrement. C’est du reste pourquoi, les services compétents en matière de prévention ont, à un certain moment, recommandé aux ménages de disposer de ce genre d’abri. Comme quoi, certaines pratiques et connaissances ancestrales peuvent être d’un apport inestimable dans l’adaptation aux changements climatiques.
Siradji Sanda(onep)